Portrait de Trump sur le sol, Biden en pantin et slogans anti-Israël : des milliers d'Iraniens célèbrent dimanche le 45e anniversaire de la prise de l'ambassade des États-Unis à Téhéran, à deux jours de la présidentielle américaine et sur fond de tensions avec l'ennemi juré Israël.
"Il n'y a pas de différence entre Biden et Trump, entre l'âne et l'éléphant, tous deux suivent la même politique", déclare l'un d'eux, Saber Danaï, un ouvrier de 23 ans dans la construction, en référence aux logos des partis démocrate et républicain.
Le 4 novembre 1979, moins de neuf mois après le renversement du dernier chah d'Iran, un groupe d'étudiants partisans de la Révolution islamique prenait d'assaut l'ambassade des États-Unis à Téhéran, accusée d'être un "nid d'espions".
Plusieurs dizaines de diplomates américains furent retenus en otage. Les manifestants exigeaient pour les libérer l'extradition du souverain déchu, réfugié aux États-Unis, pour le juger en Iran.
Le pouvoir célèbre chaque année en grande pompe cet événement, devant l'ex-représentation diplomatique désormais transformée en musée.
La prise de l'ambassade américaine est considérée comme un acte fondateur de la République islamique, dans sa résistance à "l'arrogance mondiale" incarnée, selon Téhéran, par les États-Unis et ses alliés occidentaux.
"Mort à l'Amérique, mort à Israël !", scandent des milliers de manifestants, dont de nombreux écoliers et étudiants, galvanisés par les chants révolutionnaires ambiants.
La guerre à Gaza, mais aussi au Liban, cristallise la colère des participants.
Ils brandissent pour certains des portraits du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, ou de figures de "la résistance" face à Israël, dont l'ex-chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne au Liban.
"Destruction d'Israël"
"Je suis ici pour la destruction d'Israël et de l'Amérique", affirme à l'AFP M. Hassani, un fonctionnaire de 42 ans, qui n'a pas souhaité donner son nom complet.
"L'Amérique criminelle est à l'origine de toutes ces guerres et de toute cette haine" dans la région, estime-t-il, au diapason avec la rhétorique officielle.
À proximité, une fresque met en scène le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou en train de creuser la tombe d'Israël.
L'Iran ne reconnaît pas l'État israélien, considéré depuis l'instauration de la République islamique en 1979 comme un "usurpateur" en Palestine et un avant-poste américain au Moyen-Orient.
Les dirigeants iraniens font ainsi du soutien à la cause palestinienne un des piliers de leur politique étrangère.
Des drapeaux américains et israéliens sont brûlés et piétinés, tandis qu'un pantin géant représentant le président américain Joe Biden surplombe la foule.
Un portrait de son prédécesseur Donald Trump, qui espère remporter mardi la présidentielle aux États-Unis face à sa rivale Kamala Harris, git au sol.
"Nous avons un problème avec le gouvernement américain, pas le peuple américain", souligne Saber Danaï.
Relations difficiles
Kamala Harris et Donald Trump jettent dimanche leurs dernières forces dans une fin de campagne présidentielle, très suivie en Iran.
La majorité des Iraniens présents ne se font toutefois pas d'illusions sur l'issue du résultat.
"Les relations entre l'Iran et l'Amérique ne peuvent pas redevenir normales", assure Mme Mohammadi, une femme au foyer de 40 ans.
"Nous avons montré à plusieurs reprises à l'Amérique notre honnêteté" pour améliorer les relations "mais l'Amérique n'en a eu cure", insiste la femme couverte d'un tchador noir.
L'Iran, soumis à d'importantes sanctions internationales, a signé en 2015 un accord avec les grandes puissances pour limiter son programme nucléaire. Le texte, signé notamment avec les États-Unis, prévoyait en contrepartie une levée progressive des sanctions.
Mais le pacte a été torpillé trois ans plus tard lorsque l'ex-président américain Donald Trump s'en est retiré et a réimposé des sanctions.
"Peu importe qui sera le prochain président américain [...] On n'en a jamais aimé aucun et (ça ne changera pas) maintenant", assure une manifestante.
Avec AFP
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