À entendre le numéro deux du Hezbollah, la victoire est… proche! Les souffrances des réfugiés font partie du sacrifice pour la «cause palestinienne», le moral est au top et les Israéliens sont en quasi-perdition. De l’autre côté de la frontière, des responsables préviennent les habitants du Nord qu’ils vont bientôt pouvoir rentrer chez eux. Qui croire? Personne en fait. Parce que, dans la réalité, les enjeux sont tels que personne ne contrôle vraiment la situation.
L’aéroport de Beyrouth est devenu le hub des malheurs, entre ceux qui prennent d’assaut les avions pour partir, les étrangers évacués par leurs pays et le ballet des aides médicales.
Voilà le sort du Liban, 1,2 million de déplacés, des destructions massives, plus de 2.000 morts officiels. Les plans d’urgence concoctés par le gouvernement ont intérêt à exister sur le papier, mais sont totalement inadaptés à la situation. Les députés du pays font des navettes stériles pour trouver le nom de celui qui irait à Baabda. Mais, malgré la guerre, pas d’union nationale, ni d’avancées pourtant vitales. Ce n’est pas le bon timing, nous dit-on. Pour un cessez-le-feu, non plus, il semble que le timing ne corresponde pas. La diplomatie internationale se limite à de l’humanitaire. Que va-t-il se passer?
Il semble que l’Iran ne soit pas prêt à renoncer à la carte libanaise, malgré le (très) faible soutien concret que Téhéran fournit à ses proxys. Dans la communauté chiite (et évidemment ailleurs), des voix, timides, commencent à se demander si c’était une si bonne idée cette histoire d’unité des fronts. Parce que, malgré ce que disent les concepteurs de cette philosophie, le sauvetage de Gaza ne saute pas aux yeux. La destruction du Liban, si.
Vous me direz: quelle est la réponse à la question que je pose, à savoir, que va-t-il se passer? La règle du «rasoir d’Occam» qui recommande de ne pas multiplier les hypothèses par nécessité, s’applique.
Il est très probable que les choses vont s’aggraver. Probable aussi que les Israéliens finiront par lancer une offensive terrestre. Tout aussi probable par ailleurs que les dirigeants libanais seront incapables d’élire un président, ce qui serait pourtant la moindre des choses. Du sang et des larmes, avait promis Churchill à son peuple. Il lui avait offert la victoire sur la barbarie nazie. Le petit souci, c’est que les Churchill en turban ou en costume sont légion dans la région. Mais aucun n’en a l’étoffe. Du sang et des larmes, les Libanais en ont assez.
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