Les pourparlers en cours entre le Hezbollah et Israël visant un cessez-le-feu ne sont pas les premiers du genre dans l’histoire des négociations entre le Liban et son voisin du sud. Un seul fait notable les caractérise néanmoins: ils se tiennent pour la première fois en l’absence d’un président de la République, le poste étant vacant depuis plus de deux ans. Dans ce contexte, des acteurs institutionnels, comme le président du Parlement, Nabih Berry et le Premier ministre sortant, Najib Mikati, participent indirectement aux discussions, mais en dehors du cadre officiel que la Constitution exige.
Pour rappel, des négociations avaient déjà eu lieu entre le Liban et Israël. Après l’opération israélienne Paix en Galilée contre l’OLP au Liban, des pourparlers avaient été engagés dès le 28 décembre 1982 et des réunions tenues à Khaldé (Liban) et Kyriat Shmona (Israël). Sous la présidence d’Amine Gemayel, ces négociations, menées par l’ambassadeur Antoine Fattal, avaient abouti à l’accord du 17 mai 1983. Le président Gemayel avait été directement impliqué, conformément à l’article 52 de la Constitution qui lui confère la prérogative de négocier et de ratifier les traités internationaux.
Plus récemment, le 31 octobre 2022, l’accord sur la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël avait été annoncé depuis le palais de Baabda. Michel Aoun, alors président, suivait les négociations par l’intermédiaire d’Élias Bou Saab qu’il avait mandaté pour mener le processus.
Aujourd’hui, les négociations pour un cessez-le-feu et l’application de la résolution 1701 se déroulent dans un contexte inédit. En l’absence d’un président de la République pour en assurer le suivi, ces discussions échappent au cadre constitutionnel et aux usages institutionnels.
Selon certaines sources, le président de la Chambre, Nabih Berry, serait le seul en possession du document américain détaillant les propositions relatives au cessez-le-feu et à la résolution 1701. Il l’aurait transmis au Hezbollah, lequel l’a ensuite partagé avec l’Iran. Quant au Premier ministre, Najib Mikati, il n’aurait reçu qu’un résumé oral de l’ambassadrice américaine, Lisa Johnson, tandis que le ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, n’aurait été ni consulté ni officiellement informé.
Par crainte d’être accusé de trahison si un accord était conclu sans l’aval du Hezbollah, Mikati a choisi de se tenir à l’écart de ces négociations.
Ainsi, les discussions se déroulent de fait entre le tandem Hezbollah-Amal stricto sensu, à l’exclusion des autres composantes politiques et confessionnelles du pays. Certaines ont volontairement pris leurs distances, tandis que d’autres ont été marginalisées par la force des choses, en l’absence d’une quelconque volonté d’avoir un président pour mener ces négociations.
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