L'accord sur le nucléaire iranien prend l'eau
Les pays européens se montrent de plus en plus pessimistes quant à la réalisation d'un nouvel accord sur le nucléaire iranien. Le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté ce lundi l'absence de "réponse positive" de Téhéran. Samedi, la France, l'Angleterre et l'Allemagne avaient déjà exprimé de "sérieux doutes" sur la volonté de l'Iran.

L'espoir européen de parvenir à un nouvel accord sur le nucléaire iranien est en passe de se dissiper face au régime de Téhéran accusé de poursuivre l'"escalade" de son programme.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a résumé lundi l'amertume des Européens en disant "regretter que l’Iran n’ait pas encore donné de réponse positive aux propositions des coordinateurs européens".

"Il n’y a aucune raison pour que l’Iran n’accepte pas ces propositions. Mais nous devons prendre note que c'est le cas et que cela (l'accord) n'arrivera certainement pas dans un proche avenir", a constaté le chancelier lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre israélien Yair Lapid.

Scholz dit "regretter" l'absence de "réponse positive" de l'Iran (AFP)

 

Après un an et demi de discussions destinées à relancer l'accord conclu en 2015 puis suspendu en 2018, Berlin, Londres et Paris avaient déjà exprimé samedi de "sérieux doutes" sur la réelle volonté de Téhéran.

Dans un communiqué, les trois pays européens ont accusé Téhéran de "poursuivre l'escalade de son programme nucléaire bien au-delà de ce qui pourrait être justifié de manière plausible pour des raisons civiles".

L'Iran, qui assure que son programme nucléaire est purement civil, a jugé "non constructive" cette déclaration qui a été en revanche saluée par le Premier ministre israélien Yair Lapid, lui-même opposé à la relance de l'accord.
Un pas "en arrière"

Pour M. Lapid, ces négociations tournent à "l'échec" et "n’atteindront pas l’objectif que nous partageons tous d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire".

La dernière réponse de l'Iran dans les négociations en cours est un pas "en arrière", a aussi estimé vendredi à Bruxelles le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

L'accord n'a "pas de sens" sans clore l'enquête de l'AIEA, estime le président iranien Ebrahim Raïssi (AFP)

 


Les pays européens reprochent à Téhéran de ne pas avoir répondu au "coordinateur du JCPOA (l'accord de 2015, ndlr) qui a présenté en août un ensemble de textes finaux qui devait permettre à l'Iran de remplir à nouveau ses obligations au titre du JCPOA et aux Etats-Unis de revenir à l'accord".

Mais Téhéran a de son côté demandé une nouvelle fois la clôture d'une enquête de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) concernant des traces d'uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés, ce que le patron de l'Agence, Rafael Grossi, refuse.
Campagne israélienne

C'est cette demande du régime iranien qui a fait naître de "sérieux doutes" du côté de Berlin, Londres et Paris concernant sa réelle volonté de relancer l'accord sur le nucléaire.

L'accord avait été conclu en 2015 avec Téhéran par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Chine et Russie) plus l'Allemagne.

Washington s'était retiré en 2018 de cet accord conclu entre Téhéran et les grandes puissances. Il est destiné à limiter le programme nucléaire iranien, en échange de la levée de sanctions américaines.

M. Lapid s'était rendu cet été à Paris pour évoquer ce dossier sensible avec le président français Emmanuel Macron et avait eu de nombreux échanges aussi avec des dirigeants américains, britanniques et allemands.

Israël mène "une campagne intensive" pour empêcher l'accord (AFP)

 

"Israël mène une campagne diplomatique fructueuse pour stopper l'accord nucléaire et empêcher la levée des sanctions contre l'Iran. Ce n'est pas encore fini, c'est un long chemin, mais il y a des signes encourageants", avait ajouté le Premier ministre dont le pays est majoritairement hostile à un retour à l'accord.

Le pacte de 2015 vise à empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique - un objectif qu'il a toujours nié poursuivre.

Mais à la suite du retrait des Etats-Unis et du rétablissement des sanctions américaines qui étouffent son économie, Téhéran s'est progressivement affranchi de ses obligations.

Ses stocks d'uranium enrichi dépassent désormais de plus de 19 fois la limite autorisée: à la date du 21 août, ils s'élevaient à 3.940,9 kg, contre 3.809,3 kg mi-mai, loin du plafond de 202,8 kilos auquel il s'était engagé initialement.

Avec AFP
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