L'armée israélienne a dit avoir frappé "environ 30 cibles" dans la banlieue sud de Beyrouth en 48 heures, alors que les raids se poursuivaient en milieu de journée, jeudi, contre certains quartiers de ce fief du Hezbollah.
Les avertissements se multiplient. Les habitants de la banlieue sud de Beyrouth sont désormais quotidiennement – et plusieurs fois par jour – appelés à évacuer leurs maisons à Dahyé le plus rapidement possible. Dans la seconde phase de son opération terrestre, Israël accélère la cadence. Citant une source sécuritaire israélienne, le journal Israel Hayom indique que l’armée de l’État hébreu se prépare à établir des zones tampons à l'intérieur du territoire libanais. De son côté, le chef d’état-major adjoint de l’armée israélienne, le général Amir Baram, a signalé: "Nous ne permettrons pas un retour à la situation sécuritaire dans laquelle nous nous trouvions avant le 8 octobre."
Cet acharnement militaire a été relevé, mercredi, par le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui a indiqué qu’Israël cherche à conserver la capacité à frapper le Liban à tout moment, voire à y entrer. Il a ainsi exprimé son inquiétude, suggérant que l'objectif de Tel-Aviv ne semble pas être une désescalade immédiate. Par ailleurs, et selon plusieurs médias américains, Israël chercherait à intensifier ses attaques afin de "terminer la guerre" avant l’arrivée officielle de Donald Trump à la Maison-Blanche. Cette dynamique est interprétée par certains analystes comme une tentative de ne pas laisser un possible changement de politique américaine perturber les objectifs stratégiques de l'État hébreu, surtout après les désaccords manifestés entre Trump et son successeur potentiel, Joe Biden. La pression sur le terrain s'intensifie, alors que l'équilibre fragile du conflit semble se déplacer vers un point de rupture, avec des conséquences potentielles sur la stabilité régionale.
Pour revenir à la situation sur le terrain, jeudi matin, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a émis une énième alerte urgente destinée aux résidents des quartiers de Ghobeiri et Choueifate Amroussiyé. "Vous vous trouvez à proximité d'installations liées au Hezbollah contre lesquelles l’armée israélienne va agir prochainement. Pour votre sécurité et celle de vos familles, vous devez évacuer immédiatement ces bâtiments ainsi que ceux qui les entourent, en vous éloignant d'au moins 500 mètres", a-t-il annoncé sur son compte X. Plusieurs frappes ont ainsi ciblé Ghobeiri, suivie d’autres contre Choueifate Amroussiyé et Haret Hreik-Roueiss.
Plus tôt, aux premières heures de la journée de jeudi, la banlieue sud a été violemment pilonnée. Les quartiers de Haret Hreik et Bourj el-Barajneh ont ainsi été fortement bombardés, alors que des drones continuaient de survoler la capitale. Les raids israéliens sur la banlieue sud se poursuivaient toujours en milieu de journée, alors que l'armée israélienne annonçait avoir frappé "environ 30 cibles" au sud de Beyrouth en 48 heures.
Au Liban-Sud, la situation est similaire. Plusieurs maisons a Nabatiyé ont été détruites par des frappes aériennes. Un citoyen et deux ambulanciers du Comité sanitaire islamique affilié au Hezbollah ont été blessés des suites de raids portés sur quartier des religieuses à Nabatiyé.Les villages de Chebaa, Hebbariyé (Hasbaya) ont été bombardés alors que les périphéries de Kounine, Tiri, Aïnata, Hanine, Chaqra, Baraachit, Majdel Selm, Qabrikha, Sarbine et Haddatha ont été visées par l’artillerie israélienne. A Tyr, les régions de Qlaylé et Malikiyé ont été soumises à des frappes, ainsi que Deir el-Zahrani, à Nabatiyé.
L’artillerie israélienne a visé, jeudi matin, les environs de Majdel Zoun, Naqoura, Chamaa, Bazouriyé et Mansouri. Dans la nuit de mercredi à jeudi, le village de Jmeijmé a été ciblé. Plusieurs victimes ont été signalées. D'intenses bombardements au phosphore ont ciblé Chamaa et Majdel Zoun.
En outre, des avions militaires israéliens ont lancé des raids sur Ghaziyé, Aïn Qana et Yohmor, détruisant quatre bâtiments résidentiels. Une troupe israélienne s’en est, par ailleurs, prise à une moto qui circulait au niveau de Yohmor el-Chaqif, tuant ainsi son conducteur. Dans ce même village, l’artillerie israélienne a bombardé des quartiers résidentiels, provoquant d’importants dégâts matériels.
Deux raids sont également tombés sur Nabatieh el-Fawqa et sur Bint Jbeil, alors que deux autres ont été lancés sur les quartiers de Deir et de Roueiss, à Nabatiyé. Aucune victime n’a été signalée. D’autres raids sur Aïnata, Baraachit, Safad el-Batikh, Hanine, Froun et Kfar Remmane ont été observés.
Les villages de Chebaa, Tebnine, Bourj Qalaouié et Arabsalim ont connu le même sort, ce qui entraîné la mort de 3 citoyens. Une autre attaque sur Aaramta (Jezzine) a fait deux victimes, contre une à Bayad (Nabatiyé). À cela, s’ajoute une série de frappes sur Bint Jbeil, Deir Zahrani, Majdel Selem, Tiri, Teir Harfa, Zefta, Yater et Kfarjoz, ainsi que des bombardements d’artillerie sur Arnoun, Yater, Beit Yahoun, Kounnine et Aïnata. Le cours du fleuve Litani au niveau de Blat (Marjeyoun) a aussi été ciblé.
Jeudi matin, l’armée israélienne a déclaré avoir détruit, dans le courant de la semaine du 4 novembre, plus de 140 plateformes de lancement de missiles au Liban-Sud. Selon un message publié sur le compte X de M. Adraee en matinée, certaines étaient “utilisées pour attaquer la Galilée-ouest”. Le porte-parole arabophone indique par ailleurs que “plus de 200 membres du Hezbollah ont été tués durant la même semaine au Liban-Sud”. Il signale, en outre, que “des avions de chasse ont frappé (mardi, ndlr) les responsables des opérations et des missiles anti-chars de la force Radwane sur la côte, ainsi qu’un responsable au sein d’une brigade de la même force”.
Attaques du Hezbollah
De son côté, le Hezbollah a annoncé avoir ciblé des soldats israéliens positionnés entre Houla et Markaba (Marjeyoun), ainsi qu’une troupe de l’Etat hébreu à l’est de Markaba. Il a, de plus, revendiqué une attaque contre la base logistique de la 146 division de l’armée israélienne, à l’est de Naharia. Selon la radio israélienne, un missile lancé depuis le Liban a atterri dans une zone dégagée à Avivim en Haute Galilée.
Il a revendiqué des attaques contre un rassemblement de forces israéliennes au sud de Adaïssé (Marjeyoun) et à Sa'sa, dans le nord d'Israël, moyennant une salve de missiles. Il a également ciblé une troupe de l’État hébreu au niveau de la périphérie sud de Bint Jbeil et à Maroun el-Ras, au moyen de roquettes de type Nasr 1.
Par ailleurs, l’armée israélienne a annoncé, jeudi matin, avoir détecté 10 missiles lancés depuis le Liban. Selon les médias israéliens, des roquettes sont tombées, dans la nuit de mercredi à jeudi, sur Ma’alot en Galilée. Des sirènes ont également retenti à Avirim et Ma’alot-Tarshiha en Haute Galilée.
Saisie d’armes à Rachaya
Une camionnette transportant des armes a été arrêtée par des habitants à Rachaya. Dépêchée sur les lieux, l’armée libanaise a réquisitionné la marchandise.
Dans un communiqué publié jeudi, le Parti socialiste progressiste (PSP) a indiqué que “dans le cadre des mesures convenues pour protéger les résidents et les personnes déplacées, les forces militaires, de sécurité et municipales de la région de Rachaya ont arrêté le véhicule en question et les mesures nécessaires ont été prises à cet égard”.
Et le texte d’ajouter que le “PSP insiste sur la compétence des seuls services et autorités susmentionnés dans la gestion de tels incidents”, avant de préciser que “la coopération dans de tels cas est toujours requise”.
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