©Photo Thomas Samson/AFP
La visite du président français Emmanuel Macron dans les pays du Golfe ne saurait se lire à travers le prisme des élections présidentielles françaises et/ou dans la perspective de contrats juteux - M. Macron en a d’ailleurs déjà signé quelques-uns. Cette visite constituerait un tournant stratégique dans la politique extérieure de la France en général et vis-à-vis du Moyen-Orient en particulier.
D’une part, la France n'a aucun intérêt à se lier à la politique d’une Amérique qui affiche de l’indifférence, de l’arrogance et même du mépris à l’égard de ses alliés, en sus des innombrables erreurs du président US Joe Biden en politique étrangère, mélange de naïveté politique, de fourberies et d’un humanisme sélectif et hypocrite.
D’autre part, Il ne reste plus grand intérêt pour les affairistes et les stratégistes occidentaux dans un Iran qui se dirige vers l'Est (l'accord stratégique irano-chinois de 25 ans, un accord stratégique irano-russe en cours de préparation, et l’entrée récente de l’Iran dans l'Organisation de coopération de Shanghaï). De surcroît, l'Iran lève la barre trop haut dans les négociations de Vienne. Même si ces pourparlers débouchent sur un accord, l'Occident n'y gagnerait pas grand-chose.
L'Arabie saoudite se considère comme «négligée» par un allié américain pivotant vers l’Asie-Pacifique, et qui se prépare à conclure un accord déficient et problématique avec un Iran incarnant pour une menace mortelle et à lâcher un Moyen-Orient «encombrant et inutile» pour lui. Partant, l’on comprend bien l’intérêt du prince héritier Mohammad ben Salman de contracter une solide alliance avec la France et, à travers elle, vraisemblablement avec l’Europe plus tard.
A cela vient s’ajouter le fait que Joe Biden refuse de rencontrer MBS, en raison des accusations qu’il porte a son encontre sur son implication dans l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Le partenariat français avec les pays du Golfe devient ainsi la porte d'entrée indispensable du retour de l'Occident à ses sens et à ses intérêts, à travers la consolidation de ses liens avec ses alliés traditionnels et puissants: au lieu de miser sur un Iran qui ne lui affiche qu’hostilité et mépris, l’heure est venue de renouer avec un Moyen-Orient qui lui ressemble.
Voici ce qui explique le changement radical de la politique de Paris à l’égard du Liban. Jusqu'à tout récemment, la politique de la France se caractérisait par sa complaisance à l’égard du fait accompli imposé par le Hezbollah au Liban. Elle limitait ses critiques à une classe politique libanaise crapuleuse, malfaisante et corrompue soumise au parti chiite, exigeant d’elle des réformes qu’elle est incapable de réaliser.
Cette politique tentait, en plaçant le Liban aux soins intensifs, d’éviter que sa situation ne se dégrade au point qu’il constitue une menace pour la sécurité, la stabilité et les intérêts des puissances dans la région. La France, et avec elle l’Occident, voulait surtout éviter de croiser le fer avec l’Iran au Liban, fer de lance de sa politique expansionniste, afin de ne pas perturber les négociations de Vienne.
Aujourd'hui, les espoirs pour l’Occident de réaliser des profits économiques substantiels avec l’Iran se sont estompés : soit que les négociations de Vienne échouent, soit qu’elles aboutissent à un nouvel accord peu lucratif et qui ferait de l’Iran un «État-limite» dans le domaine nucléaire. La France semble avoir compris l’enjeu et a pris conséquemment l'initiative dans le groupe des pays occidentaux de renverser la vapeur. La déclaration franco-saoudienne est représentative de ce virage stratégique de Paris.
Concernant la politique à l’égard du Liban, la déclaration commune la définit comme suit :
- Le gouvernement libanais devra mettre en œuvre des réformes globales, en particulier dans les secteurs des finances de l’Etat, de l'énergie, de la lutte contre la corruption et du contrôle des frontières.
- Engagement à mettre en œuvre l'accord de Taëf.
- Renforcement du rôle de l'armée libanaise dans le maintien de la sécurité et de la stabilité du Liban.
-Rétablissement du monopole de la violence légitime, les armes étant ainsi strictement limitées aux institutions étatiques légales.
- Le Liban ne doit être la source d'aucun acte terroriste déstabilisant la région et se doit de combattre l'exportation de la drogue à partir de son territoire.
- Le respect de la souveraineté et de l'unité du Liban conformément aux résolutions 1559, 1701 et 1680 du Conseil de sécurité.
Ce qui est à noter dans la déclaration, c'est qu'elle n'évoque ni de près ni de loin la tenue d'élections.
Il va sans dire que le gouvernement libanais est incapable et peu disposé à traiter positivement et effectivement ces points. Il tentera cependant de prendre des mesures formelles, ce qui ne répondra évidemment pas aux attentes de la France et des pays du Golfe.
Il n’en demeure pas moins que cette déclaration commune revêt à n’en point douter une importance stratégique, et constitue un premier pas sur la voie d'un changement de trajectoire dans la région, où les contradictions antagoniques entre et au sein des États et entités ont désormais atteint des niveaux élevés de dangerosité.
D’une part, la France n'a aucun intérêt à se lier à la politique d’une Amérique qui affiche de l’indifférence, de l’arrogance et même du mépris à l’égard de ses alliés, en sus des innombrables erreurs du président US Joe Biden en politique étrangère, mélange de naïveté politique, de fourberies et d’un humanisme sélectif et hypocrite.
D’autre part, Il ne reste plus grand intérêt pour les affairistes et les stratégistes occidentaux dans un Iran qui se dirige vers l'Est (l'accord stratégique irano-chinois de 25 ans, un accord stratégique irano-russe en cours de préparation, et l’entrée récente de l’Iran dans l'Organisation de coopération de Shanghaï). De surcroît, l'Iran lève la barre trop haut dans les négociations de Vienne. Même si ces pourparlers débouchent sur un accord, l'Occident n'y gagnerait pas grand-chose.
L'Arabie saoudite se considère comme «négligée» par un allié américain pivotant vers l’Asie-Pacifique, et qui se prépare à conclure un accord déficient et problématique avec un Iran incarnant pour une menace mortelle et à lâcher un Moyen-Orient «encombrant et inutile» pour lui. Partant, l’on comprend bien l’intérêt du prince héritier Mohammad ben Salman de contracter une solide alliance avec la France et, à travers elle, vraisemblablement avec l’Europe plus tard.
A cela vient s’ajouter le fait que Joe Biden refuse de rencontrer MBS, en raison des accusations qu’il porte a son encontre sur son implication dans l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Le partenariat français avec les pays du Golfe devient ainsi la porte d'entrée indispensable du retour de l'Occident à ses sens et à ses intérêts, à travers la consolidation de ses liens avec ses alliés traditionnels et puissants: au lieu de miser sur un Iran qui ne lui affiche qu’hostilité et mépris, l’heure est venue de renouer avec un Moyen-Orient qui lui ressemble.
Voici ce qui explique le changement radical de la politique de Paris à l’égard du Liban. Jusqu'à tout récemment, la politique de la France se caractérisait par sa complaisance à l’égard du fait accompli imposé par le Hezbollah au Liban. Elle limitait ses critiques à une classe politique libanaise crapuleuse, malfaisante et corrompue soumise au parti chiite, exigeant d’elle des réformes qu’elle est incapable de réaliser.
Cette politique tentait, en plaçant le Liban aux soins intensifs, d’éviter que sa situation ne se dégrade au point qu’il constitue une menace pour la sécurité, la stabilité et les intérêts des puissances dans la région. La France, et avec elle l’Occident, voulait surtout éviter de croiser le fer avec l’Iran au Liban, fer de lance de sa politique expansionniste, afin de ne pas perturber les négociations de Vienne.
Aujourd'hui, les espoirs pour l’Occident de réaliser des profits économiques substantiels avec l’Iran se sont estompés : soit que les négociations de Vienne échouent, soit qu’elles aboutissent à un nouvel accord peu lucratif et qui ferait de l’Iran un «État-limite» dans le domaine nucléaire. La France semble avoir compris l’enjeu et a pris conséquemment l'initiative dans le groupe des pays occidentaux de renverser la vapeur. La déclaration franco-saoudienne est représentative de ce virage stratégique de Paris.
Concernant la politique à l’égard du Liban, la déclaration commune la définit comme suit :
- Le gouvernement libanais devra mettre en œuvre des réformes globales, en particulier dans les secteurs des finances de l’Etat, de l'énergie, de la lutte contre la corruption et du contrôle des frontières.
- Engagement à mettre en œuvre l'accord de Taëf.
- Renforcement du rôle de l'armée libanaise dans le maintien de la sécurité et de la stabilité du Liban.
-Rétablissement du monopole de la violence légitime, les armes étant ainsi strictement limitées aux institutions étatiques légales.
- Le Liban ne doit être la source d'aucun acte terroriste déstabilisant la région et se doit de combattre l'exportation de la drogue à partir de son territoire.
- Le respect de la souveraineté et de l'unité du Liban conformément aux résolutions 1559, 1701 et 1680 du Conseil de sécurité.
Ce qui est à noter dans la déclaration, c'est qu'elle n'évoque ni de près ni de loin la tenue d'élections.
Il va sans dire que le gouvernement libanais est incapable et peu disposé à traiter positivement et effectivement ces points. Il tentera cependant de prendre des mesures formelles, ce qui ne répondra évidemment pas aux attentes de la France et des pays du Golfe.
Il n’en demeure pas moins que cette déclaration commune revêt à n’en point douter une importance stratégique, et constitue un premier pas sur la voie d'un changement de trajectoire dans la région, où les contradictions antagoniques entre et au sein des États et entités ont désormais atteint des niveaux élevés de dangerosité.
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