La 1701, solution magique? Pas si simple
©Mahmoud Zayyat / AFP

Depuis la dernière visite d’Amos Hochstein, les dirigeants libanais nous assurent que l’envoyé spécial américain a uniquement évoqué l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, sans modifications. Les mots sont importants. Les nuances aussi. 

Les analystes parlent beaucoup d’une résolution 1701 revisitée. Cela n’est pas possible pour une simple raison: tout nouveau vote à l’ONU se verrait opposer les vétos de la Chine et de la Russie. Donc, c’est certain, personne ne touchera à la 1701 telle qu’elle est. Cela ne veut évidemment pas dire que dans les coulisses diplomatiques, un “environnement adapté” à cette résolution n’est pas en train d’être concocté pour ce qu’on appelle “le jour d’après”, si ce jour arrive!

À ce stade, les supputations vont bon train. Les occidentaux et l’opposition libanaise souhaiteraient un adossement à la résolution 1559 qui stipule le désarmement des milices, c'est-à-dire le Hezbollah. Pour le moment, ni l’Iran, ni ses supplétifs ne veulent en entendre parler.

Mais à un moment, l’embarras du choix sera remplacé par le choix de l’embarras. Parce que sinon, la guerre ne s’arrêtera pas.

Imaginons que la milice pro-iranienne se retire derrière le Litani, comme le suggèrent les responsables libanais. Qu’est ce qui empêcherait le Hezbollah de tirer depuis ses nouvelles positions? La portée de ses missiles est largement supérieure à la distance des 20 kilomètres entre le fleuve et la frontière. Retour à la case départ dans ce cas.

Tout cela, les négociateurs occidentaux et arabes le savent parfaitement.

L’heure est donc à la concertation sur ce fameux “environnement” entourant la 1701. Quelles sont les pistes évoquées?

  1. D’abord le déploiement de l’armée libanaise dans toute la zone. Une armée équipée convenablement et qui aurait la légitimité de contrôler toute situation suspecte.

  2. Le renforcement des moyens de la Finul et sa couverture par un arsenal juridique l’autorisant à mener des actions sur le terrain sans demande d’autorisation préalable.

  3. Le déploiement d’une sorte de contingent international (Américains, Européens…) aux côtés de l’armée libanaise et de la Finul. Le rôle de cette force serait étendu au contrôle des frontières avec la Syrie afin d’empêcher l’entrée d’armes. Cette force serait également mandatée pour garder un œil sur l’aéroport et les ports.

  4. L’élection d’un président de la République garantissant toutes les clauses d’un éventuel accord. Bon courage à lui.

Bon, admettons que ce ne soit pas de la science-fiction. Avant d’en arriver là, les obstacles paraissent insurmontables. Le Hezbollah acceptera-t-il d’être désarmé? Rien n’est moins sûr. Le nouveau secrétaire général de la milice, Naïm Kassem, a été clair dans son premier discours ce mercredi: le “plan de guerre” se poursuit, la victoire est assurée, le parti peut tenir des semaines et des mois. Les Israéliens n’arriveront pas à prendre pied sur le sol libanais. D’ailleurs, ils sont “terrorisés” par la “résistance”.

Ça, c’est dit. La méthode Coué dans sa splendeur.

L’Iran renoncera-t-il à sa pièce maîtresse dans la région? Dans ce cas, tout a un prix. On a bien compris que Téhéran ne prend en considération que son unique et propre intérêt.

Le régime syrien cessera-t-il d’être la base arrière et le passage obligé des armes vers le Liban? Les Israéliens ont adressé plus d’une alerte (militaire et politique) à la famille Assad. En l’occurrence, soit vous vous libérez de l’emprise irano-hezbollahie, soit il n’est pas sûr que vous restiez au pouvoir. Pour le moment, il semble que Bachar et Maher el-Assad ne soient pas sur la même longueur d’onde. Le premier serait plus enclin à composer que le second qui a pourtant reçu le message: un raid sur la zone qu’il contrôle dans le quartier de Mazzé à Damas. Reste une inconnue, et de taille: la position israélienne. Benjamin Netanyahou souffle le chaud et le froid. Personne ne connaît ses intentions. Un jour, il réunit son cabinet pour examiner une “solution politique” à la guerre au Liban, le lendemain, il monte la pression d’un cran. Son ministre de la Défense adopte la même stratégie. Un coup, il affirme que le Hezbollah n’a plus que 20% de ses capacités et que les habitants du nord d’Israël peuvent se préparer à rentrer chez eux, quelques heures plus tard, les combats et les raids redoublent d’intensité. Ce qui est certain, c’est que l’armée israélienne met en place une “zone tampon vide” de quelques kilomètres de profondeur. N’étant pas un immense stratège militaire, je n’en vois pas l’intérêt, mis à part le fait de condamner l’existence de tunnels menant vers Israël.

Reste que l’existence de cette zone ne peut pas empêcher le tir de missiles d’un peu plus loin.

En fait, plus on avance dans le raisonnement, plus on comprend que les situations sont tellement inextricables que c’est peut-être bien de la science-fiction après tout.

Allez! On va dire comme tout le monde: appliquons la 1701. Voilà, c’est fait. C’est réglé.

 

 

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