Bâtiments et sites historiques libanais sont encore et toujours dans le viseur de l’armée israélienne, en dépit des nombreux appels pressants locaux et internationaux à les protéger et à les tenir à l’abri du conflit armé en cours.
Samedi matin, une des plus anciennes demeures à Nabatiyé, dans le quartier d’Al-Midane, a été détruite dans un raid israélien. Il s’agit d’une maison patrimoniale appartenant à l’ancien député Rafic Chahine, récemment restaurée et qui avait été également, à un moment donné, le siège du Centre culturel du Liban-Sud. Le mois dernier, c’est le souk de la ville, datant de l’époque ottomane, qui a été détruit dans une série de violentes frappes.
Ces dernières semaines, l’armée israélienne a ciblé des lieux historiques au Liban, notamment à Tyr et Baalbeck, provoquant des destructions considérables et mettant en péril le patrimoine culturel et historique de ce pays au carrefour de nombreuses civilisations.
Ces frappes, qui se sont intensifiées dans le contexte du conflit régional, ont endommagé plusieurs monuments et infrastructures classées, notamment des mosquées, des églises anciennes, ainsi que des sites archéologiques d'une grande valeur historique. Parmi les sites touchés, figurent notamment des vestiges romains et des quartiers historiques de villes comme Tyr, Baalbeck et Byblos, classées au patrimoine mondial de l'Unesco.
Nouvelle plainte contre les attaques israéliennes
Face à ces attaques, le Liban a accusé Israël de violer les conventions internationales, en particulier la Convention de la Haye de 1954, qui protège les biens culturels en période de guerre. Réclamant une enquête indépendante sur les destructions infligées à son patrimoine, le gouvernement libanais demande des sanctions à l’encontre des responsables de ces attaques.
Soutenues par des organisations de défense du patrimoine, les autorités libanaises insistent donc sur le fait que ces frappes s’inscrivent dans le cadre de destructions préméditées qui visent à effacer l'identité culturelle du Liban.
Parallèlement à cette plainte, des parlementaires libanais ont lancé jeudi un appel à l'Unesco, réclamant son intervention immédiate. Dans une pétition signée par plus de 100 députés, ils ont souligné la nécessité de prendre des mesures concrètes pour protéger le patrimoine culturel libanais et d’exiger la cessation immédiate des attaques israéliennes contre ces sites.
En réponse à cette pression locale et internationale, l'Unesco s’est empressé de fixer au 18 novembre prochain une session extraordinaire consacrée au Liban. Cette réunion aura pour objectif d'analyser les destructions récentes au Liban et de déterminer les mesures à adopter pour protéger ce patrimoine. La réunion sera également l’occasion de coordonner une réponse internationale face à cette crise.
L’Unesco a précisé dans ce sens que cette réunion visera à “renforcer les efforts de protection du patrimoine culturel libanais” et à “soutenir les initiatives de restauration des sites affectés”. L’organisation prévoit aussi d’explorer des solutions à long terme pour prévenir de futures attaques contre des sites culturels en période de conflit.
L’instance onusienne a également promis de fournir un soutien technique au Liban, notamment en matière de restauration des monuments et des infrastructures touchées, et d'assurer une surveillance continue de l’état des sites historiques dans les zones à risque. L’organisation souligne que ces efforts s'inscrivent dans son mandat de promouvoir la paix par la culture et la protection du patrimoine en période de guerre.
Or, d’ici le 18 novembre prochain mais aussi d’ici à ce que des mesures effectives soient prises, rien ne semble empêcher le ciblage de sites historiques.
Le mohafez de Baalbeck, Bachir Khodr, a de nouveau lancé un cri d’alarme, samedi, à travers la MTV, pour expliquer à quel point Baalbeck, ses quartiers historiques et ses sites archéologiques, sont en danger.
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