Le président va-t-il aussi l’honorer?
La question qui figure dans le titre mérite d'être posée, à la lumière des décorations en série qui se sont déroulées au palais présidentiel ces dernières semaines. Les nouvelles au sujet d’une telle ou telle décoration ont même éclipsé d’autres réceptions et rencontres. Il faut dire que la majorité des rencontres du président de la République se limitent soit aux députés du Courant patriotique libre (CPL) ou aux ministres qui lui sont affiliés, soit aux représentants de pays sans importance capitale, pour discuter de relations bilatérales qui n'ont d'ailleurs jamais existé.

Nous n’allons pas nous perdre en conjectures sur la question ou débattre des mérites d’un récipiendaire ou d’un autre. Néanmoins, il est légitime de nous demander pourquoi un tel a été choisi pour un hommage et pas un autre? Pourquoi, par exemple, tel champion sportif est-il décoré alors que d’autres n’ont pas reçu cet honneur? Pourquoi les champions nationaux libanais de basket-ball n'ont-ils pas été invités à Baabda pour recevoir les honneurs comme il se doit? À moins que le franc-parler de Wael Arakji ait mis fin aux tentatives des politiciens de surfer sur la vague de la victoire et de corriger la boussole de la prétendue révolution, devenue une comédie trompeuse, en particulier lors des récentes élections et les démonstrations de certaines des 13 escouades?

Pourquoi un restaurateur est-il honoré et non d’autres qui sont, eux aussi, à la tête de projets touristiques florissants au Liban et à l'étranger ? Ensuite, pourquoi honorer un restaurateur qui, in fine, investit de l'argent pour faire du profit? À moins que, là encore, la question de l'identité du taboulé, du hoummos et des falafels, soit considérée au cœur du conflit stratégique avec l'ennemi israélien, suivie par celle des champs de Karich, de Qana et des fermes de Chebaa?

Existe-t-il, par exemple, un comité d'universitaires et de spécialistes qui sélectionne les lauréats, ou est-ce la même discrétion qui prévaut comme pour les nominations ? «Celui-là nous est proche, alors nous allons l'honorer», et un intérêt nous lie à cet autre, et le troisième est «recommandé par untel», et j’en passe.


Ces décorations, devenues quasi quotidiennes dans les derniers mois du mandat actuel sont comparables aux «Murex d'Or», orchestrées par les deux frères Helou et les deux autres acolytes, MM. Bassil et Jreissati. Le père de famille est déconnecté et ne connaît pas les candidats pour commencer. Ceci étant dit, il aurait été plus judicieux d’honorer de grands noms dans les sphères scientifiques et culturelles, ainsi que les médias qui luttent pour leur survie dans ces circonstances difficiles. Mais, là aussi, nous craignons que, si le président décide d'honorer les médias, qu'il choisisse inconsciemment son gendre, Roy al-Hashem, pour le «remarquable succès» de l'OTV!

Ce sexennat a été jalonné d’erreurs, voire de sacrilèges. Il pourrait quand même prendre fin sur une belle note, avec quelques réalisations par exemple. Un geste pour un grand nom oublié. Comme une visite à Fayrouz, une gerbe de fleurs sur la tombe de Assi et Mansour Rahbani. Nous regrettons qu’il se termine en queue de poisson, avec les honneurs qui viendront compléter la longue liste des personnalités décorées de sensibilité «orange», qui ont été victimes d'intimidation ces dernières années en raison de leur affiliation aveugle et de leur loyauté.

Jusqu’à l’heure, la situation est déplorable, mais reste sous contrôle, sauf si Michel Aoun garde le meilleur pour la fin et dérape encore une fois en décorant l’enfant gâté du Palais, Ghada Aoun, avant que le rideau ne tombe sur ce piètre sexennat.
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