L’Iran tient la barre au Liban

Le 17 septembre dernier, l’ambassadeur iranien au Liban, Mojtaba Amani, a été blessé lors de l’attaque aux bipeurs et a été transféré à Téhéran pour recevoir des soins. Après cet incident, les attaques de renseignement contre le Hezbollah se sont intensifiées, avec des explosions d’appareils de communication sans fil, l’élimination de la direction de la force Radwan et l’assassinat du secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, ainsi que de son successeur pressenti, Hachem Safieddine.

Face à l’intensification des raids israéliens et à la hausse du nombre de victimes, de blessés et de déplacés, le président de la Chambre, Nabih Berry, le Premier ministre sortant, Najib Mikati, et le chef druze, Walid Joumblatt, se sont mobilisés pour trouver une solution à la crise que traverse le Liban et ont annoncé leur accord pour un cessez-le-feu, indépendamment de la solidarisation du front au Liban-Sud avec celui de Gaza.

D'après une source diplomatique qui suit de près la situation au Liban, les répercussions de la réunion à Aïn el-Tiné avaient atteint Téhéran, suscitant la colère des responsables iraniens. Ces derniers estimaient que l'acceptation du cessez-le-feu, compte tenu de la situation actuelle du Hezbollah, ainsi que la rupture des liens entre les fronts, constituaient une défaite inacceptable pour les Gardiens de la révolution iraniens. Sur cette base, toujours selon la même source diplomatique, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, avait été envoyé en urgence au Liban avec des instructions claires: refuser le cessez-le-feu et appeler à la poursuite des combats.

À en croire cette même source, M. Araghchi s’était adressé au Premier ministre sortant Najib Mikati et au président de la Chambre de manière non diplomatique, ne leur laissant aucune marge de discussion, les plaçant par la suite face à un choix unique, celui de la résistance. La même source a révélé que le ministre iranien avait informé M. Berry et le Hezbollah que son envoyé spécial pour les affaires du Moyen-Orient et de l’Asie occidentale, Mohammad Reza Shibani, resterait à l’ambassade iranienne au Liban en attendant le retour de l’ambassadeur, ajoutant que tout point de coordination et de consultation concernant les affaires politiques et militaires liées à la guerre devrait passer par lui, avec la validation préalable de Téhéran.

Dans ce contexte, des informations ont laissé entendre que Téhéran ne consentirait à aucun cessez-le-feu au Liban à moins que celui-ci ne ramène la situation dans le Liban-Sud à son état antérieur au 8 octobre 2023. En d'autres termes, le nouveau cessez-le-feu ne devrait pas imposer de restrictions aux mouvements du Hezbollah au sud du Litani et ne devrait en aucun cas mentionner le désarmement du parti. Cette approche permettrait au Hezbollah de se réorganiser et de retrouver sa puissance militaire en prévision d'un éventuel conflit futur. Les mêmes sources ont révélé que c'est dans ce même cadre que les déclarations du vice-secrétaire général du Hezbollah, cheikh Naïm Qassem, refusant d'aborder tout sujet avant le cessez-le-feu, confirment que les Iraniens et le Hezbollah ne sont pas disposés à modifier leur approche à l'égard de la situation au Liban-Sud et à l'intérieur du pays. Ils maintiennent ainsi le contrôle sur la guerre, la paix et les décisions politiques, paralysant de facto l'ensemble du pays.

Commentaires
  • Aucun commentaire