Liban-Syrie: les points de passage terrestres sous la surveillance d'Israël

Entre le Liban et la Syrie, les points de passage non officiels le long de la frontière sont innombrables. En l'absence d'obstacles géographiques naturels tels qu'un fleuve, une chaîne de montagnes ou une barrière côtière, la démarcation est difficile à définir de manière efficace. Seuls six points de passage officiels existent, dont trois ont été rendus inopérants par des frappes israéliennes.

Masnaa, Kaa, Daboussiyé, Arida, Tall Khalakh et Matraba sont les six points de passage officiels dotés de postes-frontières. Ces derniers assurent les contrôles nécessaires pour réguler le passage des personnes, des véhicules et des marchandises, tout en veillant à prévenir le trafic illégal le long des 394 kilomètres de frontière entre le Liban et la Syrie.

La Békaa coupée de la Syrie

Avec l’extension des actes guerriers en dehors du Liban-Sud, Israël a frappé en octobre tous les points de passage terrestres officiels reliant la Békaa à la Syrie, les rendant inopérants.

Le point de passage de Masnaa - Jdeidet Yabous est hors service depuis une frappe israélienne survenue le 4 octobre. Cette attaque avait ciblé une artère de circulation essentielle pour les personnes et les marchandises entre le Liban et la Syrie, ainsi que pour le transit vers l’hinterland arabe. Elle a laissé un cratère de quatre mètres de profondeur. Néanmoins, une rue adjacente, rejoignant le point de passage quelques mètres plus loin, permettait encore de relier les deux côtés de la frontière. 

Israël a récidivé en menant deux nouvelles frappes durant le même mois sur cette zone, rendant alorsle point de passage totalement impraticable. Ces frappes ont touché deux emplacements: l'un situé du côté libanais, l'autre du côté syrien, dans la zone entre Masnaa et Jdeidet Kabous. 

Aucune initiative de réparation du tronçon routier n’a été entreprise. Selon Ali Hamiyé, ministre sortant des Travaux publics et des Transports, des informations relayées au Sérail indiquent qu’Israël serait fermement décidé à empêcher toute tentative de réouverture du passage, quitte à recourir à la force létale.

Kaa et Matraba

Le 24 octobre dernier, Israël a intensifié ses efforts pour resserrer l’étau sur le Liban en ciblant le deuxième point de passage officiel le plus important entre le Liban et la Syrie, celui de Kaa - Joussiyé. Cette fois, les autorités libanaises ont entrepris des travaux de réhabilitation sur ce poste-frontière. Le trafic y a néanmoins chuté de 90%, très peu de personnes osant l’emprunter depuis le premier bombardement. Réticence justifiée par une nouvelle frappe qui a visé le site durant le même mois.

Cela dit, aux premiers jours de l’extension de la guerre de Gaza au Liban, le poste-frontière de Matraba, inauguré en 2022 et reliant Hermel à Homs, a été visé par une frappe israélienne qui l’a immédiatement rendu inopérant. Ce point étant souvent utilisé pour des passages locaux, son utilisation était donc plus limitée.

Le Liban-Nord relié à la Syrie

Le Liban et la Syrie demeurent reliés par trois points de passage situés dans le mohafazat du Liban-Nord. À ce jour, ces postes-frontières restent hors de la ligne de mire d’Israël, et le trafic terrestre s’y déroule normalement.

Le point de passage de Abboudiyé est le plus important des trois, reliant le village de Abboudiyé, situé dans le mohafazat du Akkar, au village de Daboussiyé, dans le gouvernorat de Homs. Ce poste-frontière joue un rôle crucial comme principal corridor pour le transport des marchandises entre le Liban-Nord et les régions centrales et septentrionales de la Syrie. Il est notamment utilisé pour acheminer des produits alimentaires, des carburants et des produits agricoles.

Le point de passage de Arida relie le village de Arida, dans le Akkar, au gouvernorat de Tartous en Syrie. Il joue un rôle clé dans l’optimisation du transport terrestre entre les ports de Tripoli et de Tartous, dans les deux directions. Depuis l’intensification du conflit, il est fréquemment emprunté pour faciliter le passage des déplacés du Liban-Sud vers un centre d’hébergement aménagé par les autorités syriennes à Homs.

En revanche, le point de passage de Tall Kalakh, qui relie Tall Kalakh, en Syrie, à Wadi Khaled, au Liban, a une importance marginale en termes d’échanges entre les deux pays voisins. Ce corridor est principalement utilisé par les habitants de Wadi Khaled pour s’approvisionner en produits de première nécessité en Syrie.

Les régiments frontaliers terrestres

Le brigadier à la retraite Samir El Hajj a affirmé que, malgré la nature géographique de la frontière libano-syrienne, les régiments frontaliers terrestres au sein de l’armée sont parfaitement capables de réussir leur mission de contrôle des frontières. Lors d’une interview accordée à Houna Loubnan, il a toutefois souligné que cela dépend avant tout d’une volonté politique claire. À cet égard, il a rappelé que l’initiative britannique visant à construire des tours de surveillance le long des frontières orientales avec la Syrie n’a pas été prise suffisamment au sérieux.

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