Le ministre sortant des Déplacés Issam Charafeddine s’est rendu à Damas lundi pour une visite officielle centrée sur un plan de retour progressif des réfugiés syriens, élaboré par un comité ministériel sous le parrainage du président libanais. Un plan dont l’applicabilité laisse toutefois activistes et experts dubitatifs.
Le ministre sortant des Déplacés Issam Charafeddine s’est rendu à Damas lundi pour une visite officielle, initialement fixée à juillet, centrée sur un plan de retour progressif des réfugiés syriens (15.000 par mois) élaboré par un comité ministériel sous le parrainage du chef de l'État libanais. Un plan dont l’applicabilité laisse toutefois activistes et experts dubitatifs : il a été élaboré en dehors des canaux onusiens, sans garantie pour la sécurité des réfugiés hormis les réassurances verbales des responsables libanais et syriens. La volonté réelle du régime de Damas d’assurer le retour des réfugiés n’est du reste pas vérifiable, les précédents en la matière entre 2018 et 2019 ayant même renvoyé des signaux contraires.
Conduisant une délégation officielle formée par Liwa’ Jaber, membre du bureau politique et coordinateur du dossier syrien au sein du Parti démocratique libanais (de Talal Arslane, ancien député druze pro-syrien), et son conseiller médiatique Jad Haïdar, le ministre sortant des Déplacés s’est entretenu successivement avec le ministre syrien de l’Administration locale et de l’Environnement Hussein Makhlouf, chargé du dossier des réfugiés syriens, et le ministre syrien de l’Intérieur, le général Mohammad Rahmoun.
Lors d’un point de presse à l’issue de sa rencontre avec la délégation libanaise, Hussein Makhlouf a fait état d’une «concordance de visions entre les parties syrienne et libanaise en ce qui concerne le retour de tous les réfugiés et pas seulement des 15.000 réfugiés par mois tel que prévu dans le plan présenté par la partie libanaise».
Valorisation commune des décrets d’amnistie
Insistant ainsi sur la volonté du régime d’assurer le retour des réfugiés, Hussein Makhlouf a en même temps formulé les garanties d’un retour sûr, en évoquant notamment les décrets d’amnistie présidentiels «qui incluent tous les Syriens», ainsi que «la facilitation et la simplification des procédures aux frontières (en coordination avec la Sûreté générale libanaise, notamment pour ceux dont les pièces d’identité sont périmées, comme l’a expliqué à son tour Hussein Makhlouf), et la mise à la disposition des réfugiés de services de transport, de secours, d’aides humanitaires, et de services médicaux et éducatifs visant à leur assurer un séjour sûr et confortable».
Force est de relever toutefois que les décrets d’amnistie, dont le dernier date d’avril 2022, sont perçus par les défenseurs des droits de l’homme comme un moyen d’intimidation en soi, en libérant au compte-gouttes des prisonniers gravement affectés par les conditions de détention, sans possibilité pour les proches des détenus restants de vérifier s’ils sont toujours en vie, en l’absence de chiffres officiels. Qui plus est, ces décrets n’excluent pas la poursuite des arrestations arbitraires, disparitions forcées et autres méthodes d’intimidation par le régime syrien, selon des défenseurs de l’homme. En valorisant les décrets d’amnistie comme garantie d’un retour sûr des réfugiés – un argument dont les autorités libanaises se font l’écho – Damas tenterait entre autres de redorer son blason aux yeux de la communauté internationale et d’accélérer la normalisation des relations diplomatiques, selon les commentaires de plusieurs observateurs.
Dans son allocution, Issam Charafeddine a même exprimé sa «reconnaissance» au leadership syrien pour son dernier décret d’amnistie.
Message de Damas à l’ONU
Et Hussein Makhlouf de saisir l’occasion pour demander aux «Nations unies d’être un partenaire-clé dans le retour des déplacés, surtout que la partie syrienne est ouverte à une coopération avec la partie libanaise pour faciliter le retour de tous les réfugiés et leur assurer un rôle actif dans la reconstruction».
Le ministre syrien a confirmé en outre les propos des responsables libanais sur la disposition du régime à «réhabiliter l’infrastructure des zones libérées par l’armée arabe syrienne». La reconstruction aurait déjà permis, selon lui, «le retour chez eux de cinq millions de déplacés syriens, dont un million à l’étranger et quatre millions à l’intérieur du pays (…)».
Le ministre syrien de l’Intérieur a assuré pour sa part que son pays a «tout facilité pour assurer le retour des réfugiés, en les autorisant à rentrer avec des passeports même périmés, ou tout document prouvant qu’ils sont Syriens, et régulariser leur situation aux postes-frontières sur place sans la contrainte de la double vérification». «Tous les postes frontaliers ont été reliés à une base de données centralisée liée aux affaires civiles», a-t-il également fait valoir.
Charafeddine «reconnaissant»
Relayant les réassurances de ses interlocuteurs, Issam Charafeddine a salué «la coopération dont a fait montre la partie syrienne» et précisé que «le plan (proposé par la partie libanaise) a été examinée en détails et l’État syrien s’est montré disposé à accueillir tous ceux qui souhaitent retourner chez eux, en s’engageant à répondre à leurs besoins en aides et services». Remerciant le président syrien pour son décret d’amnistie, le responsable libanais a fait remarquer que «la période de convalescence entamée en Syrie a mené à la baisse du nombre des centres d’accueil temporaires de 532 à 58 répartis sur l’ensemble du territoire syrien». Il a annoncé que « la prochaine phase verra des visites successives et rencontres multiples avec la partie syrienne après l’élaboration d’études statistiques nécessaires pour assurer le retour sûr des déplacés, même si leur nombre doit dépasser les 15.000 par mois».
Le ministre sortant des Déplacés Issam Charafeddine s’est rendu à Damas lundi pour une visite officielle, initialement fixée à juillet, centrée sur un plan de retour progressif des réfugiés syriens (15.000 par mois) élaboré par un comité ministériel sous le parrainage du chef de l'État libanais. Un plan dont l’applicabilité laisse toutefois activistes et experts dubitatifs : il a été élaboré en dehors des canaux onusiens, sans garantie pour la sécurité des réfugiés hormis les réassurances verbales des responsables libanais et syriens. La volonté réelle du régime de Damas d’assurer le retour des réfugiés n’est du reste pas vérifiable, les précédents en la matière entre 2018 et 2019 ayant même renvoyé des signaux contraires.
Conduisant une délégation officielle formée par Liwa’ Jaber, membre du bureau politique et coordinateur du dossier syrien au sein du Parti démocratique libanais (de Talal Arslane, ancien député druze pro-syrien), et son conseiller médiatique Jad Haïdar, le ministre sortant des Déplacés s’est entretenu successivement avec le ministre syrien de l’Administration locale et de l’Environnement Hussein Makhlouf, chargé du dossier des réfugiés syriens, et le ministre syrien de l’Intérieur, le général Mohammad Rahmoun.
Lors d’un point de presse à l’issue de sa rencontre avec la délégation libanaise, Hussein Makhlouf a fait état d’une «concordance de visions entre les parties syrienne et libanaise en ce qui concerne le retour de tous les réfugiés et pas seulement des 15.000 réfugiés par mois tel que prévu dans le plan présenté par la partie libanaise».
Valorisation commune des décrets d’amnistie
Insistant ainsi sur la volonté du régime d’assurer le retour des réfugiés, Hussein Makhlouf a en même temps formulé les garanties d’un retour sûr, en évoquant notamment les décrets d’amnistie présidentiels «qui incluent tous les Syriens», ainsi que «la facilitation et la simplification des procédures aux frontières (en coordination avec la Sûreté générale libanaise, notamment pour ceux dont les pièces d’identité sont périmées, comme l’a expliqué à son tour Hussein Makhlouf), et la mise à la disposition des réfugiés de services de transport, de secours, d’aides humanitaires, et de services médicaux et éducatifs visant à leur assurer un séjour sûr et confortable».
Force est de relever toutefois que les décrets d’amnistie, dont le dernier date d’avril 2022, sont perçus par les défenseurs des droits de l’homme comme un moyen d’intimidation en soi, en libérant au compte-gouttes des prisonniers gravement affectés par les conditions de détention, sans possibilité pour les proches des détenus restants de vérifier s’ils sont toujours en vie, en l’absence de chiffres officiels. Qui plus est, ces décrets n’excluent pas la poursuite des arrestations arbitraires, disparitions forcées et autres méthodes d’intimidation par le régime syrien, selon des défenseurs de l’homme. En valorisant les décrets d’amnistie comme garantie d’un retour sûr des réfugiés – un argument dont les autorités libanaises se font l’écho – Damas tenterait entre autres de redorer son blason aux yeux de la communauté internationale et d’accélérer la normalisation des relations diplomatiques, selon les commentaires de plusieurs observateurs.
Dans son allocution, Issam Charafeddine a même exprimé sa «reconnaissance» au leadership syrien pour son dernier décret d’amnistie.
Message de Damas à l’ONU
Et Hussein Makhlouf de saisir l’occasion pour demander aux «Nations unies d’être un partenaire-clé dans le retour des déplacés, surtout que la partie syrienne est ouverte à une coopération avec la partie libanaise pour faciliter le retour de tous les réfugiés et leur assurer un rôle actif dans la reconstruction».
Le ministre syrien a confirmé en outre les propos des responsables libanais sur la disposition du régime à «réhabiliter l’infrastructure des zones libérées par l’armée arabe syrienne». La reconstruction aurait déjà permis, selon lui, «le retour chez eux de cinq millions de déplacés syriens, dont un million à l’étranger et quatre millions à l’intérieur du pays (…)».
Le ministre syrien de l’Intérieur a assuré pour sa part que son pays a «tout facilité pour assurer le retour des réfugiés, en les autorisant à rentrer avec des passeports même périmés, ou tout document prouvant qu’ils sont Syriens, et régulariser leur situation aux postes-frontières sur place sans la contrainte de la double vérification». «Tous les postes frontaliers ont été reliés à une base de données centralisée liée aux affaires civiles», a-t-il également fait valoir.
Charafeddine «reconnaissant»
Relayant les réassurances de ses interlocuteurs, Issam Charafeddine a salué «la coopération dont a fait montre la partie syrienne» et précisé que «le plan (proposé par la partie libanaise) a été examinée en détails et l’État syrien s’est montré disposé à accueillir tous ceux qui souhaitent retourner chez eux, en s’engageant à répondre à leurs besoins en aides et services». Remerciant le président syrien pour son décret d’amnistie, le responsable libanais a fait remarquer que «la période de convalescence entamée en Syrie a mené à la baisse du nombre des centres d’accueil temporaires de 532 à 58 répartis sur l’ensemble du territoire syrien». Il a annoncé que « la prochaine phase verra des visites successives et rencontres multiples avec la partie syrienne après l’élaboration d’études statistiques nécessaires pour assurer le retour sûr des déplacés, même si leur nombre doit dépasser les 15.000 par mois».
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