Arrêt des travaux d’extraction illégale de sable au large de Chekka
Barge pour l'extraction de sable au large de Chekka ©Prise par Pierre Abi Chahine, président du Comité de protection de l'environnement à Chekka

Les travaux d’extraction illégale du sable de la plage d’el-Heri, sur le littoral de la ville de Chekka (Liban-Nord), ont été arrêtés après des jours de mobilisation et de tractations, a affirmé mercredi soir, à Ici Beyrouth, Pierre Abi Chahine, président du Comité de protection de l'environnement à Chekka, qui s’était rendu sur place. 

L’organisation environnementale “Terre Liban” a stigmatisé, dimanche, “des travaux d’extraction de sable aux abords du complexe balnéaire Florida Beach, sur la plage d’el-Heri, à Chekka, dans le caza de Batroun”. L’organisation a annoncé sur les réseaux sociaux avoir signalé “l'arrivée d'un navire d'extraction de sable sur la plage d’el-Heri”, exprimant ses préoccupations concernant “l'extraction illégale de près 30.000 mètres cubes de sable”.  Elle a dénoncé ces travaux autorisés par le ministère des Travaux publics, appelant la commission parlementaire des Travaux publics à “tenir le ministre (Ali Hamiyé) responsable”, “à retirer la licence” et “à sauver la plage”.

Sollicité par l’ONG susmentionnée, le mohafez du Liban-Nord, le juge Ramzi Nohra, a émis lundi une décision demandant aux Forces de sécurité intérieure (FSI) “l’arrêt immédiat des travaux”, qui impliquent une “violation des principes juridiques, le ministère n’ayant pas obtenu l'approbation de la municipalité concernée ni du ministère de l'Environnement, ni réalisé une évaluation de l'impact environnemental".

Destination prisée des touristes, le village d’el-Heri est caractérisé par ses belles plages de sable, dont une partie pourrait disparaître du fait de ces travaux.  

Dans une interview accordée à Ici Beyrouth, M. Abi Chahine a mis en garde contre une extraction de ce sable, expliquant “qu’il faudrait des centaines d’années pour le remplacer”. Plus encore, selon ses explications, “le sable du bassin méditerranéen provient du Sahara. Ce flux s’est toutefois arrêté depuis le creusement du canal de Suez" par le diplomate francais Ferdinand de Lesseps, en 1869.  Toujours selon M. Abi Chahine, “ce type de sable ne convient pas à la construction, car le sel qu’il contient érode l’acier. Son utilisation à des fins de construction constitue donc en elle-même une infraction”.

La municipalité de Chekka n’a pas répondu aux sollicitations d’Ici Beyrouth pour éclaircir sa position dans cette affaire.

Contacté par ici Beyrouth, Ghayath Yazbeck, député des Forces libanaises (FL) et président de la commission parlementaire de l’Environnement, a dénoncé “l’anarchie” de certains responsables et “l’impunité” dont ils bénéficient. Il a dénoncé “l’octroi par le ministère des Travaux publics (proche du Hezbollah) de telles licences sous prétexte de travaux nécessaires à l’amélioration des espaces côtiers”. 

M. Yazbeck a en outre estimé que l’extraction de 30.000 mètres cubes de sable équivaut au chargement de 2.000 camions, chacun pouvant contenir près de 40 à 50 tonnes de sable”. Selon M. Abi Chahine, il s’agirait de plus de 2.000 camions. “Une quantité énorme dont l’extraction pourrait menacer gravement l’écosystème, les ressources halieutiques, la faune et la flore, mais surtout provoquer une érosion côtière”, a alerté M. Yazbeck, qui s’est dit désolé “de voir dénaturée cette région du Liban-Nord (Chekka) par les travaux durant ces 40 dernières années”.

Et M. Yazbeck de rappeler que “le Liban est signataire des conventions internationales relatives à la protection des plages et des espaces maritimes, qui ne sont malheureusement pas respectées”. Il a enfin salué la mobilisation de “Terre Liban”, ajoutant avoir lui-même incité le mohafez du Liban-Nord, Ramzi Nohra, à émettre cette décision “pour arrêter ce crime”. M. Yazbeck a mis en garde contre “des travaux similaires dans d’autres régions qui se font à l’insu des responsables”.

Il convient de rappeler que l’année dernière, un saccage écologique a eu lieu au niveau du fleuve de Nahr el-Kalb, dans le Kesrouan. Du sable avait été retiré sur une profondeur de deux à trois mètres, alors qu’il est formellement recommandé de ne pas en retirer à plus de 60 cm.

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