Raid israélien sur un bâtiment historique à Nabatiyé
La maison historique des Chahine détruite à Nabatiyé ©Ici Beyrouth

Bâtiments et sites historiques libanais sont encore et toujours dans le viseur de l’armée israélienne, en dépit des nombreux appels pressants locaux et internationaux à les protéger et à les tenir à l’abri du conflit armé en cours.

Une des plus anciennes demeures à Nabatiyé, dans le quartier d’Al-Midane, a été détruite dans un raid israélien, durant la deuxième semaine d’octobre. Il s’agit d’une maison patrimoniale appartenant à l’ancien député Rafic Chahine, récemment restaurée et qui avait été également, à un moment donné, le siège du Centre culturel du Liban-Sud. Le mois dernier, c’est le souk de la ville, datant de l’époque ottomane, qui a été détruit dans une série de violentes frappes.

Ces dernières semaines, l’armée israélienne a ciblé des lieux historiques au Liban, notamment à Tyr et Baalbeck, provoquant des destructions considérables et mettant en péril le patrimoine culturel et historique de ce pays au carrefour de nombreuses civilisations.

Ces frappes, qui se sont intensifiées dans le contexte du conflit régional, ont endommagé plusieurs monuments et infrastructures classées, notamment des mosquées, des églises anciennes, ainsi que des sites archéologiques d'une grande valeur historique. Parmi les sites touchés, figurent notamment des vestiges romains et des quartiers historiques de villes comme Tyr, Baalbeck et Byblos, classées au patrimoine mondial de l'Unesco.

Selon les informations vérifiées par l'UNESCO, à Baalbeck, les premières analyses à distance n'ont pas encore permis d'identifier de potentiels dommages visibles à l'intérieur du site. Il est cependant confirmé que des bâtiments relevant du patrimoine architectural et historique, en dehors des limites du site qui relève du patrimoine mondial, ont subi d’importants dégâts. Il s’agit notamment d’un mur romain qui s’est écroulé et de deux bâtiments, datant l’un de l’époque du mandat français et l’autre de l'époque ottomane.

À Tyr, des dommages ont été observés à l'intérieur des limites du site du patrimoine mondial, selon l’Unesco. Un bâtiment moderne a été détruit à la suite d'une frappe aérienne.

Nouvelle plainte contre les attaques israéliennes

Face à ces attaques, le Liban a accusé Israël de violer les conventions internationales, en particulier la Convention de la Haye de 1954, qui protège les biens culturels en période de guerre. Réclamant une enquête indépendante sur les destructions infligées à son patrimoine, le gouvernement libanais demande des sanctions à l’encontre des responsables de ces attaques.

Soutenues par des organisations de défense du patrimoine, les autorités libanaises insistent donc sur le fait que ces frappes s’inscrivent dans le cadre de destructions préméditées qui visent à effacer l'identité culturelle du Liban.

Parallèlement à cette plainte, des parlementaires libanais ont lancé jeudi un appel à l'Unesco, réclamant son intervention immédiate. Dans une pétition signée par plus de 100 députés, ils ont souligné la nécessité de prendre des mesures concrètes pour protéger le patrimoine culturel libanais et d’exiger la cessation immédiate des attaques israéliennes contre ces sites.

Parallèlement, l'Unesco a fixé au 18 novembre prochain une session extraordinaire consacrée au Liban. À la demande des autorités libanaises, une session extraordinaire du Comité pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (composé de 12 États élus représentant tous les États parties) sera ainsi organisée pour examiner l'inscription de 34 biens culturels libanais sur la Liste internationale des biens culturels sous protection renforcée de l'Unesco. Cette procédure, explique l’organisation internationale, fait partie de la Convention de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé. 

Les biens culturels inscrits sur la liste internationale des biens culturels sous protection renforcée bénéficient d'une immunité de haut niveau contre les attaques militaires. Des poursuites pénales et des sanctions, menées par les autorités compétentes, peuvent s'appliquer dans les cas où des individus ne respecteraient pas la protection renforcée, toujours selon l’Unesco.

Le comité examinera également une demande d'assistance financière internationale.

Or, d’ici le 18 novembre prochain mais aussi d’ici à ce que des mesures effectives soient prises, rien ne semble empêcher le ciblage de sites historiques.

Le mohafez de Baalbeck, Bachir Khodr, a de nouveau lancé un cri d’alarme, samedi, à travers la MTV, pour expliquer à quel point Baalbeck, ses quartiers historiques et ses sites archéologiques, sont en danger.

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