Le numéro 2 du Hezbollah, Naïm Qassem, a estimé que les conditions d’un cessez-le-feu devraient être discutées une fois que celui-ci sera instauré.
Le numéro 2 du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, a réaffirmé que sa formation est favorable à un cessez-le-feu avec Israël. Il a cependant mis en garde, indirectement et sans le nommer, son allié, le président de la Chambre, Nabih Berry, contre un cessez-le-feu conditionné. “Il est prématuré de discuter des détails”, a-t-il averti.
Dans une allocution télédiffusée qui marque le premier anniversaire de l’ouverture du front sud avec Israël, le 8 octobre 2023, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, s’est employé encore une fois à rassurer sa base sur une victoire prochaine et à justifier, face à sa base et à ses détracteurs, la guerre que sa formation a imposée au Liban, au service de l’Iran. Avec, au passage, des messages à son allié, le mouvement Amal de Nabih Berry.
Sa logique, avancée principalement pour justifier les destructions terribles et les vies fauchées inutilement au Liban, est la suivante: si nous n’avions pas attaqué en premier, Tel Aviv l’aurait fait tôt ou tard.
Comme lors de son premier discours, le 30 septembre 2024, trois jours après l’assassinat du secrétaire général du Hezb, Hassan Nasrallah, Naïm Qassem est apparu sur le petit écran, dans une pièce sombre. Seul le visage, filmé en gros plan, est éclairé. Derrière lui, des rideaux épais, de couleur sombre, ne dévoilent aucun détail sur le lieu où il se trouve.
D’emblée, il a rendu un vibrant hommage à Hassan Nasrallah, “dont le parcours et le discours continuent d’inspirer nos combattants et de les encourager à poursuivre la résistance”, avant d’assurer que sa formation “ne capitulera pas en dépit de tout ce qui est entrepris pour lui faire peur”. “Nous ne craignons rien. Nous sommes les enfants du maître de l’axe de la résistance, sayyed Hassan Nasrallah”, a-t-il dit, suivant une rhétorique censée entretenir la fibre guerrière de ses combattants.
Il a évoqué, indirectement, les efforts pour un arrêt des hostilités, tout en mettant en garde, quoique de manière vague, contre des conditions qui engageraient sa formation, interpellant curieusement à ce sujet Nabih Berry, qui se trouve au centre des contacts pour un règlement.
Dans ce contexte, cheikh Qassem a commencé par relever que le Hezb et Amal sont sur la même longueur d’ondes, avant d’affirmer. “Nous soutenons les démarches entreprises (par Nabih Berry) pour un cessez-le-feu, mais il est encore tôt pour décider des détails qui doivent s’y associer”. “Lorsque la diplomatie parviendra à instaurer une trêve, tous les autres détails seront discutés et décidés. N’évoquez pas de détails tant qu’un cessez-le-feu n’est pas établi. Sinon, c’est le terrain qui va trancher”, a-t-il averti.
“C’est une guerre qui va déboucher sur un vainqueur et un vaincu, et nous ne serons pas les premiers à pousser”, a-t-il encore prévenu.
Abordant par ailleurs l’attaque meurtrière du Déluge d’al-Aqsa, menée par le Hamas palestinien contre Israël le 7 octobre 2023, il l’a présentée comme “un événement exceptionnel qui constitue un début de changement au Moyen-Orient”. “Il s’agit d’une opération légitime, car dirigée contre une occupation de plus de 75 ans”, a-t-il ajouté, critiquant une “riposte disproportionnée” dont l’objectif, selon lui, est de “mettre fin à la résistance et d’éliminer le peuple palestinien”.
“Les crimes de guerres israéliens sont flagrants. Ils relèvent de l’homicide volontaire, soutenus par les États-Unis dès le départ”, a poursuivi cheikh Qassem qui s’en est pris violemment à Washington ainsi qu’à “une partie de l’Europe”. Selon lui, “ces deux camps sont des partenaires essentiels des crimes commis par Israël”. “Sans leur soutien, la guerre se serait arrêtée en un mois, car Israël n’est pas capable de faire face, seul, à la Résistance”, a-t-il ajouté, avant de dresser un bilan des victimes humaines à Gaza.
Il s’est dit persuadé que “les Palestiniens et la Résistance ne peuvent pas être vaincus”, estimant qu’“Israël est un danger pour toute la région”.
Deux objectifs pour le front sud
Naïm Qassem a essayé encore une fois de justifier le “front de soutien” sud avec Gaza. Selon lui, celui-ci a deux objectifs: “aider les Palestiniens à vaincre et défendre le Liban et son peuple”, en omettant bien entendu de préciser qu’à aucun moment, les Libanais n’ont mandaté le Hezbollah pour les protéger ni été consultés sur l’opportunité de ce front sud.
“Israël allait de toute façon attaquer le Liban. (Le Premier ministre israélien, Benjamin) Netanyahou n’avait-il pas dit qu’il voulait un nouveau Moyen-Orient”? s’est-t-il interrogé, en citant des extraits de discours de ce dernier et de son ministre de la Défense, Yoav Gallant au sujet d’“un nouveau Moyen-Orient”.
“Ils veulent éliminer tous ceux qui se dressent devant eux et assujettir les peuples de la région”, a-t-il averti, estimant que “le front de soutien a réussi à épuiser l’ennemi pendant 11 mois et à chasser les colons, devenus un fardeau pour Tel Aviv”.
“Des milliers d’Israéliens vivent dans l’inquiétude. Leur économie est à plat. Les pertes de l’ennemi sont énormes, mais il n’ose pas l’avouer”. Un bilan qui s’applique malheureusement tout autant au Liban, mais que Naïm Qassem n’a pas jugé bon de mentionner, sauf en ce qui concerne les déplacés.
“La guerre que l’ennemi a lancée contre nous n’entamera pas notre détermination. Nos exploits quotidiens sont énormes. Nous frappons dur et nos capacités militaires se portent bien, contrairement à ce qu’avance l’ennemi”, a-t-il dit. Il a minimisé l’importance des raids menés contre les caches d’armes de sa formation et insisté sur “la cohésion” de ses combattants, de son directoire et de sa base. “La base reste unifiée et solidaire. Il est vrai qu’il y a un exode massif des villages ciblés et que les déplacés vivent dans des conditions difficiles; cela constitue un problème et une pression, mais c’est un sacrifice qui fait partie de la bataille”, a-t-il avancé, faisant état des efforts menés avec l’État pour atténuer l’impact de cet exode sur les populations civiles.
Le numéro 2 du Hezb a salué “l’unité nationale manifestée par les Libanais, toutes appartenances régionales et communautaires confondues, qui s’est exprimée par l’assistance fournie aux déplacés”. Il a remercié ceux qui les ont accueillis, estimant que cet élan de solidarité “renforcera l’unité nationale à l’avenir”.
La recomposition du Hezb
Comme lors de son premier discours, il a rassuré au sujet de la recomposition du directoire du Hezbollah, pratiquement décapité par Israël, affirmant que tous les postes “laissés vacants à cause des raids israéliens ont été comblés par des commandants qui ont la même expérience que ceux qui ont été éliminés ou qui s’en rapprochent”.
Quant à la nomination d’un nouveau secrétaire général, elle devra se faire, selon lui, “suivant les mécanismes réguliers”, sans toutefois avancer de date. “Les conditions sont difficiles et nous voulons réaliser cette échéance correctement”, a-t-il dit.
Évoquant le rôle de l’Iran, cheikh Qassem a indiqué qu’il consiste à “aider à la destruction de cette tumeur cancéreuse qu’est Israël, à travers son soutien à toutes les forces de résistance” S’adressant à ses détracteurs, il leur a lancé: “Qu’avez-vous fait pour aider les Palestiniens? Rien”. Selon lui, “la bataille en cours n’est pas celle de Téhéran, mais des Palestiniens qui veulent se libérer”. “Nous ne faisons que les aider”, a-t-il insisté, en rendant hommage également aux Houthis, au Yémen.
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