Dans son rapport économique trimestriel, la Bank Audi souligne que bien que les bombardements israéliens aient gravement affecté l'économie locale, il est prématuré d'évaluer de manière définitive leurs impacts directs et indirects à court et long terme. Le rapport propose néanmoins une première analyse de la situation économique actuelle et des perspectives futures dans le cadre de divers scénarios de guerre.
Il est souligné que le Liban a subi d'énormes pertes humaines, matérielles et économiques à la suite des bombardements, accompagnées d'une vague massive de déplacements qui n'avait pas été observée depuis la fin de la guerre civile en 1990. La plupart des secteurs de l'économie libanaise sont actuellement en stagnation, avec des effondrements notables dans les domaines du tourisme et de l'agriculture.
Le rapport indique que les dommages sont colossaux, évalués à au moins 40% du produit intérieur brut (PIB) du pays. Les pertes directes résultant des attaques israéliennes incluent les coûts liés aux infrastructures, aux bâtiments, aux maisons détruites et à la détérioration du secteur agricole.Quant aux coûts indirects, ils concernent la perte d'activité économique, dont l'ampleur est largement supérieure à celle des pertes directes.
Dans ce contexte, l'économie libanaise pourrait connaître une contraction, le rapport prévoyant avec une prévision de -8% pour l'année en cours si le conflit se prolonge de trois mois, et une contraction de -20% l'année suivante si la guerre dure une année entière. Le rapport précise qu'à la différence de la situation en 2006, le pays souffre déjà de déséquilibres économiques importants et de pertes dans le secteur financier.
Les conditions monétaires ont montré de faibles variations du taux de change de la livre libanaise par rapport au dollar américain durant les neuf premiers mois de 2024. Cependant, les réserves de change de la Banque du Liban ont subi une pression à la baisse début octobre, après l'annonce par cette dernière de mesures exceptionnelles pour répondre à la demande de dollars sur le marché. Les réserves, qui avaient augmenté d'environ 2,1 milliards de dollars entre juillet 2023 et septembre 2024, ont chuté de 343 millions de dollars durant la première moitié d'octobre, atteignant 10,322 millions de dollars. Cette contraction, la première depuis la prise de fonction de Wassim Mansouri comme vice-gouverneur de la Banque centrale, est principalement attribuée à l'augmentation des retraits en espèces suite aux circulaires n°158 et 166, au paiement des salaires des fonctionnaires en dollars et à l'intervention de la Banque du Liban sur le marché parallèle.
En ce qui concerne les eurobonds, leur valeur a augmenté de 35% sur les marchés internationaux en un mois, passant de 6,5 cents la dernière semaine de septembre 2024 à 8,75 cents actuellement. Les investisseurs internationaux anticipent des changements potentiels dans le paysage politico-économique national à moyen terme, malgré les défis immédiats.
Néanmoins, le rapport indique que certains points favorables émergent aujourd'hui au milieu du climat général d'incertitude actuel. La dette publique de marché est passée de 95 milliards de dollars avant la crise financière à environ 7 milliards de dollars aujourd'hui. De même, les prêts au secteur privé (entreprises et particuliers) sont passés de 55 milliards de dollars avant la crise à moins de 1 milliard de dollars en valeur marchande, soit moins de 5% du PIB, contre une moyenne mondiale de 110%. Sur une base globale, la dette totale du Liban a diminué de 150 milliards de dollars à moins de 10 milliards de dollars, laissant entrevoir la possibilité d'une croissance significative de l'économie réelle une fois que les conditions conjoncturelles s'amélioreront.
En outre, le secteur privé libanais apparaît comme inébranlable malgré le revers notable enregistré, parce qu’il a réussi à s’adapter à un environnement dans lequel les événements inattendus sont devenus la règle plutôt que l’exception.
Enfin, le rapport indique que si le facteur de confiance est restauré avec la fin de la guerre et qu'un règlement politique couplé aux réformes souhaitées est approuvé, le PIB pourra retrouver son niveau d'avant la crise financière dans un délai de cinq ans, ouvrant ainsi la voie à une croissance réelle positive sur plusieurs années, tout en repensant le niveau de revenu par habitant et le statut socio-économique en général.
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