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Portée par un élan irrésistible, Caroline Garcia a réalisé à Cincinnati le plus bel exploit de sa carrière, en devenant la première joueuse à remporter un WTA 1000 en étant issue des qualifications, aux dépens de Petra Kvitova, dimanche en finale.

La Française, 35e mondiale, nullement intimidée par l'enjeu, n'a d'abord laissé aucune chance à la Tchèque (28e) avant de rester solide jusqu'au bout, s'imposant 6-2, 6-4 en 1h36.

Elle s'offre à 28 ans un troisième sacre dans épreuve de catégorie juste en-dessous des Grands Chelems, après ses triomphes à Wuhan et Pékin en 2017. Dans la foulée, elle avait atteint les demi-finales du Masters à Singapour, lors d'une fin de saison certes moins difficile à appréhender qu'une préparation pour l'US Open.

"Quelle semaine incroyable! C'est dur à croire que je sois là devant vous" à soulever le trophée, a réagi tout sourire "Sweet Caroline", comme le chantait Neil Diamond dans un de ses tubeq.

Ce dixième titre au total est aussi son troisième en deux mois, après ceux glanés sur le gazon de Bad Homburg et la terre battue de Varsovie, où elle avait eu au passage le scalp de la N.1 mondiale Iga Swiatek.

Kvitova, la double vainqueure de Wimbledon (2011, 2014), avait pourtant pour elle l'expérience des grands rendez-vous puisqu'elle disputait là sa 12e finale d'un WTA 1000 (8 victoires), la 40e toutes catégories confondues (29 succès).

"Il fallait gérer l'émotion"

Mais à huit jours de l'US Open (29 août-11 septembre), Garcia a confirmé bel et bien qu'elle est la joueuse la plus en forme de l'été, puisqu'elle cumule désormais 27 victoires depuis le mois de juin. Personne ne fait mieux actuellement sur le circuit.

La Française, qui a successivement écarté de sa route trois joueuses du Top 10 dans l'Ohio, Maria Sakkari (3e), Jessica Pegula (8e) et Aryna Sabalenka (7e), est restée fidèle à son style tranchant.

"Il fallait surtout gérer l'émotion et jouer de façon très agressive, alors je savais que j'aurais une chance, car Petra est une grande championne", a-t-elle dit à Tennis Channel.


L'ancienne N.2 mondiale, dont les qualités en défense et en contre sont éprouvées, n'a en effet pas eu de répondant.

Garcia, qui compte désormais quatre victoires dans leurs neuf confrontations, a attaqué très fort, en breakant d'entrée à deux reprises (4-0), sous un ciel menaçant. La veille, deux interruptions par la pluie de 2h30 et 1h30 avaient grandement perturbé sa demi-finale contre la Bélarusse Aryna Sabalenka.

En totale confiance, elle a conservé cet avantage en s'appuyant sur un service solide, pour enlever la première manche. Dans la foulée, la Française a encore serré l'étau en retournant long et Kvitova d'enchaîner les fautes directes.

Trouble-fête à l'US Open ?

Menée 2-0, la Tchèque, qui semblait traîner la patte, a sollicité un temps médical pour soigner son genou gauche. Revenue sur le court, elle a démontré sa pugnacité, se créant une balle de débreak, sa cinquième du match, en vain.

Trois autres se sont présentées, mais Garcia a su bien servir (11 aces) et défendre lors d'un long rallye (4-2). Le cri de rage de Kvitova n'y a rien fait, elle est tombée sur plus forte, sa rivale restant solide sur son engagement pour finir le travail.

La Française n'a jamais tremblé. Sauf en réalisant, mains au visage et genoux à terre, son accomplissement.

Avec cette probante performance, Garcia, qui redonne quelques couleurs au tennis tricolore, peut espérer jouer les trouble-fête à l'US Open, où elle n'a jamais pu faire mieux qu'un 3e tour, mais qu'elle abordera dans la peau d'une tête de série, puisqu'elle sera 17e dès lundi au classement WTA.

Tout comme Kvitova, qui n'a encore jamais passé les quarts à Flushing Meadows. Même perdante dans l'Ohio, elle confirme un retour au premier plan entrevu mi-juin avec sa victoire sur le gazon d'Eastbourne, après quelques années ayant semblé marquer un déclin.

Dans un contexte où la N.1 mondiale Iga Swiatek semble marquer le pas, après un printemps étourdissant (37 victoires d'affilée, titrée à Doha, Indian Wells, Miami, Stuttgart, Rome et Roland-Garros), elles ont un joli coup à jouer.
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