C’est ce qu’on appelle mettre le doigt sur la plaie. Sans fioriture et sans tourner en rond. Dans son discours à l’occasion de la messe annuelle en mémoire des martyrs de la Résistance libanaise, le leader des Forces libanaises Samir Geagea n’y est pas allé par quatre chemins en abordant le dossier de la présidentielle. Il a placé cette échéance, cruciale pour l’avenir du pays, dans son contexte véritable. Il en a défini l’enjeu sans ambages: le choix entre deux Liban, deux projets de société aux antipodes l’un de l’autre, deux visions de la place de l’homme dans son environnement plus ou moins proche. Un survol très rapide de l’histoire récente du pays du Cèdre permettrait de mieux cerner la portée et l’importance de cet enjeu.
Depuis la fin des années 1960, le Liban a été condamné à être l’abcès de fixation des crises et des tensions régionales. En clair, il était transformé en un terrain de confrontation par proxy entre les puissances régionales, qui de ce fait pouvaient éviter d’éventuelles flambées de violence frontales entre elles à leurs frontières communes. S’affronter ainsi sur un terrain tiers pour éviter la confrontation directe…
Pour que ce rôle funeste soit assumé, une double condition sine qua non devait être remplie: empêcher l’émergence d’un État central maître de ses décisions, et orchestrer une instabilité chronique et permanente sur la scène locale. En deux mots, déconstruire le pouvoir étatique et paralyser le système et le fonctionnement des structures constitutionnelles à tous les échelons. Telle avait a été la stratégie de l’OLP de Yasser Arafat depuis 1969 et jusqu’en 1982, puis du régime Assad sous l’occupation syrienne, jusqu’en 2005.
Telle est aussi la ligne de conduite du Hezbollah depuis 2005, mais avec une différence fondamentale par rapport aux deux précédentes phases d’occupation: aujourd’hui, la stratégie de déconstruction et de déstabilisation programmée minutieusement par le parti chiite pro-iranien est mue non pas seulement par une «raison d’État» non libanaise – comme dans les cas palestinien et syrien – mais par une doctrine politique théocratique stipulant de façon très explicite que toute décision d’ordre stratégique (du Hezbollah) doit être prise, ou tout au moins avalisée au préalable, par le Guide suprême de la Révolution islamique iranienne, en sa qualité de «waly el-faqih», dont le pouvoir «divin» est absolu.
Cette doctrine théocratique – officialisée par les théoriciens du Hezbollah au milieu des années 1980 – est fondée, pour être bien bétonnée, sur un projet d’édification d’une société guerrière (sans horizon), laquelle aurait pour aboutissement de défigurer et de détruire le Liban libéral, démocratique, pluraliste, ouvert sur le monde, vivier d’une dynamique culturelle riche et plurielle. A diverses occasions, les dirigeants du Hezbollah n’ont pas hésité à dénoncer ouvertement, souvent avec dérision, le Liban «des promenades du dimanche», des pubs, des restaurants, des loisirs, des divertissements, des concerts…
C’est pour stopper net ce processus d’édification d’une société guerrière, avec tout ce qu’il entraîne comme défiguration du Liban et sabotage des spécificités libanaises, que le leader des Forces libanaises a lancé un appel pressant aux députés souverainistes et de l’opposition, toutes tendances confondues, pour qu’ils fassent bloc autour d’un présidentiable capable de remettre sur pied un État central digne de ce nom. Un présidentiable qui sache dire «stop» au Hezbollah dans son entreprise d’iranisation du Liban.
À cet égard, l’enjeu présidentiel est purement et simplement manichéen, comme l’a relevé Samir Geagea: il consiste aujourd’hui à choisir entre un président qui accepterait que le Liban continue d’être un pion sur le grand échiquier perse, ou un président qui ait la ferme volonté de conduire les Libanais sur la voie du redressement, du développement et de la prospérité… Car ils ont suffisamment enduré des guerres et des crises de la région. Il s’agit de faire barrage à tout candidat qui occulterait la prise en otage du Liban, qui se poursuit depuis plus d’un demi-siècle. Dans ce pays en pleine mutation, les compromissions et les attitudes «tièdes» au niveau de la présidentielle ne feront que consolider la lente stratégie de déconstruction orchestrée par le Hezbollah depuis plusieurs décennies. Face à un tel enjeu, il faut choisir son camp. Et, surtout, mettre un terme aux enfantillages politiques et petits calculs partisans.
Depuis la fin des années 1960, le Liban a été condamné à être l’abcès de fixation des crises et des tensions régionales. En clair, il était transformé en un terrain de confrontation par proxy entre les puissances régionales, qui de ce fait pouvaient éviter d’éventuelles flambées de violence frontales entre elles à leurs frontières communes. S’affronter ainsi sur un terrain tiers pour éviter la confrontation directe…
Pour que ce rôle funeste soit assumé, une double condition sine qua non devait être remplie: empêcher l’émergence d’un État central maître de ses décisions, et orchestrer une instabilité chronique et permanente sur la scène locale. En deux mots, déconstruire le pouvoir étatique et paralyser le système et le fonctionnement des structures constitutionnelles à tous les échelons. Telle avait a été la stratégie de l’OLP de Yasser Arafat depuis 1969 et jusqu’en 1982, puis du régime Assad sous l’occupation syrienne, jusqu’en 2005.
Telle est aussi la ligne de conduite du Hezbollah depuis 2005, mais avec une différence fondamentale par rapport aux deux précédentes phases d’occupation: aujourd’hui, la stratégie de déconstruction et de déstabilisation programmée minutieusement par le parti chiite pro-iranien est mue non pas seulement par une «raison d’État» non libanaise – comme dans les cas palestinien et syrien – mais par une doctrine politique théocratique stipulant de façon très explicite que toute décision d’ordre stratégique (du Hezbollah) doit être prise, ou tout au moins avalisée au préalable, par le Guide suprême de la Révolution islamique iranienne, en sa qualité de «waly el-faqih», dont le pouvoir «divin» est absolu.
Cette doctrine théocratique – officialisée par les théoriciens du Hezbollah au milieu des années 1980 – est fondée, pour être bien bétonnée, sur un projet d’édification d’une société guerrière (sans horizon), laquelle aurait pour aboutissement de défigurer et de détruire le Liban libéral, démocratique, pluraliste, ouvert sur le monde, vivier d’une dynamique culturelle riche et plurielle. A diverses occasions, les dirigeants du Hezbollah n’ont pas hésité à dénoncer ouvertement, souvent avec dérision, le Liban «des promenades du dimanche», des pubs, des restaurants, des loisirs, des divertissements, des concerts…
C’est pour stopper net ce processus d’édification d’une société guerrière, avec tout ce qu’il entraîne comme défiguration du Liban et sabotage des spécificités libanaises, que le leader des Forces libanaises a lancé un appel pressant aux députés souverainistes et de l’opposition, toutes tendances confondues, pour qu’ils fassent bloc autour d’un présidentiable capable de remettre sur pied un État central digne de ce nom. Un présidentiable qui sache dire «stop» au Hezbollah dans son entreprise d’iranisation du Liban.
À cet égard, l’enjeu présidentiel est purement et simplement manichéen, comme l’a relevé Samir Geagea: il consiste aujourd’hui à choisir entre un président qui accepterait que le Liban continue d’être un pion sur le grand échiquier perse, ou un président qui ait la ferme volonté de conduire les Libanais sur la voie du redressement, du développement et de la prospérité… Car ils ont suffisamment enduré des guerres et des crises de la région. Il s’agit de faire barrage à tout candidat qui occulterait la prise en otage du Liban, qui se poursuit depuis plus d’un demi-siècle. Dans ce pays en pleine mutation, les compromissions et les attitudes «tièdes» au niveau de la présidentielle ne feront que consolider la lente stratégie de déconstruction orchestrée par le Hezbollah depuis plusieurs décennies. Face à un tel enjeu, il faut choisir son camp. Et, surtout, mettre un terme aux enfantillages politiques et petits calculs partisans.
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