En matière de haircut, il y a le côté visible et l’autre forme, beaucoup plus pernicieuse. Une façon camouflée de mettre la main sur le secteur bancaire.
Le haircut, ou ponction en français, est un concept récurrent sur la scène financière locale depuis le déclenchement de la crise et même avant. Le procédé vise à réduire la valeur réelle des actifs financiers que les gens détiennent, essentiellement comme dépôts bancaires. Une «solution», dit-on, présentée par ce qu’on appelle les «plans de redressement» pour contribuer à résorber les pertes et remettre sur pied les structures financières. Bien qu’aucune décision gouvernementale n’ait été finalisée jusqu’à maintenant, la ponction est bien devenue une réalité, mais de façon camouflée.
Les manifestations les plus visibles de la ponction sont venues à travers les circulaires 151, puis 158, qui offrent aux déposants une contre-valeur de leurs dollars égale à 3.900 LL d’abord, puis à 8.000 LL, ou encore à 12.000 LL. Soit une ponction, par rapport à la valeur réelle du dollar, allant de 50% à 70%.
Entretemps, ceux qui détiennent des comptes ou des actifs en LL sont encore plus lésés car ils subissent une hémorragie substantielle de leur pouvoir d’achat depuis l’envolée du dollar et l’inflation qui va avec.
Le troisième haircut, plus camouflé celui-là, et je dirais plus pernicieux, se produit à travers le phénomène de la vente de chèques. Le modus operandi est désormais connu: vous échangez votre dépôt bancaire en dollars contre du liquide avec une ponction pouvant aller jusqu’à 87%. En d’autres termes, contre 100.000 dollars de dépôt bancaire vous acceptez de recevoir 13.000 dollars en cash. Cette manipulation est utilisée d’abord par des débiteurs. Ils proposent à la banque d’éteindre leur emprunt en dollar en offrant 13% de la valeur de cette dette en liquide. La banque y perd bien sûr mais généralement, elle accepte cet échange pour alimenter ses caisses et répondre aux besoins des autres clients en dollars frais.
Cela reste quand même tolérable au regard de la crise, ce qui n’est pas le cas pour l’autre forme du commerce des chèques. Une forme autrement plus dangereuse. C’est que des parties organisées et occultes ont transformé ce procédé financier en un marché noir démesuré. Ces parties offrent donc aux déposants à cours de liquidité des dollars frais contre des dépôts bancaires, toujours suivant la même proportion, 13.000 dollars cash contre un chèque de 100.000 dollars, tiré sur le compte du client.
L’objectif camouflé de ces trafiquants de monnaie est de mettre la main sur le secteur bancaire. Comment? On sait qu’un procédé est proposé par les «plans de redressement», et sera probablement mis à exécution, consistant à transformer une partie des dépôts en actions bancaires (procédé dit bail in). Si ces parties occultes arrivent à détenir une proportion dominante ou significative des dépôts par le biais d'échanges chèques contre liquide, ils seront demain les actionnaires majoritaires ou dominants des banques, surtout que les plans de redressement prévoient l’élimination de toutes les actions détenues par les actuels actionnaires. Une transformation qui risque de modifier le visage économique du pays. Et, encore une fois, c’est l’économie noire qui va prévaloir, au détriment des banques et des gens honnêtes qui ont économisé les fruits du labeur de toute une vie.
(*) Fouad Zmokhol est le président du MIDEL (Mouvement international des chefs d’entreprises libanais) et doyen de la Faculté de gestion et de management de l’USJ.
Le haircut, ou ponction en français, est un concept récurrent sur la scène financière locale depuis le déclenchement de la crise et même avant. Le procédé vise à réduire la valeur réelle des actifs financiers que les gens détiennent, essentiellement comme dépôts bancaires. Une «solution», dit-on, présentée par ce qu’on appelle les «plans de redressement» pour contribuer à résorber les pertes et remettre sur pied les structures financières. Bien qu’aucune décision gouvernementale n’ait été finalisée jusqu’à maintenant, la ponction est bien devenue une réalité, mais de façon camouflée.
Les manifestations les plus visibles de la ponction sont venues à travers les circulaires 151, puis 158, qui offrent aux déposants une contre-valeur de leurs dollars égale à 3.900 LL d’abord, puis à 8.000 LL, ou encore à 12.000 LL. Soit une ponction, par rapport à la valeur réelle du dollar, allant de 50% à 70%.
Entretemps, ceux qui détiennent des comptes ou des actifs en LL sont encore plus lésés car ils subissent une hémorragie substantielle de leur pouvoir d’achat depuis l’envolée du dollar et l’inflation qui va avec.
Le troisième haircut, plus camouflé celui-là, et je dirais plus pernicieux, se produit à travers le phénomène de la vente de chèques. Le modus operandi est désormais connu: vous échangez votre dépôt bancaire en dollars contre du liquide avec une ponction pouvant aller jusqu’à 87%. En d’autres termes, contre 100.000 dollars de dépôt bancaire vous acceptez de recevoir 13.000 dollars en cash. Cette manipulation est utilisée d’abord par des débiteurs. Ils proposent à la banque d’éteindre leur emprunt en dollar en offrant 13% de la valeur de cette dette en liquide. La banque y perd bien sûr mais généralement, elle accepte cet échange pour alimenter ses caisses et répondre aux besoins des autres clients en dollars frais.
Cela reste quand même tolérable au regard de la crise, ce qui n’est pas le cas pour l’autre forme du commerce des chèques. Une forme autrement plus dangereuse. C’est que des parties organisées et occultes ont transformé ce procédé financier en un marché noir démesuré. Ces parties offrent donc aux déposants à cours de liquidité des dollars frais contre des dépôts bancaires, toujours suivant la même proportion, 13.000 dollars cash contre un chèque de 100.000 dollars, tiré sur le compte du client.
L’objectif camouflé de ces trafiquants de monnaie est de mettre la main sur le secteur bancaire. Comment? On sait qu’un procédé est proposé par les «plans de redressement», et sera probablement mis à exécution, consistant à transformer une partie des dépôts en actions bancaires (procédé dit bail in). Si ces parties occultes arrivent à détenir une proportion dominante ou significative des dépôts par le biais d'échanges chèques contre liquide, ils seront demain les actionnaires majoritaires ou dominants des banques, surtout que les plans de redressement prévoient l’élimination de toutes les actions détenues par les actuels actionnaires. Une transformation qui risque de modifier le visage économique du pays. Et, encore une fois, c’est l’économie noire qui va prévaloir, au détriment des banques et des gens honnêtes qui ont économisé les fruits du labeur de toute une vie.
(*) Fouad Zmokhol est le président du MIDEL (Mouvement international des chefs d’entreprises libanais) et doyen de la Faculté de gestion et de management de l’USJ.
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