Le ministre sortant de la Santé, Firas Abiad, a pris contact avec son homologue syrien, Hassan Mohammad al-Ghabash, pour discuter de l’état des blessés et de la possibilité de les rapatrier.
Dix-sept nouveaux corps ont été repêchés samedi portant à 94 le nombre de cadavres retrouvés depuis le naufrage jeudi au large des villes portuaires syriennes de Tartous et de Banias, d’un bateau transportant des migrants en partance du Liban, selon les médias officiels syriens.
"Le nombre de victimes du bateau qui a coulé au large de Tartous s’élève désormais à 94", a indiqué la télévision d’État syrienne samedi soir. Ce bilan était de 91 le matin. Parmi les 14 Libanais qui se trouvaient à bord, les corps de neuf seulement ont été retrouvés. D’après les autorités syriennes, près de 150 personnes, entre Libanais et réfugiés syriens et palestiniens, étaient à bord du bateau qui cherchait à atteindre les côtes européennes.
Un proche de la famille Tellaoui, frappée par la tragédie, a confirmé que le corps de deux petites filles de 7 et 9 ans, Maya et May Tellaoui, ainsi que le corps de leur frère de 10 ans, Ammar, ont été rapatriés et inhumés samedi dans le village de Qarqaf dans le Akkar.
Leur frère et leur mère sont toujours portés disparus. Leur père, Wissam Tellaoui, a survécu et est toujours aux soins intensifs dans l’hôpital de Tartous en Syrie. Ce matin, le corps d’une femme a été retrouvé et a fait l’objet de tests ADN pour confirmer son identité et déterminer s’il s’agit de la mère des quatre enfants. Quatre membres d’une autre famille du Akkar, les Akkari, parmi les passagers de l’embarcation sont également décédés. Dix-neuf migrants ont survécu au naufrage et 50 corps n’ont toujours pas été identifiés. Quatorze Libanais se trouvaient dans l’embarcation. Le décès de 9 d’entre eux a été confirmé. On est sans nouvelles des autres.
Le directeur de l’hôpital syrien al-Bassel, Iskandar Ammar, a confirmé dans un communiqué repris par l’Agence nationale d’information, que «le nombre de survivants admis aujourd’hui à l'hôpital (libanais et syriens NDLR) est de 14». «Deux d’entre eux sont aux soins intensifs, tandis que six sont sortis de l’hôpital et sont en bonne santé, a-t-il ajouté. Cinq autres patients ont été transférés des soins intensifs vers des services médicaux spécialisés où leur état devait être stabilisé. Un autre est sous respirateur.» Concernant les morts, M. Ammar a indiqué que «les procédures de rapatriement se poursuivent en fonction des règles, une fois que les corps sont identifiés par les familles».
Au Liban, on scrutait samedi avec inquiétude la moindre information provenant de Syrie où les recherches se poursuivaient dans l’espoir de retrouver des survivants. S’il est vrai que 150 personnes étaient à bord de l’embarcation qui a chaviré, au moins une trentaine restent portées disparues.
La Croix-Rouge libanaise a annoncé dans ce cadre que ses équipes sont toujours en stand-by depuis vendredi matin et qu’elle assure notamment le suivi du processus de transport des corps et des blessés. La C-RL s’emploie en outre à assurer le transport des familles des victimes, par le point de passage de Arida, jusqu’à l'hôpital d’al-Bassel pour qu’elles puissent identifier les corps, puis à prendre en charge l’accueil ainsi que le transport des survivants vers le territoire libanais. «Et cela dans les limites des moyens approuvés en coordination et coopération avec le Croissant-Rouge syrien qui a mis tout son potentiel pour aider», a ajouté la C-RL dans un communiqué, précisant qu’elle œuvre également en coordination avec la Sûreté générale libanaise, le ministère de la Santé publique et le Haut comité de secours.
La Croix-Rouge libanaise a en outre mis deux lignes téléphoniques: 71-910269 et 1760, à disposition des familles des victimes, ainsi qu’un service de soutien psychologique. Celui-ci est également accessible à toutes les personnes touchées par cette catastrophe.
Vendredi soir, ses équipes ont rapatrié neuf corps parmi les victimes du naufrage, après leur identification par leurs familles.
Parallèlement, le ministre sortant de la Santé, Firas Abiad, a pris contact avec son homologue syrien, Hassan Mohammad al-Ghabash, pour discuter de l’état des blessés et de la possibilité de les rapatrier. Une décision a été prise de fixer la date du retour en fonction de l’évolution de leur état de santé.
«Les hôpitaux gouvernementaux de Tripoli et d’Alep, ainsi que d'autres hôpitaux privés du nord, se sont préparés à recevoir les corps et poursuivre le traitement des blessés libanais aux frais du ministère de la Santé publique», a affirmé le Dr Abiad dans ce contexte.
Plusieurs personnalités avaient dénoncé ces derniers jours l’indifférence des autorités face au drame de la migration clandestine, un phénomène qui prend une ampleur inhabituelle. Parmi elles, le député Misbah Ahdab qui a écrit samedi sur son compte Twitter: «Tripoli pleure aujourd’hui ses enfants qui ont été forcés, à cause de la crise, à avoir recours aux bateaux de la mort, dirigés par des gangs criminels qui leur ont enlevé la vie après leur avoir promis de leur trouver une patrie alternative dans laquelle ils vivraient dignement.» «Qui se cache derrière les propriétaires de ces bateaux? Qui sont les instruments d’un projet de déplacement malveillant de la population, lequel vise à modifier la démographie de nos régions? Sont-ils hors de vue des forces de sécurité?» s’est-il interrogé.
Plus tôt dans la journée, le président du Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne du Liban, Farès Souhaid, a suggéré aux autorités libanaises de faire appel à la Finul pour un meilleur contrôle des eaux territoriales. Sur son compte Twitter, il a écrit que les récentes vagues de migration montrent qu’il s’agit d’une «opération organisée de trafic humain qui dépasse la capacité des autorités libanaises à la contrôler». Aussi, a-t-il appelé celles-ci à solliciter le concours de la Finul, «qui, sur base de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, peut aider à surveiller les eaux territoriales». L’ancien député les a également invitées à accélérer le processus de livraison de passeports aux Libanais et à s’efforcer d’identifier d’éventuelles motivations politiques derrière ce trafic.
Le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, avait déploré vendredi "une nouvelle tragédie", après ce naufrage, parmi les plus meurtriers survenus en Méditerranée orientale.
Près de 38 bateaux au bord desquels plus de 1.500 voyageurs ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par voie de mer, entre janvier et novembre 2021, selon l’ONU.
Une alternative que bien des Libanais, parmi les moins nantis dans les régions périphériques délaissées par l’État, considèrent comme la seule échappatoire à la misère qu’ils vivent depuis bien longtemps. Hommes, femmes et enfants embarquent dans les bateaux de la mort, rêvant d’un meilleur avenir de l’autre côté de la mer.
Tant que l’État ne mettra pas sur les rails un début de solution à cet enfer qu’est devenue pour beaucoup la vie au Liban, la mafia des bateaux de la mort n’a malheureusement pas fini d’écrire son histoire.
Dix-sept nouveaux corps ont été repêchés samedi portant à 94 le nombre de cadavres retrouvés depuis le naufrage jeudi au large des villes portuaires syriennes de Tartous et de Banias, d’un bateau transportant des migrants en partance du Liban, selon les médias officiels syriens.
"Le nombre de victimes du bateau qui a coulé au large de Tartous s’élève désormais à 94", a indiqué la télévision d’État syrienne samedi soir. Ce bilan était de 91 le matin. Parmi les 14 Libanais qui se trouvaient à bord, les corps de neuf seulement ont été retrouvés. D’après les autorités syriennes, près de 150 personnes, entre Libanais et réfugiés syriens et palestiniens, étaient à bord du bateau qui cherchait à atteindre les côtes européennes.
Un proche de la famille Tellaoui, frappée par la tragédie, a confirmé que le corps de deux petites filles de 7 et 9 ans, Maya et May Tellaoui, ainsi que le corps de leur frère de 10 ans, Ammar, ont été rapatriés et inhumés samedi dans le village de Qarqaf dans le Akkar.
Leur frère et leur mère sont toujours portés disparus. Leur père, Wissam Tellaoui, a survécu et est toujours aux soins intensifs dans l’hôpital de Tartous en Syrie. Ce matin, le corps d’une femme a été retrouvé et a fait l’objet de tests ADN pour confirmer son identité et déterminer s’il s’agit de la mère des quatre enfants. Quatre membres d’une autre famille du Akkar, les Akkari, parmi les passagers de l’embarcation sont également décédés. Dix-neuf migrants ont survécu au naufrage et 50 corps n’ont toujours pas été identifiés. Quatorze Libanais se trouvaient dans l’embarcation. Le décès de 9 d’entre eux a été confirmé. On est sans nouvelles des autres.
Le directeur de l’hôpital syrien al-Bassel, Iskandar Ammar, a confirmé dans un communiqué repris par l’Agence nationale d’information, que «le nombre de survivants admis aujourd’hui à l'hôpital (libanais et syriens NDLR) est de 14». «Deux d’entre eux sont aux soins intensifs, tandis que six sont sortis de l’hôpital et sont en bonne santé, a-t-il ajouté. Cinq autres patients ont été transférés des soins intensifs vers des services médicaux spécialisés où leur état devait être stabilisé. Un autre est sous respirateur.» Concernant les morts, M. Ammar a indiqué que «les procédures de rapatriement se poursuivent en fonction des règles, une fois que les corps sont identifiés par les familles».
Au Liban, on scrutait samedi avec inquiétude la moindre information provenant de Syrie où les recherches se poursuivaient dans l’espoir de retrouver des survivants. S’il est vrai que 150 personnes étaient à bord de l’embarcation qui a chaviré, au moins une trentaine restent portées disparues.
La Croix-Rouge libanaise a annoncé dans ce cadre que ses équipes sont toujours en stand-by depuis vendredi matin et qu’elle assure notamment le suivi du processus de transport des corps et des blessés. La C-RL s’emploie en outre à assurer le transport des familles des victimes, par le point de passage de Arida, jusqu’à l'hôpital d’al-Bassel pour qu’elles puissent identifier les corps, puis à prendre en charge l’accueil ainsi que le transport des survivants vers le territoire libanais. «Et cela dans les limites des moyens approuvés en coordination et coopération avec le Croissant-Rouge syrien qui a mis tout son potentiel pour aider», a ajouté la C-RL dans un communiqué, précisant qu’elle œuvre également en coordination avec la Sûreté générale libanaise, le ministère de la Santé publique et le Haut comité de secours.
La Croix-Rouge libanaise a en outre mis deux lignes téléphoniques: 71-910269 et 1760, à disposition des familles des victimes, ainsi qu’un service de soutien psychologique. Celui-ci est également accessible à toutes les personnes touchées par cette catastrophe.
Vendredi soir, ses équipes ont rapatrié neuf corps parmi les victimes du naufrage, après leur identification par leurs familles.
Parallèlement, le ministre sortant de la Santé, Firas Abiad, a pris contact avec son homologue syrien, Hassan Mohammad al-Ghabash, pour discuter de l’état des blessés et de la possibilité de les rapatrier. Une décision a été prise de fixer la date du retour en fonction de l’évolution de leur état de santé.
«Les hôpitaux gouvernementaux de Tripoli et d’Alep, ainsi que d'autres hôpitaux privés du nord, se sont préparés à recevoir les corps et poursuivre le traitement des blessés libanais aux frais du ministère de la Santé publique», a affirmé le Dr Abiad dans ce contexte.
Plusieurs personnalités avaient dénoncé ces derniers jours l’indifférence des autorités face au drame de la migration clandestine, un phénomène qui prend une ampleur inhabituelle. Parmi elles, le député Misbah Ahdab qui a écrit samedi sur son compte Twitter: «Tripoli pleure aujourd’hui ses enfants qui ont été forcés, à cause de la crise, à avoir recours aux bateaux de la mort, dirigés par des gangs criminels qui leur ont enlevé la vie après leur avoir promis de leur trouver une patrie alternative dans laquelle ils vivraient dignement.» «Qui se cache derrière les propriétaires de ces bateaux? Qui sont les instruments d’un projet de déplacement malveillant de la population, lequel vise à modifier la démographie de nos régions? Sont-ils hors de vue des forces de sécurité?» s’est-il interrogé.
Plus tôt dans la journée, le président du Conseil national pour la levée de l’occupation iranienne du Liban, Farès Souhaid, a suggéré aux autorités libanaises de faire appel à la Finul pour un meilleur contrôle des eaux territoriales. Sur son compte Twitter, il a écrit que les récentes vagues de migration montrent qu’il s’agit d’une «opération organisée de trafic humain qui dépasse la capacité des autorités libanaises à la contrôler». Aussi, a-t-il appelé celles-ci à solliciter le concours de la Finul, «qui, sur base de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, peut aider à surveiller les eaux territoriales». L’ancien député les a également invitées à accélérer le processus de livraison de passeports aux Libanais et à s’efforcer d’identifier d’éventuelles motivations politiques derrière ce trafic.
Le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, avait déploré vendredi "une nouvelle tragédie", après ce naufrage, parmi les plus meurtriers survenus en Méditerranée orientale.
Près de 38 bateaux au bord desquels plus de 1.500 voyageurs ont quitté ou tenté de quitter illégalement le Liban par voie de mer, entre janvier et novembre 2021, selon l’ONU.
Une alternative que bien des Libanais, parmi les moins nantis dans les régions périphériques délaissées par l’État, considèrent comme la seule échappatoire à la misère qu’ils vivent depuis bien longtemps. Hommes, femmes et enfants embarquent dans les bateaux de la mort, rêvant d’un meilleur avenir de l’autre côté de la mer.
Tant que l’État ne mettra pas sur les rails un début de solution à cet enfer qu’est devenue pour beaucoup la vie au Liban, la mafia des bateaux de la mort n’a malheureusement pas fini d’écrire son histoire.
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