L’ancien secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires du Moyen-Orient David Schenker a accordé dimanche un entretien axé sur le Liban au quotidien al-Chark, dans lequel il attaque ouvertement les responsables libanais, les accusant d’avoir largement contribué à la crise politique et économique que traverse le pays.
L’ancien secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires du Moyen-Orient David Schenker a appelé les Libanais à s’unir face au Hezbollah, soulignant à cet effet que "l’Iran est un pays en faillite, qui n’a rien à offrir au Liban", dans le cadre d’un entretien explosif accordé dimanche matin au quotidien al-Chark.
Le diplomate américain s’est penché sur plusieurs dossiers politiques libanais, lançant des propos incendiaires en direction du gouvernement, du Hezbollah, du président sortant Michel Aoun ainsi que de son gendre et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil.
Le rôle des États-Unis au Liban
Interrogé sur le rôle joué par les États-Unis au Liban, David Schenker n’y est pas allé par quatre chemins: "Il est grand temps que les factions libanaises assument la responsabilité de leur échec au lieu de blâmer les pays étrangers – comme les États-Unis – d’avoir causé tous ces maux". Et d’ajouter: "Gebran Bassil, par exemple, m’accuse de l’avoir fait perdre des sièges au Parlement lors des dernières législatives, en finançant des candidats de l’opposition. Ces accusations sont scandaleuses, d’autant plus que je ne fais plus partie de l’administration américaine depuis presque deux ans!" s’est-il indigné. "En tout cas, Gebran Bassil et le Hezbollah sont persuadés que je suis à la tête d’un complot américain les visant directement. Ils racontent à qui veut bien les entendre que les États-Unis sont responsables de l’effondrement du système bancaire à cause des sanctions qui leur auraient été imposées, alors que seule la Jammal Trust Bank a été sanctionnée", a rappelé M. Schenker. "L’administration américaine n’a absolument rien avoir avec la crise libanaise", a-t-il insisté.
La délimitation de la frontière maritime avec Israël
Abordant le sujet des négociations indirectes avec Israël sur la démarcation de la frontière maritime, David Schenker a estimé que le dernier discours du secrétaire-général du Hezbollah Hassan Nasrallah a donné le feu vert au gouvernement libanais pour signer l’accord avec l’État hébreu. "D’après mes informations, le Liban a pu obtenir presque 100% de ses revendications, quoiqu’il existe encore quelques petits points de discorde qui seront facilement résolus", a-t-il estimé. "Le Hezbollah présentera la signature de l’accord comme étant la "deuxième victoire divine" (en référence à la première, revendiquée par le Hezbollah après "la guerre de juillet de 2006", après la cessation des hostilités avec Israël), a lancé ironiquement l'ancien responsable américain. Et d’ajouter: "Nous ne savons toujours pas ce que contiennent les blocs 9 et 10, ainsi que le champ de Cana, mais je crois que le Hezbollah ne bloquera pas cet accord, car il est conscient des souffrances du peuple".
Évoquant la conclusion de l’accord, l’ancien secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires du Moyen-Orient a assuré que "la signature se fera très bientôt, en dépit du fait qu’aucun changement ne sera réalisé dans le paysage politique libanais".
Le fuel iranien
Interrogé sur l’importation du fuel iranien, et sur la probabilité qu’elle fasse l’objet de sanctions américaines, M. Schenker a répondu que "l’administration du président américain Joe Biden ne sanctionnera pas le Liban". "Deux navires transportant du fuel iranien sont arrivés et leur cargaison a été acheminée par la Syrie, et ceci a été considéré comme un exploit, entre autres par Hassan Nasrallah, qui a annoncé que ce carburant sauvera le Liban alors que la quantité reçue n’a suffi que pour trois jours", a-t-il ironisé. "C’est vraiment pathétique! En tout cas, c’est tout ce que l’Iran à offrir. C’est un pays en faillite, et son peuple meurt de faim", a-t-il poursuivi.
La corruption et l’effondrement de l’État libanais
David Schenker a également répondu à une question portant sur l’effondrement de l’État libanais, expliquant que "le gouvernement, le Hezbollah et la corruption sont les principaux responsables de la pire crise économique que traverse le Liban". "Le gouvernement n’a pris aucune décision et a conclu des marchés entachés de corruption; le secteur de l’électricité en est la plus grande preuve. Le Hezbollah, quant à lui, a largement profité de l’absence de l’État, de la corruption et du système bancaire pour blanchir de l’argent et financer ses opérations de production et de distribution de Captagon. Pour ce qui est de la corruption, elle est omniprésente et constamment alimentée par des compromis", a énuméré l’ancien responsable américain. "Les États-Unis procurent des aides au Liban, mais jamais par le biais de son gouvernement, car personne ne lui fait confiance", a-t-il souligné. "Personne ne veut aider le Liban et personne ne le fera, tant qu’il refuse lui-même de le faire. De surcroît, la politique de "l’État dans l’État" imposée par le Hezbollah n’aide pas la cause du Liban et empêche la communauté internationale d’avoir confiance en ce pays", a indiqué M. Schenker.
Le Hezbollah
Interrogé sur l’avenir du Hezbollah au Liban, David Schenker s’est violemment attaqué à la formation chiite: "C’est une organisation terroriste qui se fait appeler la "Résistance islamiste au Liban", au lieu de la "Résistance islamiste libanaise". C’est une annexe iranienne implantée au Liban. Si le peuple iranien parvient à faire face à son régime sur le plan interne, alors cela affectera directement le Hezbollah de façon permanente", a-t-il martelé.
L’élection présidentielle
Sollicité pour donner son avis sur la possibilité de voir Gebran Bassil accéder à la magistrature suprême, alors qu’il fait l’objet de sanctions américaines, le diplomate n’a pas écarté ce scénario. "Les Iraniens ont élu Ibrahim Raïssi président, en dépit du fait qu’il ait tué des milliers de civils. Je ne vois pas pourquoi il ne serait pas possible d’élire Gebran Bassil président, si les Libanais le souhaitent. Cette décision leur revient entièrement. Ce sera le deuxième président élu, allié du Hezbollah, et cela constituera un signe révélateur dangereux", a-t-il prévenu. "D’ailleurs, beaucoup de voix aux États-Unis s’opposent à aider le Liban justement parce qu’ils le considèrent entièrement sous l’emprise du Hezbollah", a confié M. Schenker.
Abordant les rumeurs qui circulent autour de la fin du mandat du président de la République Michel Aoun, David Schenker a fait part de son inquiétude face à l’éventualité de voir le président sortant rester au palais de Baabda, après le 31 octobre. "Ce cas de figure est très plausible. Il se peut que le président Aoun refuse de quitter le palais présidentiel et l’occupe par la force. Quoique cela se reflètera très négativement sur le Liban", a-t-il assuré.
Les 13 députés du changement
Ils sont désormais connus sous le nom du "bloc de Schenker", a plaisanté le diplomate, en faisant référence aux 13 députés issus du mouvement du 17 octobre 2019. "Je n’ai aucune relation avec eux, d’ailleurs je les surnomme "les narcissistes". Je ne les ai jamais rencontrés, même lorsque je me trouvais au Liban lors de mes déplacements en tant qu’officiel américain", a-t-il précisé. "J’ai beaucoup d’amis au Liban, mais ils n’en font pas partie", a-t-il conclu.
L’ancien secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires du Moyen-Orient David Schenker a appelé les Libanais à s’unir face au Hezbollah, soulignant à cet effet que "l’Iran est un pays en faillite, qui n’a rien à offrir au Liban", dans le cadre d’un entretien explosif accordé dimanche matin au quotidien al-Chark.
Le diplomate américain s’est penché sur plusieurs dossiers politiques libanais, lançant des propos incendiaires en direction du gouvernement, du Hezbollah, du président sortant Michel Aoun ainsi que de son gendre et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil.
Le rôle des États-Unis au Liban
Interrogé sur le rôle joué par les États-Unis au Liban, David Schenker n’y est pas allé par quatre chemins: "Il est grand temps que les factions libanaises assument la responsabilité de leur échec au lieu de blâmer les pays étrangers – comme les États-Unis – d’avoir causé tous ces maux". Et d’ajouter: "Gebran Bassil, par exemple, m’accuse de l’avoir fait perdre des sièges au Parlement lors des dernières législatives, en finançant des candidats de l’opposition. Ces accusations sont scandaleuses, d’autant plus que je ne fais plus partie de l’administration américaine depuis presque deux ans!" s’est-il indigné. "En tout cas, Gebran Bassil et le Hezbollah sont persuadés que je suis à la tête d’un complot américain les visant directement. Ils racontent à qui veut bien les entendre que les États-Unis sont responsables de l’effondrement du système bancaire à cause des sanctions qui leur auraient été imposées, alors que seule la Jammal Trust Bank a été sanctionnée", a rappelé M. Schenker. "L’administration américaine n’a absolument rien avoir avec la crise libanaise", a-t-il insisté.
La délimitation de la frontière maritime avec Israël
Abordant le sujet des négociations indirectes avec Israël sur la démarcation de la frontière maritime, David Schenker a estimé que le dernier discours du secrétaire-général du Hezbollah Hassan Nasrallah a donné le feu vert au gouvernement libanais pour signer l’accord avec l’État hébreu. "D’après mes informations, le Liban a pu obtenir presque 100% de ses revendications, quoiqu’il existe encore quelques petits points de discorde qui seront facilement résolus", a-t-il estimé. "Le Hezbollah présentera la signature de l’accord comme étant la "deuxième victoire divine" (en référence à la première, revendiquée par le Hezbollah après "la guerre de juillet de 2006", après la cessation des hostilités avec Israël), a lancé ironiquement l'ancien responsable américain. Et d’ajouter: "Nous ne savons toujours pas ce que contiennent les blocs 9 et 10, ainsi que le champ de Cana, mais je crois que le Hezbollah ne bloquera pas cet accord, car il est conscient des souffrances du peuple".
Évoquant la conclusion de l’accord, l’ancien secrétaire d’État adjoint américain pour les affaires du Moyen-Orient a assuré que "la signature se fera très bientôt, en dépit du fait qu’aucun changement ne sera réalisé dans le paysage politique libanais".
Le fuel iranien
Interrogé sur l’importation du fuel iranien, et sur la probabilité qu’elle fasse l’objet de sanctions américaines, M. Schenker a répondu que "l’administration du président américain Joe Biden ne sanctionnera pas le Liban". "Deux navires transportant du fuel iranien sont arrivés et leur cargaison a été acheminée par la Syrie, et ceci a été considéré comme un exploit, entre autres par Hassan Nasrallah, qui a annoncé que ce carburant sauvera le Liban alors que la quantité reçue n’a suffi que pour trois jours", a-t-il ironisé. "C’est vraiment pathétique! En tout cas, c’est tout ce que l’Iran à offrir. C’est un pays en faillite, et son peuple meurt de faim", a-t-il poursuivi.
La corruption et l’effondrement de l’État libanais
David Schenker a également répondu à une question portant sur l’effondrement de l’État libanais, expliquant que "le gouvernement, le Hezbollah et la corruption sont les principaux responsables de la pire crise économique que traverse le Liban". "Le gouvernement n’a pris aucune décision et a conclu des marchés entachés de corruption; le secteur de l’électricité en est la plus grande preuve. Le Hezbollah, quant à lui, a largement profité de l’absence de l’État, de la corruption et du système bancaire pour blanchir de l’argent et financer ses opérations de production et de distribution de Captagon. Pour ce qui est de la corruption, elle est omniprésente et constamment alimentée par des compromis", a énuméré l’ancien responsable américain. "Les États-Unis procurent des aides au Liban, mais jamais par le biais de son gouvernement, car personne ne lui fait confiance", a-t-il souligné. "Personne ne veut aider le Liban et personne ne le fera, tant qu’il refuse lui-même de le faire. De surcroît, la politique de "l’État dans l’État" imposée par le Hezbollah n’aide pas la cause du Liban et empêche la communauté internationale d’avoir confiance en ce pays", a indiqué M. Schenker.
Le Hezbollah
Interrogé sur l’avenir du Hezbollah au Liban, David Schenker s’est violemment attaqué à la formation chiite: "C’est une organisation terroriste qui se fait appeler la "Résistance islamiste au Liban", au lieu de la "Résistance islamiste libanaise". C’est une annexe iranienne implantée au Liban. Si le peuple iranien parvient à faire face à son régime sur le plan interne, alors cela affectera directement le Hezbollah de façon permanente", a-t-il martelé.
L’élection présidentielle
Sollicité pour donner son avis sur la possibilité de voir Gebran Bassil accéder à la magistrature suprême, alors qu’il fait l’objet de sanctions américaines, le diplomate n’a pas écarté ce scénario. "Les Iraniens ont élu Ibrahim Raïssi président, en dépit du fait qu’il ait tué des milliers de civils. Je ne vois pas pourquoi il ne serait pas possible d’élire Gebran Bassil président, si les Libanais le souhaitent. Cette décision leur revient entièrement. Ce sera le deuxième président élu, allié du Hezbollah, et cela constituera un signe révélateur dangereux", a-t-il prévenu. "D’ailleurs, beaucoup de voix aux États-Unis s’opposent à aider le Liban justement parce qu’ils le considèrent entièrement sous l’emprise du Hezbollah", a confié M. Schenker.
Abordant les rumeurs qui circulent autour de la fin du mandat du président de la République Michel Aoun, David Schenker a fait part de son inquiétude face à l’éventualité de voir le président sortant rester au palais de Baabda, après le 31 octobre. "Ce cas de figure est très plausible. Il se peut que le président Aoun refuse de quitter le palais présidentiel et l’occupe par la force. Quoique cela se reflètera très négativement sur le Liban", a-t-il assuré.
Les 13 députés du changement
Ils sont désormais connus sous le nom du "bloc de Schenker", a plaisanté le diplomate, en faisant référence aux 13 députés issus du mouvement du 17 octobre 2019. "Je n’ai aucune relation avec eux, d’ailleurs je les surnomme "les narcissistes". Je ne les ai jamais rencontrés, même lorsque je me trouvais au Liban lors de mes déplacements en tant qu’officiel américain", a-t-il précisé. "J’ai beaucoup d’amis au Liban, mais ils n’en font pas partie", a-t-il conclu.
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