“On faisait vivre nos enfants grâce la pêche. Si on ne sort pas en mer, on ne pourra plus se nourrir”, dit un pêcheur à l'AFP, affirmant que “300 à 400 familles vivent de la pêche dans le secteur de Saïda.
Dans le port de Saïda, les bateaux sont à quai, le marché à la criée est inhabituellement calme: depuis que l'armée israélienne a exigé l'évacuation de près de 60 kilomètres de côte dans le sud du Liban, les pêcheurs s'inquiètent pour leur gagne-pain.
Trois témoignages recueillis par l'AFP reflètent l'angoisse des pêcheurs face aux injonctions de l'armée israélienne interdisant aux habitants de se rendre sur les plages ou de sortir en mer dans le sud du Liban.
“Le marché aux poissons va bientôt fermer”
“Hier, à 21h00, nous avons été informés officiellement par l'armée libanaise qu'il était interdit de sortir en mer, et nous respectons cet ordre”, explique à l'AFP Mohammed Bidaoui, du syndicat des pêcheurs de Saïda.
“Si ça continue, le marché aux poissons va bientôt fermer”, s'angoisse-t-il, dans les allées quasi désertes de la criée.
Lundi soir, l'armée israélienne, en guerre ouverte au Liban où elle mène chaque jour bombardements et incursions terrestres, a annoncé qu'elle viserait “bientôt les activités terroristes du Hezbollah dans la zone côtière” du Sud, longue d'une soixantaine de kilomètres.
“300 à 400 familles vivent de la pêche”
Issam Habouch regarde tristement les bateaux qui tanguent doucement sur l'eau, devant une mer d'huile où aucun filet n'a été jeté depuis le matin. Ce pêcheur bloqué sur la terre ferme s'inquiète pour sa famille.
“On faisait vivre nos enfants avec la pêche, si on ne sort pas en mer, on ne pourra plus se nourrir”, dit-il à l'AFP, en affirmant que “300 à400 familles vivent de la pêche” dans les environs.
Pour M. Bidaoui, cela représente “5.000 à 6.000 personnes” qui se retrouvent “dans une situation difficile”. “Il va falloir aider les pêcheurs et les commerçants du marché aux poissons”, plaide-t-il.
“Déprimé”
Autour de lui, d'autres pêcheurs acquiescent: “On est comme les déplacés du reste du pays”, dit l'un d'eux, Hamza Sonboul. Tous réclament des aides pour survivre dans un pays où, selon la Banque mondiale, le taux de pauvreté a triplé durant la décennie écoulée.
Moniteur de plongée en apnée, Marwan Hariri, 47 ans, a son petit bateau-école amarré dans le port de pêche. “Depuis hier, je me sens vraiment déprimé, je n'ouvre même plus mon école”, confie-t-il à l'AFP.
Il a perdu 70% de ses élèves, la plupart étant originaires du sud du pays, où les bombardements transfrontaliers entre le mouvement islamiste Hezbollah et Israël ont commencé il y a un an, avant de tourner à la guerre ouverte fin septembre.
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