Lors de leur entretien virtuel mardi, les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine, au long passif de suspicions et de méfiance réciproque, aborderont le sujet brûlant de l'Ukraine, que la Russie est accusée par Washington de vouloir envahir.
Vendredi, Joe Biden a promis de rendre "très, très difficile à M. Poutine de faire ce que les gens craignent qu'il fasse". Le dirigeant américain a dit préparer "un ensemble d'initiatives", sans donner davantage de précision.
Lors de l'entretien mardi, "le président Biden va souligner les inquiétudes américaines concernant les activités militaires russes à la frontière avec l'Ukraine, et réaffirmer le soutien des Etats-Unis à la souveraineté et l'intégrité territoriale ukrainiennes", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, dans un communiqué samedi.
L'échange doit avoir lieu dans la soirée en Russie (mi-journée à Washington).
"Lorsque nous regardons le nombre de troupes dans la région frontalière, (...) ce qui se passe dans le cyberespace, cela nous inquiète vraiment", a déclaré samedi le chef du Pentagone, Lloyd Austin, interrogé sur la Russie. "Nous nous engageons à aider l'Ukraine à défendre la souveraineté de son territoire", a également réaffirmé le ministre.
De nombreux analystes doutent que Moscou, qui a réfuté toute intention belliqueuse, envahisse effectivement l'Ukraine, ce qui ne manquerait pas de provoquer des condamnations internationales et probablement de nouvelles sanctions.
Mais certains sont moins définitifs. Vladimir Poutine "ne bluffe plus, il est prêt à une action désespérée. Soit l'Otan fournit des garanties, soit la Russie envahit l'Ukraine", a estimé l'analyste politique Tatiana Stanovaya.
Selon elle, l'appel entre les deux dirigeants pourrait constituer un premier pas vers une nouvelle rencontre, souhaitée par le président russe.
Les deux hommes se sont vus pour la première fois au Kremlin en 2011. M. Biden a ensuite raconté avoir dit au leader russe: "je ne crois pas que vous ayez une âme".
Ils se sont ensuite retrouvés à Genève en 2014, puis dans la même ville en juin de cette année -- Joe Biden alors devenu président. Les contacts ont continué depuis, tout comme les tensions.
Le Kremlin a fait de l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan une ligne rouge.
Kiev, de son côté, refuse catégoriquement d'abandonner un tel projet. Adhérer à l'Otan signifierait que les autres pays de l'alliance, Etats-Unis en tête, seraient tenus d'intervenir militairement pour défendre l'Ukraine en cas d'agression.
La crise risque d'être un difficile test pour le président américain.
Si cet entretien pourrait permettre d'entamer un dialogue, il ne faut pas trop en attendre, estime toutefois Fiodor Loukianov, un analyste politique proche du Kremlin.
"Aucun résultat concret ne peut en sortir", a-t-il dit à l'AFP, sans prédire pour autant un lancement des hostilités dans le cas où les discussions échoueraient.
"Il s'agit d'une hystérie attisée par l'Ouest", a-t-il jugé. "Les guerres commencent de façon inattendue. Si cela démarre, cela démarrera d'une façon différente".
Mais au contraire pour Heather Conley, du Center for Strategic and International Studies, si le président russe n'obtient pas satisfaction, alors "il utilisera des moyens militaires pour parvenir à ses objectifs politiques".
Or il souhaite distendre les liens entre Kiev et les pays occidentaux, selon elle, car il voit l'Ukraine comme "une sorte de porte-avions pour l'Otan".
L'Ukraine est déchirée depuis 2014 par une guerre qui a fait plus de 13.000 morts entre Kiev et des séparatistes prorusses dans l'est du pays. Le conflit a démarré après l'annexion par la Russie de la péninsule de Crimée.
AFP
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