Le Liban reste connecté au monde, les voyageurs continuant de quitter le pays et d'y revenir normalement grâce à la MEA, la compagnie nationale, qui demeure le seul opérateur à l’aéroport international de Beyrouth (AIB). Cependant, les prix des billets s'envolent. Les voyagistes justifient cette hausse en expliquant que les services en temps de guerre se font au prix fort.
Les autorités libanaises sont fermes dans leur décision à maintenir “intacte” la réputation de l’AIB dans le sens d’un contrôle stricte de la sécurité et de l’ordre ainsi que du respect de la loi.
D'ailleurs, les ministres sortants de l’Intérieur et des Transports, MM. Bassam Moualaoui et Ali Hamiyé, ont expliqué lundi que l’atterrissage de tout appareil nécessite une autorisation de l’armée libanaise et que les opérations d’inspection sont menées de manière rigoureuse afin qu’aucune faille sécuritaire ne subsiste.
Parallèlement, les actes militaires qui sévissent dans certaines régions du pays, compromettant la sécurité, font grimper, entre autres, les prix des billets d'avion – ce que le PDG de la compagnie nationale aérienne, MEA, Mohammad al-Hout, a réfuté lundi, avant de distribuer à la presse une liste des prix maximums pratiqués par la compagnie, depuis le début de l’été. (voir encadré)
Yield management et allotements
Cependant, son conseiller Mohamad Aziz a expliqué que, dans les circonstances actuelles que traverse le pays, les clients pourraient subir les conséquences d’une fluctuation des prix des billets d'avion toujours à la hausse en raison de la pratique de la gestion commerciale optimale, communément appelée yield management.
Cette pratique commerciale est une technique de gestion des prix et des capacités, utilisée notamment dans les domaines du transport aérien et de l’hôtellerie, qui proposent des services à capacité limitée pour générer le maximum de revenus avec un minimum de dépenses.
Autrement dit, en raison de la forte demande pour les billets d'avion de la MEA, celle-ci continuera à les proposer au prix le plus élevé de la fourchette.
Dans le même ordre d’idées, les voyagistes ne vont pas de main morte. Bon nombre d’entre eux ont adopté la pratique de l’allotement, un concept de réservation anticipée ou d’une prévente en amont, sur base d’un quota-réservation des voyagistes pour les revendre à des prix élevés, en profitant de la forte demande et du caractère urgent des demandes.
La MEA ne roule pas sur l’or
“Ce qui est certain, c’est que la MEA ne réalise pas de profit dans la conjoncture actuelle”, souligne Mazen Sammak, président de l’Association des pilotes privés au Liban, interrogé par Ici Beyrouth.
M. Sammak met en avant les coûts opérationnels exorbitants auxquels est confronté le transporteur national, notamment en raison des primes d’assurance élevées liées aux risques de guerre, réévaluées au quotidiennement, et des vols déséquilibrés. Ce phénomène, connu sous le nom de déséquilibre de flux, se manifeste lorsque l’avion décolle du Liban à pleine capacité, mais retourne presque vide.
Depuis la mi-septembre, le nombre de passagers au départ de l’AIB a augmenté de plus de 60%, avec un nombre d'arrivées et de départs atteignant 166.534, dont 100.958 départs.
Dans cet ordre d’idées, M. Sammak rappelle que le coût du kérosène et des primes d’assurance (qui aurait augmenté de dix fois par rapport à fin septembre) représente environ 40% des coûts directs des vols. “Tous ces facteurs empêchent la MEA de baisser le prix de ses billets, d’autant plus que l’entreprise fonctionne à moitié de sa capacité”, souligne-t-il.
Coûts additionnels
Depuis plus d’un an, la MEA participe au financement du personnel qui dirige les infrastructures aéroportuaires et aux coûts de leur maintenance.
Mazen Sammak se félicite pour la performance des aiguilleurs du ciel, cheville ouvrière de la gestion du trafic aérien afin de garantir la sécurité et l'efficacité des vols. “Les aiguilleurs du ciel, qui effectuent des séparations horizontales et verticales, doivent faire preuve d'une grande précision et vigilance, surtout lorsque des bombardements se produisent à seulement 1 km des pistes de l’AIB.”
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