Israël a bombardé, samedi, la bande de Gaza après une frappe qui a fait plus de 30 morts dans le nord du territoire palestinien.
L'armée israélienne poursuit son offensive visant à écraser le Hamas, décimé après un an de guerre et la mort de son chef, Yahya Sinouar.
La Défense civile a annoncé que 33 personnes avaient été tuées et "des dizaines" blessées, dans un bombardement sur le camp de réfugiés de Jabalia. Il s’agit d’une région du nord de Gaza où l'armée israélienne mène depuis le 6 octobre une offensive aérienne et terrestre, en affirmant que le Hamas cherche à y reconstituer ses forces.
Le mouvement palestinien avait affirmé, vendredi, que les otages retenus dans la bande de Gaza ne seraient pas libérés avant "l'arrêt" de l'offensive israélienne, déclenchée le 7 octobre 2023 en riposte à l'attaque menée par le Hamas sur le sol israélien.
Le Hamas a assuré que le décès de son chef, Yahya Sinouar, considéré comme l'architecte de cette attaque, tué mercredi dans une opération israélienne dans le sud de Gaza, "renforcerait" le mouvement.
Yahya Sinouar, 61 ans, dirigeait depuis 2017 le Hamas à Gaza, avant d'être nommé, début août, chef du mouvement après la mort d'Ismaïl Haniyé, tué à Téhéran dans une attaque attribuée à Israël.
D'après le New York Times, qui a interrogé le médecin légiste chargé de l'autopsie en Israël, Sinouar a d'abord été grièvement blessé au bras lors d'un échange de tirs, puis tué d'une balle dans la tête.
Selon des journalistes de l'AFP et la Défense civile, plusieurs frappes aériennes ont visé la bande de Gaza samedi matin, notamment le camp de Jabalia où trois maisons ont été visées après la frappe meurtrière de la nuit.
L'armée israélienne a indiqué "vérifier" les informations faisant état de frappes à Jabalia.
Des témoins ont signalé des tirs nourris et des bombardements à l'artillerie sur ce camp ainsi que des frappes sur celui de Bureij, dans le centre du territoire. Selon des médecins, les forces israéliennes ont bombardé l'Hôpital indonésien de Beit Lahia, dans le nord.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, avait déclaré jeudi que la mort de Yahya Sinouar marquait "le début de la fin" de la guerre à Gaza.
Plusieurs dirigeants étrangers ont émis l'espoir que cette disparition ouvre la voie vers un cessez-le-feu et la libération des otages. Le président américain, Joe Biden, y a ainsi vu l'opportunité "d'un chemin vers la paix" au Proche-Orient.
Le Hamas est "vivant et le restera" en dépit de la mort de Yahya Sinouar, a affirmé samedi le guide suprême iranien, Ali Khamenei.
Mais plusieurs analystes soulignaient que la mort du chef du Hamas désorganisait encore davantage le mouvement, à présent éparpillé en petites cellules, compliquant d'autant de futures négociations.
"Les efforts de négociations étaient précédemment tous basés sur l'idée que Sinouar disposait d'un lien avec la plupart de ceux qui détenaient des otages, et qu'il pouvait façonner leurs actions", a résumé Jon Alterman, du think-tank américain CSIS.
"La situation est bien plus floue maintenant et nous devrions assister à des dénouements variés, a ajouté cet expert.
Les familles des otages, tout en saluant la mort de Yahya Sinouar, ont d'ailleurs exprimé leur "profonde inquiétude" sur le sort de leurs proches.
Dans la bande de Gaza assiégée, des Palestiniens hésitaient entre espoir et résignation.
"Maintenant que Sinouar a été tué, nous espérons que la guerre s'arrêtera", a affirmé l'un d'eux, Ali Chameli. Mais "la guerre ne s'est pas arrêtée, et les tueries continuent avec intensité", a souligné un autre habitant du territoire, Jemaa Abou Mendi.
Avec Cyril JULIEN / AFP
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