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UN Secretary-General Antonio Guterres ©JOAQUIN SARMIENTO / AFP

Le secrétaire général des Nations unies a assuré mercredi être prêt à travailler "de façon constructive" avec le président élu américain Donald Trump, malgré les risques d'un remake de son premier mandat marqué par des attaques contre l'ONU et des coupes budgétaires.

"La coopération entre les États-Unis et les Nations unies sont un pilier essentiel des relations internationales", a commenté Antonio Guterres, félicitant Donald Trump pour sa victoire.

Et "les Nations unies sont prêtes à travailler de façon constructive avec la prochaine administration pour faire face aux défis dramatiques de notre monde".

Antonio Guterres est arrivé à la tête de l'ONU au moment de l'entrée de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2017.

Il avait alors dû faire face à une politique américaine favorisant l'unilatéralisme, le forçant à s'employer à limiter les entailles faites par Washington à la coopération multilatérale, moteur de l'ONU.

Une tentative plutôt réussie, selon des observateurs qui estiment que le secrétaire général a permis aux Nations unies de survivre à quatre ans de Trump.

Quatre années pendant lesquelles les États-Unis ont réduit leurs contributions financières au budget des opérations de maintien de la paix de l'ONU et aussi à des agences onusiennes clé, comme l'Organisation mondiale de la santé.

"Le partenariat entre l'OMS et l'Amérique est vital, et a beaucoup amélioré la santé à la fois des Américains et des populations à travers le monde", a insisté de son côté sur X le patron de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

"Je pense que Guterres et son équipe se préparent et planifient le retour de Trump depuis un certain temps. Ils s'attendent à ce que les Etats-Unis réduisent plutôt drastiquement leurs financements à de nombreuses parties de l'ONU", dit à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group, alors que les Nations unies font déjà face à une crise budgétaire.

Certains observateurs s'inquiètent notamment pour les financements de programmes liés aux droits reproductifs.


"Violemment anti-ONU"

Pendant le premier mandat de Donald Trump, les Etats-Unis avaient également quitté l'Unesco et l'accord de Paris sur le climat, alors que la lutte contre le réchauffement est une priorité d'Antonio Guterres.

"Le fait qu'ils aient eu des différences d'opinion sur un certain nombre de sujets était clair pour tout le monde", a noté mercredi le porte-parole du secrétaire général Stéphane Dujarric, décrivant toutefois de "très bonnes relations" entre Antonio Guterres et le président Trump.

Mais en quatre ans, le monde a changé, notamment pendant cette dernière année marquée par l'escalade des conflits au Proche-Orient.

Le secrétaire général ne mâche pas ses mots pour alerter sur le "cauchemar" des Palestiniens dans la bande de Gaza ravagée par les représailles israéliennes après les attaques du Hamas du 7 octobre 2023 --qu'il a aussi dénoncées.

En raison de ces critiques d'Israël, "de nombreux membres du parti républicain au Congrès sont violemment anti-ONU", et il sera ainsi "plus difficile" pour Antonio Guterres "de gérer ses relations avec Washington", estime Richard Gowan.

Alors qu'Israël ne cesse de s'en prendre à l'ONU et à son chef, l'ambassadeur israélien Danny Danon a d'ailleurs félicité le vainqueur de la présidentielle, y voyant un allié pour son pays aussi aux Nations unies.

"Israël et les États-Unis partagent les mêmes valeurs, le même avenir, les mêmes ennemis", a-t-il déclaré dans une vidéo postée sur X.

"J'ai confiance dans le fait que le président Trump et son équipe continueront à se tenir aux côtés d'Israël aux Nations unies, contre l'hypocrisie et la haine auxquelles nous faisons face dans ce bâtiment", a-t-il ajouté.

Reste à savoir qui Donald Trump choisira pour représenter les États-Unis à l'ONU.

Lors de son premier mandat, il avait d'abord nommé Nikki Haley qui s'était fait remarquer pour son franc-parler, avant de démissionner. Elle était devenue plus tard sa rivale lors des primaires républicaines.

Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS, AFP

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