La réunion tripartite à Aïn al-Tiné entre le président du Parlement, Nabih Berry, le Premier ministre sortant, Najib Mikati, et l’ancien leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a relancé les discussions sur les candidats potentiels à la présidence de la République. L’attention se porte désormais sur la recherche d’un nom capable de rassembler 86 députés, le seuil nécessaire pour obtenir une majorité en sa faveur lors du vote.
Le site Internet Axios a rapporté vendredi, citant des responsables américains, que les États-Unis et la France soutiennent la candidature du commandant de l'armée, le général Joseph Aoun, à la présidence de la République. Au Liban, la divulgation du nom du général Aoun a été interprétée par certains comme un signe que les puissances internationales et arabes engagées dans le dossier libanais, notamment le Quintette, sont favorables à son accession à la présidence de la République.
Parmi les noms qui circulent pour la présidence de la République figurent le général Elias Bayssari, l'ancien ministre des Affaires étrangères Nassif Hitti, l'ancien président du Conseil constitutionnel Issam Sleiman, l'ex-ambassadeur au Vatican, le général de brigade Georges Khoury, ainsi que les députés Ibrahim Kanaan et Neemat Frem. Par ailleurs, il est également possible que les Forces libanaises annoncent la candidature de la députée Sethrida Geagea à ce poste.
Malgré la multiplication des noms, la question de la présidentielle reste complexe. Les consultations ou le dialogue évoqués, dont les contours demeurent flous, visent à réduire la liste des candidats à deux, au mieux. Le président du Parlement, Nabih Berry, espère parvenir à un consensus autour d’un candidat unique, bien qu’il sache que son favori, le chef des Marada, Sleiman Frangié, ne parviendra pas à réunir l’unanimité nécessaire et sera de facto écarté de la course à la présidence, à moins que le Hezbollah ne maintienne son soutien à sa candidature, en revendiquant le droit d’imposer un président à l’issue de la bataille en cours avec Israël, que le parti considère comme une opportunité d’obtenir, quelle qu’en soit l’issue, une nouvelle victoire.
Des sources proches de la scène politique libanaise ont indiqué que les spéculations concernant un règlement imminent de la question présidentielle ne reflètent pas la réalité, malgré tout le bruit médiatique. En effet, de nombreuses forces politiques préfèrent désormais attendre que l'issue de la bataille militaire se clarifie afin de mieux comprendre le sort qui attend le Liban. Elles estiment qu'une élection présidentielle précipitée ne répondrait pas aux aspirations des Libanais en matière de stabilité, de calme, de progrès et de prospérité. Un président élu dans ce contexte, même s'il parvenait à former un gouvernement en pleine guerre, ne disposerait d'aucune réelle marge de manœuvre, notamment en ce qui concerne les décisions cruciales de guerre et de paix. Ces décisions seraient plutôt dictées par le ministre iranien des Affaires étrangères ou son représentant, qui tient les rênes du pouvoir au Liban.
De mêmes sources, on souligne que l'élection du président de la République devrait idéalement s'accompagner d'un accord de cessez-le-feu durable, garantissant la tranquillité à la frontière sud et établissant des arrangements de sécurité pour prévenir toute escalade future, conformément à la résolution 1701 ou à d'autres dispositions similaires. Par conséquent, le pays a besoin d'un président et d'un gouvernement capables de prendre les décisions de guerre et de paix, de définir la politique étrangère du Liban en fonction des intérêts de la nation et de son peuple, et d’instaurer un État de droit capable d’imposer sa loi à tous. Il est essentiel que les politiciens respectent la Constitution afin de mettre fin à la politique d’obstruction et à l’impasse qui paralysent le pays.
Commentaires