Athlétisme: une fédération active, avec un écosystème à bâtir (2/3)
L’écosystème de l’athlétisme libanais n’est pas encore solide. En effet, les dépenses dépassent largement les recettes de la fédération. La fédération ne compte aucun sponsor en ce moment et les championnats du Liban ne sont pas diffusés à la télévision depuis de longues années.

Les recettes de la fédération libanaise d’athlétisme sont limitées. Le président de la fédération, Roland Saade, souligne qu’«à son élection en 2015, le président de la Fédération internationale d’athlétisme a promis qu’il donnerait 25.000 dollars par an à chaque fédération». Le secrétaire général de la fédération, Wassim el-Hawli, ajoute qu’«en 2021 et 2022, l’aide de la FIA était de 20.000 dollars. Pour 2022, nous avons déjà reçu 10.000 dollars et nous devons prochainement en recevoir 10.000 autres».

La fédération n’a de surcroît en ce moment aucun contrat avec des sponsors. El-Hawli souligne que «nous n’avons pas de partenaires financiers en ce moment. Nous avons trouvé des sponsors uniquement pour les championnats d’Asie de l’Ouest U20, à savoir XXL Energy, Lakkis et 4F». Ainsi, Saade déplore que l’absence de sponsors ait «entraîné la nécessité de financements individuels de membres de la fédération».

El-Hawli ajoute que la fédération a une source de recettes supplémentaires qui est «la course sur route. Des frais doivent en effet être payés par les parties prenantes de ces courses à la fédération, ce qui génère de petites recettes additionnelles pour la fédération. En 2023, nous allons légèrement hausser les frais de ces courses.»

Des dépenses importantes

Parallèlement à ces recettes limitées, les dépenses ne manquent pas. Saade explique, en effet, que la subvention de la Fédération internationale d’athlétisme «n’est même pas suffisante pour couvrir par exemple l’équipement des athlètes».


El-Hawli abonde dans le même sens en soulignant que les frais d’organisation d’une compétition d’athlétisme sont très élevés: «L’athlétisme n’est pas le volley-ball, qui nécessite seulement cinq arbitres pour la tenue d’un match. Il y a 50 arbitres qui sont nécessaires pour le bon déroulement d’un meeting d’athlétisme.»

Philippe Bejjani, responsable du comité technique de la fédération, insiste quant à lui sur le coût très élevé du matériel de ce sport: «L’athlétisme n’est pas comme le football. Notre sport nécessite beaucoup de matériel comme des disques, des javelots, une technologie de photo finish… Cette dernière coûte à elle seule 110.000 dollars.»

Une absence de diffusion TV

À l’absence de sponsors s’ajoute l’absence de ce qui devrait être la deuxième recette phare de la fédération d’athlétisme, à savoir les recettes des retransmissions TV. La seule compétition qui a été récemment diffusée a été les championnats d’Asie de l’Ouest U20, sur OTV. Cependant, OTV n’a pas eu à débourser un seul dollar pour cette diffusion. Pire, c’est la fédération qui a dû débourser une somme à OTV pour que cette dernière diffuse l'événement pendant quatre jours. Saade souligne que «la fédération a dû payer à la OTV pour qu’elle retransmette la compétition et non l’inverse, sachant que le montant obtenu via les sponsors n’était pas suffisant pour couvrir ce coût. Nous avons dû ainsi nous-mêmes combler la différence de montant à payer. L’athlétisme n’est pas le basket ou le football où les télévisions sont prêtes à débourser un montant important pour avoir les droits de diffusion.»

Quant aux championnats du Liban, ils ne sont pas diffusés à la télévision du tout depuis de longues années. El-Hawli est cependant optimiste quant à l’évolution de cette donne dans les années à venir. Il souligne en effet qu’«après notre expérience dans les championnats d’Asie de l’Ouest qui a été diffusée sur la OTV, le grand public connaît désormais mieux l’athlétisme. Nous espérons que cette expérience va nous paver la voie pour trouver un diffuseur TV pour les championnats d’athlétisme 2023. La couverture télévisuelle nous permettra de trouver des sponsors plus facilement. Il y aura ainsi un 'win win' entre la fédération et les compagnies qui nous soutiendront financièrement.» En effet, les recettes marketing et télévisuelles sont étroitement liées dans le monde du sport. Trouver un diffuseur télévisuel dans un premier temps rendra le travail de recherche de sponsors plus facile, en raison du fait que ces derniers auront une exposition en équivalent publicitaire qui sera démultipliée par l’apparition fréquente de leurs logos à la télévision pendant le direct, les highlights et les rediffusions de la compétition à la télévision. Une compétition qui n’est pas diffusée à la télévision intéresse donc naturellement moins les annonceurs.

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