Accord nucléaire: Washington prend son temps, Téhéran s'impatiente
La balle est dans le camp américain. L'Iran s'impatiente et critiquait lundi les Etats-Unis pour leur retard à donner leur avis sur les propositions iraniennes au "texte final" de l'accord sur le nucléaire. Washington nie tout délai et assure qu'il restait encore des "questions en suspens" à résoudre, car il n'a pas reçu "une réponse claire de la part de l'Iran". Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell s'est voulu, de son côté, plus optimiste en annonçant une réunion à Vienne cette semaine.

Le réacteur nucléaire d'Aboushehr, au sud de l'Iran. (AFP)

 

Les Etats-Unis ont nié lundi retarder les négociations sur un accord sur le nucléaire iranien, comme Téhéran les en a accusés, mais assuré qu'il restait encore des "questions en suspens" à résoudre.

"Nous sommes encouragés par le fait que l'Iran semble avoir laissé tomber certaines de ses demandes non acceptables, comme la levée de la désignation des Gardiens de la Révolution" en tant qu'organisation terroriste, a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Ned Price, soulignant que "nous sommes plus proches d'un accord qu'il y a deux semaines". "Mais il reste des questions en suspens qui doivent être résolues", a-t-il ajouté lors d'un point de presse, refusant de les détailler.

Lors d'un point presse, le porte-parole du département d'État américain, Ned Price, déclare aux journalistes qu'il faudra "un certain temps pour digérer" les commentaires de l'Iran. (AFP)

 

Téhéran a critiqué lundi les Etats-Unis pour leur "retard" à donner leur avis sur les propositions iraniennes à ce "texte final". "Le gouvernement américain est responsable de la situation actuelle. S'il montre sa détermination politique dans la pratique (...) et agit de manière responsable, nous pouvons passer à l'étape suivante", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani. (AFP)
"Réponse claire"

"L'idée selon laquelle nous aurions retardé les négociations de quelques façons que ce soit n'est tout simplement pas exacte", a répliqué M. Price en précisant que les Etats-Unis continuaient "à examiner" les réponses iraniennes et que Washington répondrait dès "que cet examen et ces consultations (seront) terminés". "S'il y avait eu une réponse claire de la part de l'Iran, je ne suis pas sûr qu'on aurait eu ce va-et-vient comme maintenant", a-t-il relevé.

Le 26 juillet, le chef de la diplomatie européenne et coordinateur pour le dossier du nucléaire iranien Josep Borrell a, en effet, soumis un projet de compromis et a appelé les parties engagées dans les pourparlers à l'accepter pour éviter une "dangereuse crise".

Les discussions ont repris le 4 août dans la capitale autrichienne pour une énième tentative de sauver l'accord international conclu en 2015 entre d'une part l'Iran et de l'autre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Chine, la France, l'Allemagne et la Russie.


Une éventuelle réunion sur la résurrection de l'accord sur le nucléaire iranien pourrait se tenir "cette semaine" après que Téhéran a soumis sa réponse à une proposition de l'UE, selon le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell. (AFP)

 

M. Borrell a déclaré lundi lors d'une conférence à Santander qu'une " réunion devait avoir lieu à Vienne en fin de semaine dernière, mais cela n'a pas été possible. Elle pourrait avoir lieu cette semaine".

Le texte élaboré par l'UE "pourrait connaître une issue heureuse (...). C'est un point d'équilibre, je ne pense pas qu'il soit possible de l'améliorer encore. Il y a eu une réponse iranienne, que j'ai jugé raisonnable de transmettre aux Etats-Unis", a précisé le chef de la diplomatie européenne.
Entretien Macron-Lapid

Par ailleurs, le président français Emmanuel Macron a assuré lundi le Premier ministre israélien Yaïr Lapid qu'un accord sur le nucléaire iranien prendrait en compte les "intérêts d'Israël". Lors d'un échange téléphonique avec Macron, Lapid a affirmé qu'"Israël continuera de tout faire pour empêcher l'Iran d'atteindre des capacités nucléaires".



 

L'Etat hébreu craint de voir l'Iran se doter un jour de l'arme nucléaire, mais aussi que la levée de sanctions économiques contre Téhéran regarnisse les coffres de la République islamique, qui pourrait en profiter pour accroître son aide à ses alliés aux frontières d'Israël comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien.

Or selon M. Lapid, de "nouveaux éléments" sur l'offre d'accord "ouvrent la voie à des flux de capitaux significatifs dans les réseaux terroristes de l'Iran".

Les présidents Joe Biden et Emmanuel Macron ainsi que le chancelier Olaf Scholz et le Premier ministre Boris Johnson ont fait le point dimanche, lors d'une conversation téléphonique, sur les négociations en cours.

Avec AFP
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