La politique de la chaise vide ne fonctionnera pas
©Ici Beyrouth

La chaise vide n’est pas une stratégie; c’est une fuite déguisée.

Tandis que la grande majorité souhaite un Liban fonctionnel, le Hezbollah persiste et signe dans sa politique de blocage destructeur. Mais elle ne peut plus fonctionner!

Depuis qu’elle a remplacé le tuteur syrien en 2005, la formation pro-iranienne n’a cessé de phagocyter les institutions, et a mis en place un système chronique de blocage des pouvoirs – exécutif, législatif et judiciaire. Or, cette époque est révolue: le Hezbollah n’a plus assez d’alliés – ou plutôt de sous-fifres – pour le soutenir dans ses aventures. Ils ne sont plus assez pour empêcher que les quorums soient atteints, et la milice est elle-même affaiblie pour prendre en otage l’État par la rue. 

Le Hezbollah a donc dû ressortir une nouvelle carte: la représentation chiite. Sorti du chapeau en 2006 – également après une guerre destructrice décidée par la milice sans prendre en compte la volonté de l’État – ce refus de reconnaître la légitimité d’un pouvoir ou d’une décision, en obligeant les représentants de cette communauté à se retirer, va à l’encontre de la Constitution, de la volonté de la majorité des Libanais mais surtout du principe de base de la démocratie.

Une démocratie se base, non seulement sur le principe de séparation des pouvoirs régaliens, mais surtout le principe du respect des résultats qui forment une majorité et une minorité. Une minorité qui a pleinement le droit de s’opposer aux politiques de la majorité, de les critiquer, de manifester son refus. Mais cette minorité n’a absolument pas le droit de refuser de reconnaître la légitimité d’une décision prise au sein des institutions, et encore moins le droit de menacer l’État de droit d’une guerre «à la Kerbala» avec des armes venues de l’étranger.

Même dans le cadre de la démocratie libanaise qualifiée de consensuelle ou consociationnelle, fondée sur le Pacte national de 1943 et l’accord de Taëf de 1989, l’absence de représentation d’une seule communauté ne suffit pas à rendre une politique ou une décision illégitime ou illégale. L’exemple de la séance du 7 août dernier l’illustre clairement: le gouvernement a pu adopter des décisions malgré le retrait des ministres chiites, un retrait qui n’a ni remis en cause le quorum des deux tiers requis pour la tenue du Conseil des ministres, ni enfreint le Pacte national.

ICI VOUS EXPLIQUE – 

 

Les textes sont clairs: les décisions doivent être consensuelles certes, donc prises par un collège représentatif islamo-chrétien. Aucun texte, ni le Pacte national, ni la Constitution de 1926 amendée à Taëf ne prévoit qu’une seule communauté religieuse puisse bloquer les institutions. Sinon, qu’est-ce qui empêcherait le seul ministre druze du gouvernement de bloquer toute décision qui ne lui convient pas?! 

Le problème auquel fait face aujourd’hui le Hezbollah, c’est son absence de conscience démocratique. Il ne peut pas et ne sait pas accepter la défaite, qu’elle soit politique ou militaire. Convaincu de toujours remporter des victoires divines, comment pourrait-il admettre l’éventualité d’un revers politique?

Le Hezbollah n’a qu’un seul moyen pour survivre politiquement: accepter les règles du jeu et s’y conformer. Il se condamnera sinon à sa propre perte, entraînant hélas le Liban avec lui.

 

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