L'artiste serbe Marina Abramovic présente sa première exposition en Asie, Transforming Energy, au Musée d'art moderne de Shanghai. L'exposition immersive propose aux visiteurs de participer à des œuvres interactives, invitant à la réflexion et à la déconnexion technologique.
S'allonger dans des baignoires remplies de fleurs séchées, se retrouver avec une longue chevelure au-dessus de la tête... L'exposition à Shanghai de l'artiste serbe Marina Abramovic, sa première en Asie, propose une expérience "totalement immersive".
Marina Abramovic, 77 ans, est mondialement connue pour ses performances, comme sa longue marche de 90 jours sur la Grande Muraille de Chine en 1988, dédiée à l'art.
Transforming Energy, qui se tient jusqu'au 28 février 2025 au Musée d'art moderne de Shanghai, est la plus grande exposition jamais organisée par Marina Abramovic. Elle est "très différente de toutes les expositions qui ont jamais été conçues" et "très radicale", avait promis l'artiste.
"Chaque élément de cette exposition invite notre public à y participer", explique à l'AFP Shai Baitel, commissaire de l'exposition, ajoutant : "L'œuvre d'art est incomplète si le public ne s'y connecte pas."
Pour l'œuvre Counting the Rice ("Compter le riz"), par exemple, les visiteurs, assis devant de petites tables, doivent séparer des grains de riz blancs des grains noirs d'un petit monticule, les compter et inscrire le résultat sur un papier qu'ils rapportent chez eux.
À un autre étage du musée, ils sont invités à ranger leur téléphone - une expérience difficile pour certains Chinois souvent rivés à leur écran - et à porter un casque anti-bruit tout en répétant des gestes, comme ouvrir et fermer une porte. "Je veux vraiment qu'il y ait une détox technologique dans ce spectacle", a expliqué à l'AFP Marina Abramovic.
"Incroyable"
"La portée et la perspective de son travail sont incroyables. Je pense qu’elle est géniale", souligne une visiteuse, Nikki Yang, 43 ans, qui avait déjà vu son travail à New York. "Je n’aurais jamais pensé qu’elle exposerait un jour en Chine", ajoute-t-elle.
Un autre visiteur, Yang Shangxuan, 24 ans, explique avoir été particulièrement frappé par une œuvre invitant les spectateurs à se tenir au milieu d’une structure composée de cristaux, dans une pièce parsemée de copeaux de bois odorants.
"J’ai fermé les yeux pour ressentir l’énergie des cristaux, et même si je ne la percevais pas, je me suis senti très détendu", explique ce jeune homme qui avait découvert l’artiste à l’école.
Outre des dizaines de nouvelles œuvres, l’exposition retrace également la marche sur la Grande Muraille de Chine à travers plus d’un millier de photos et vidéos.
Marina Abramovic s’est fait connaître avec une œuvre audacieuse, qui repousse les limites et efface la frontière entre son corps et son art, souvent avec la participation du public.
En 2010, assise sur une chaise au Musée d’art moderne (MoMA) de New York qui lui consacrait une rétrospective, elle avait vu défiler plus de 1.500 visiteurs sur plusieurs mois.
Dans une autre de ses performances les plus célèbres, "Rhythm 0", en 1974, elle était restée immobile sur une chaise pendant six heures, tandis que le public avait à sa disposition 72 objets à "utiliser" - dont des fleurs, des couteaux et un pistolet - sur elle à sa guise.
Certains membres du public avaient fini par se montrer violents, réalisant qu’ils pouvaient agir en toute impunité.
Avec AFP
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