Ambassadeur du Liban à l’Unesco et à Berlin, Moustapha Adib a répondu aux questions d’Ici Beyrouth à propos de la session extraordinaire organisée par l’organisation onusienne le 18 novembre, à Paris, sur le renforcement de la protection des sites historiques libanais, menacés par les raids israéliens au pays du Cèdre.
L’Unesco a annoncé le jeudi 7 novembre que son comité pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé tiendra une réunion extraordinaire le lundi 18 novembre pour discuter d’une “protection provisoire renforcée” des sites historiques libanais menacés par les frappes israéliennes contre le Hezbollah. Cette réunion est organisée “à la demande des autorités libanaises”, a fait savoir l’Unesco à l’AFP.
Le même jour, plus de cent députés libanais avaient appelé l’Unesco à protéger les sites historiques libanais, notamment ceux des villes antiques de Baalbeck et deTyr. La réunion du 18 novembre se tiendra au siège parisien de l’Unesco. Pour en savoir plus sur ces assises et leurs enjeux, Ici Beyrouth a pris contact avec Moustapha Adib, ambassadeur du Liban à l’Unesco et ambassadeur du Liban à Berlin.
Quel est le but de cette réunion?
Après les frappes israéliennes qui ont touché le périmètre de la citadelle de Baalbeck et les lieux historiques de la ville de Tyr, la délégation permanente du Liban auprès de l’Unesco a demandé une session extraordinaire du comité intergouvernemental, institué par le deuxième protocole additionnel de 1999 de la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé.
Le but est de demander une protection renforcée, mécanisme établi par le deuxième protocole de 1999 de la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé. L’objectif principal est d’assurer une protection effective et intégrale des biens culturels, qu’ils soient de caractère international ou non.
Les biens culturels inscrits sous protection renforcée bénéficient d’une immunité qui impose aux parties en conflit de s’interdire d’en faire l’objet d’attaques ou d’utiliser ces biens – ou leurs abords immédiats – comme appui à une action militaire.
En cas de non-respect de cette protection renforcée, des sanctions pénales établies par le deuxième protocole de 1999 s’appliquent.
Sous quelle forme va s’organiser cette réunion?
Le comité (qui va se réunir le 18 novembre, ndlr) est composé de 12 États. Il est présidé actuellement par la Finlande. Un quorum de huit membres est requis pour que la réunion puisse avoir lieu. Le Liban a obtenu ce quorum dans les délais. En collaboration avec notre ministère de la Culture, la délégation permanente du Liban a préparé un dossier portant sur 34 sites qui va être présenté lors de cette réunion, sur base duquel une demande de cette protection renforcée va être soumise. Il faut un vote pour chaque site. Nous faisons ce que nous pouvons pour obtenir cette protection renforcée.
Je tiens par ailleurs à saluer également la société civile libanaise qui a beaucoup agi en ce sens, en adressant des lettres ouvertes à la Directrice générale (Audrey Azoulay, ndlr) et à tous les responsables de l’Unesco pour les sensibiliser sur cette question. Car les sites libanais inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco n’appartiennent pas qu’au Liban, mais également à toute l’humanité.
Cent députés libanais ont par ailleurs signé une pétition envoyée à Mme Azoulay. Et nous-mêmes, délégation permanente du Liban auprès de l’Unesco, nous avons adressé à plusieurs reprises des lettres et des notes verbales à Mme Azoulay ainsi qu’au directeur du Patrimoine mondial, M. Lazare Eloundou Assomo, après chaque frappe israélienne sur les périmètres des sites historiques.
Le plus important est d’imposer un cessez-le-feu. Sinon, tout le patrimoine reste en danger imminent de destruction. Il faut épargner ces sites historiques et archéologiques qui appartiennent à l’humanité tout entière.
Est-ce la première fois qu’une telle réunion se tient?
Oui. Le Liban avait demandé la tenue de cette réunion le 5 octobre. Elle a été décidée pour le 18 novembre. Il y a eu un intense travail diplomatique pour l’obtention du quorum, et beaucoup d’États ont réagi positivement à notre demande.
À quels résultats concrets peut-elle aboutir ?
Le but est d’accorder une protection renforcée aux sites historiques concernés. Je suis, pour ma part, confiant. C’est un dossier technique, selon des critères bien définis, que nous sommes en train de travailler pour le présenter, en définissant le(s) danger(s) imminent(s) pour chaque site.
Si rien ne se passe, pensez-vous organiser d’autres réunions de ce genre?
Nous concentrons pour l’instant tous nos efforts sur la réunion du 18 novembre. Les résultats seront pris en compte par le Liban pour décider de la marche à suivre par la suite.
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