Aéroport de Kleiate: il est temps de l’ouvrir au trafic aérien

"L’aéroport de Kleiate-René Moawad pourrait être ouvert au trafic aérien en cas d’urgence, afin de réduire les risques encourus par les équipages et les passagers des vols à l’aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth (AIB)", a déclaré Sajih Attiyé, président de la commission parlementaire des Travaux publics et des Transports, à Ici Beyrouth.    

Mazen Sammak, président de l’Association des pilotes privés au Liban, va dans le même sens en soulignant que cet aéroport pourrait rapidement être utilisé pour des vols commerciaux si nécessaire, sans qu’il soit indispensable de réaliser de grands travaux pour l’instant.

Or, l'urgence et la nécessité sont des facteurs déterminants dans un contexte où les avions de la MEA, seule compagnie opérant depuis l’aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth (AIB), continuent de décoller et d'atterrir alors que des frappes aériennes ont lieu à moins d'un kilomètre de la piste.

Deux aéroports plutôt qu’un  

Même un petit pays comme le Liban peut tirer parti de la présence de plusieurs aéroports pour des raisons stratégiques, économiques et logistiques. L’île de Chypre, d’une superficie d’environ 9.251 kilomètres carrés, légèrement plus petite que le Liban, est dotée de six aéroports, dont deux pour l’aviation civile, à Larnaca et Paphos. Idem pour la Corse, d’une superficie d'approximativement 8.722 km² et qui compte quatre aéroports principaux: l’aéroport d'Ajaccio Napoléon Bonaparte, l’aéroport de Bastia-Poretta, l’aéroport de Calvi Sainte-Catherine et l’aéroport de Figari Sud-Corse. Ces aéroports desservent simultanément des vols nationaux et internationaux, facilitant les déplacements vers et depuis la Corse.

Un aéroport civil   

Situé dans la région du Akkar, au nord du Liban, à sept kilomètres de la frontière syrienne, à vingt-six kilomètres de Tripoli et à 105 km de Beyrouth, l’aéroport de Kleiate, construit en 1934, bien avant celui de la capitale, est jugé par les techniciens comme meilleur que celui de Beyrouth, car il n'est pas exposé aux tempêtes de sable.

Il a servi d’aéroport civil domestique de 1988 à 1990, utilisé par la flotte de la MEA sous l'impulsion de l'ancien Premier ministre Rachid Karamé, en raison de l’insécurité et des fermetures fréquentes de la route reliant Beyrouth au nord pendant la guerre civile. Cependant, dès 1966, l'armée libanaise l’avait récupéré de la compagnie pétrolière irakienne IPC, qui l'exploitait, pour en faire une base militaire.

Infrastructure acceptable  

Selon Mohammed Chamseddine, économiste auprès du bureau d'études et de recherche Information International (Al-Dawliya lil Ma3loumat), la piste de l'aéroport de Kleiate, longue de 3.000 mètres, est adéquate pour un trafic aérien limité. "Quelques dollars suffiraient pour rénover la piste, qui présente seulement de légères fissures et de l'herbe", précise-t-il. Cependant, pour un trafic aérien régulier, une seconde piste serait nécessaire, avec des coûts d'expropriation acceptables, comme les prix des terrains à Kleiate sont inférieurs à ceux de Beyrouth. En réponse à une question, il évalue les coûts de l’agrandissement et de la modernisation de 200 à 250 millions de dollars, un projet dont la réalisation s'étalerait sur trois ans.

Les chiffres avancés par le député du Akkar, Sajih Attiyé, sur la réhabilitation de l’aéroport de Kleiate sont quelque peu différents. Il explique que plusieurs études sur la question, réalisées par le secteur privé, sont actuellement en attente dans les tiroirs du Conseil de développement et de reconstruction (CDR). Le coût des travaux pourrait varier de 50 à 120 millions de dollars, en fonction du rôle attribué à l’aéroport: transport de fret, vols de passagers, etc. La durée prévue des travaux serait entre un an et deux.

Obstacles politique et technique    

Il serait facile d’affirmer que la réouverture de l’aéroport de Kleiate est avant tout une décision politique, actuellement entre les mains du gouvernement de Najib Mikati. Cependant, Mohammed Chamseddine soulève un obstacle technique: en raison des mouvements des vents à Kleiate, les grands avions doivent survoler l’espace aérien syrien pour pouvoir atterrir dans des conditions optimales. La véritable question est de savoir si les gouvernements libanais et syrien sont prêts à conclure un accord sur ce point. De plus, l’économiste cite des sources indiquant que les États-Unis, qui critiquent l’utilisation de l’aéroport international de Beyrouth (AIB) par le Hezbollah, auraient des réserves quant à l’ouverture de l’aéroport de Kleiate, craignant que cela profite à la Syrie et atténue l'impact des sanctions contre ce pays.

L’aéroport de Kleiat: un oui à sa remise en service immédiate. Dans le contexte actuel du Liban, il est essentiel de prendre en compte la répartition des risques et les enjeux de sécurité nationale, notamment pour la sécurité alimentaire et l'approvisionnement en produits pétroliers. L’aéroport de Kleiate n’aura surtout pas pour objectif de concurrencer ou de rivaliser avec l’AIB.

 

 

Fiche technique de l’aéroport de Kleaite -Construction en 1934. -Une piste unique d’une longueur de 3 kilomètres et de 47 mètres de largeur avec une zone de sécurité de 250 mètres de chaque côté. -Le tarmac peut stationner deux à trois avions maximum. -Une tour de contrôle; une station météo; un central téléphonique. -Cinq réservoirs pour le stockage de carburants d’une capacité de 100.000 mètres cubes chacun. -La clôture de sécurité d’une longueur de 13,5 km et d’une hauteur de 220 mètres. -Un parking d’une capacité de stationnement de cent voitures. - La localité de Kleiate a une superficie de 668 hectares avec 3.000 habitants. Source: Information International (Al-Dawliya lil Ma3loumat)
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