Le 4 août 2020, après des années de mauvaise gestion, l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire pulvérise le port de Beyrouth et endommage les régions alentour. Une déflagration provoquée par la détonation de 500 tonnes de nitrate d’ammonium, un composé chimique combustible couramment utilisé dans l’agriculture comme engrais à haute teneur en nitrate, mais qui peut également être utilisé pour fabriquer des explosifs si sa teneur en azote est élevée. La cargaison de nitrate d’ammonium était entrée dans le port de Beyrouth sur un navire battant pavillon moldave, le Rhosus, en novembre 2013. Le vieux bateau était censé charger du matériel sismique destiné à la Jordanie sur son chemin vers le Mozambique. Mais il n’a pas pu repartir à cause d’une fissure dans sa coque, due à la lourdeur du nouvel équipement, mais aussi en raison d’un problème d’argent dû à des dettes impayées. Le 20 décembre 2013, il est saisi. Il est resté à quai pendant près d’un an, avec à bord quelques membres de l’équipage qui n’ont été autorisés à partir, sur ordre de la justice libanaise, que beaucoup plus tard. Le nitrate d’ammonium est déchargé dans le hangar 12 du port de Beyrouth les 23 et 24 octobre 2014. Le Rhosus coule vers la fin de 2017 ou le début de 2018.
L’explosion au port de Beyrouth a tué 224 personnes, blessé plus de 7.500 personnes, dont au moins 150 qui aujourd’hui vivent avec un handicap physique et causé des dommages psychologiques indicibles à des milliers de personnes. Plus de 77.000 appartements ont été endommagés et au moins 300.000 personnes déplacées. Au moins trois enfants âgés de 2 à 15 ans ont perdu la vie. Trente et un enfants ont dû être hospitalisés, 1.000 enfants ont été blessés et 80.000 enfants se sont retrouvés sans abri. L’explosion a touché 163 écoles publiques et privées, et a rendu la moitié des centres de santé de Beyrouth non fonctionnels. Cinquante-six pour cent des entreprises privées de Beyrouth ont été affectées par cette catastrophe. Les infrastructures, y compris les transports, l’énergie, l’approvisionnement en eau et le réseau d’eaux usées, ainsi que les services municipaux, ont subi d’importants dommages, évalués entre 390 et 475 millions de dollars de pertes. Selon la Banque mondiale, l’explosion a causé entre 3,8 et 4,6 milliards de dollars de dégâts matériels. Elle aurait également entraîné la libération de gaz ammoniac et d’oxydes d’azote dans l’air, substances nocives pour l’environnement, mais aussi pour le système respiratoire. On estime que la destruction a créé jusqu’à 800.000 tonnes de déchets de construction et de démolition qui contiennent probablement des produits chimiques dangereux et nocifs pour la santé, par exposition directe ou par contamination du sol et de l’eau.
Chronologie du processus judiciaire
Le 5 août 2020, le gouvernement libanais a annoncé enclencher une enquête administrative de cinq jours. Le 10 août, le gouvernement a transmis le dossier de l’enquête à la Cour de justice, un tribunal d’exception dont les jugements sont sans appel. Le 13 août, la ministre de la Justice de l’époque, Marie-Claude Najm, a nommé Fadi Sawan pour instruire le dossier de l’enquête. Ce dernier a porté des accusations contre 37 personnes, mais, à l’exception des chefs de la direction des douanes et des autorités portuaires, les personnes mises en cause étaient pour la plupart des fonctionnaires. En novembre 2020, le juge Sawan écrit au Parlement pour lui demander l’autorisation de mener une enquête auprès de 12 ministres actuels et anciens et qui auraient été – directement ou indirectement – impliqués dans l’explosion du 4 août. Le président de la Chambre des députés, Nabih Berry, a toutefois refusé d’agir. En décembre 2020, en l’absence d’action parlementaire, le juge Sawan a inculpé pour négligence, le Premier ministre sortant Hassane Diab et trois anciens ministres du gouvernement : Ghazi Zeaïter et Youssef Fenianos, anciens ministres des Travaux publics et des Transports, et Ali Hassan Khalil, ancien ministre des Finances.
Le juge a été immédiatement pris à partie pour avoir ignoré l’immunité parlementaire de Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil. Deux des anciens ministres, qui sont également membres du Parlement, ont déposé une plainte devant la Cour de cassation, pour que le juge Sawan soit dessaisi de l’affaire. En février 2021, le magistrat a été destitué et a été remplacé par le juge d’instruction Tarek Bitar. Le 2 juillet 2021, ce dernier a soumis au Parlement une demande de levée de l’immunité parlementaire des anciens ministres Khalil, Zeaïter et Nouhad Machnouk, ancien ministre de l’Intérieur. Il a aussi écrit aux barreaux de Beyrouth et de Tripoli, pour leur demander l’autorisation, comme l’exige la loi libanaise, de poursuivre les anciens ministres Khalil, Zeaïter et Fenianos, qui sont tous avocats. Les barreaux de Tripoli et de Beyrouth ont approuvé la demande du juge Bitar qui, deux ans plus tard, n’arrive toujours pas à mener son enquête comme il se doit en raison des multiples recours présentés à son encontre.
L’explosion au port de Beyrouth a tué 224 personnes, blessé plus de 7.500 personnes, dont au moins 150 qui aujourd’hui vivent avec un handicap physique et causé des dommages psychologiques indicibles à des milliers de personnes. Plus de 77.000 appartements ont été endommagés et au moins 300.000 personnes déplacées. Au moins trois enfants âgés de 2 à 15 ans ont perdu la vie. Trente et un enfants ont dû être hospitalisés, 1.000 enfants ont été blessés et 80.000 enfants se sont retrouvés sans abri. L’explosion a touché 163 écoles publiques et privées, et a rendu la moitié des centres de santé de Beyrouth non fonctionnels. Cinquante-six pour cent des entreprises privées de Beyrouth ont été affectées par cette catastrophe. Les infrastructures, y compris les transports, l’énergie, l’approvisionnement en eau et le réseau d’eaux usées, ainsi que les services municipaux, ont subi d’importants dommages, évalués entre 390 et 475 millions de dollars de pertes. Selon la Banque mondiale, l’explosion a causé entre 3,8 et 4,6 milliards de dollars de dégâts matériels. Elle aurait également entraîné la libération de gaz ammoniac et d’oxydes d’azote dans l’air, substances nocives pour l’environnement, mais aussi pour le système respiratoire. On estime que la destruction a créé jusqu’à 800.000 tonnes de déchets de construction et de démolition qui contiennent probablement des produits chimiques dangereux et nocifs pour la santé, par exposition directe ou par contamination du sol et de l’eau.
Chronologie du processus judiciaire
Le 5 août 2020, le gouvernement libanais a annoncé enclencher une enquête administrative de cinq jours. Le 10 août, le gouvernement a transmis le dossier de l’enquête à la Cour de justice, un tribunal d’exception dont les jugements sont sans appel. Le 13 août, la ministre de la Justice de l’époque, Marie-Claude Najm, a nommé Fadi Sawan pour instruire le dossier de l’enquête. Ce dernier a porté des accusations contre 37 personnes, mais, à l’exception des chefs de la direction des douanes et des autorités portuaires, les personnes mises en cause étaient pour la plupart des fonctionnaires. En novembre 2020, le juge Sawan écrit au Parlement pour lui demander l’autorisation de mener une enquête auprès de 12 ministres actuels et anciens et qui auraient été – directement ou indirectement – impliqués dans l’explosion du 4 août. Le président de la Chambre des députés, Nabih Berry, a toutefois refusé d’agir. En décembre 2020, en l’absence d’action parlementaire, le juge Sawan a inculpé pour négligence, le Premier ministre sortant Hassane Diab et trois anciens ministres du gouvernement : Ghazi Zeaïter et Youssef Fenianos, anciens ministres des Travaux publics et des Transports, et Ali Hassan Khalil, ancien ministre des Finances.
Le juge a été immédiatement pris à partie pour avoir ignoré l’immunité parlementaire de Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil. Deux des anciens ministres, qui sont également membres du Parlement, ont déposé une plainte devant la Cour de cassation, pour que le juge Sawan soit dessaisi de l’affaire. En février 2021, le magistrat a été destitué et a été remplacé par le juge d’instruction Tarek Bitar. Le 2 juillet 2021, ce dernier a soumis au Parlement une demande de levée de l’immunité parlementaire des anciens ministres Khalil, Zeaïter et Nouhad Machnouk, ancien ministre de l’Intérieur. Il a aussi écrit aux barreaux de Beyrouth et de Tripoli, pour leur demander l’autorisation, comme l’exige la loi libanaise, de poursuivre les anciens ministres Khalil, Zeaïter et Fenianos, qui sont tous avocats. Les barreaux de Tripoli et de Beyrouth ont approuvé la demande du juge Bitar qui, deux ans plus tard, n’arrive toujours pas à mener son enquête comme il se doit en raison des multiples recours présentés à son encontre.
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