Dans un contexte de guerre entre Israël et le Hezbollah, la saison de basketball libanaise fait face à des défis sans précédent. Pour mieux comprendre les stratégies mises en place pour assurer sa continuité, Ici Beyrouth s'est entretenue avec Akram Halabi, président de la Fédération libanaise de basketball.
Y a-t-il un risque d'annulation de la saison de basketball 2024-2025?
Bien que l'avenir du basketball libanais soit lié à l'instauration d'un cessez-le-feu, la Fédération a élaboré un plan pour garantir la continuité de la saison 2024-2025. Dès qu'un cessez-le-feu sera établi, une période transitoire d’un mois à un mois et demi sera accordée aux clubs pour se préparer et renforcer leurs équipes. Je suis prêt à reporter la saison autant de fois que nécessaire, que ce soit une, deux ou trois fois, mais aucune interruption n'est prévue. J’envisage de trouver un nouveau format adapté à la situation afin d'éviter toute annulation.
Vu la situation locale, y a-t-il une crainte que les joueurs libanais quittent pour des offres à l'étranger ?
Malgré quelques offres internationales reçues par des joueurs locaux, la priorité reste la ligue libanaise. Environ 120 joueurs libanais évoluent en première division, mais seulement 6 ou 7 ont reçu des propositions à l'étranger, et ces offres sont bien inférieures aux contrats proposés au Liban. Les joueurs libanais privilégient donc la ligue nationale grâce à des contrats plus avantageux. Je ne suis pas inquiet pour l'avenir du basketball libanais, car je suis convaincu que ceux qui partiront durant cette période de transition reviendront par la suite, attirés par les meilleures conditions offertes au Liban.
Quels sont les défis que la fédération doit relever pour maintenir la ligue en activité malgré la guerre?
La communication avec les clubs est essentielle pour garantir que les joueurs restent et éviter d'invoquer la “force majeure”. Nous voulons éviter de laisser les joueurs, les physiothérapeutes et les entraîneurs sans emploi, même si nous devons ajourner la ligue de deux à trois mois. Il est crucial de trouver un équilibre et une solution stable qui garantissent l'équité entre les clubs et les joueurs. Nous encourageons une communication constante entre les deux parties pour assurer la stabilité et la continuité du basketball jusqu'à la fin du conflit.
Quelle solution globale proposez-vous pour assurer la continuité et le succès du basketball libanais malgré les défis posés par la guerre?
La solution évidente pour résoudre ces problèmes est de lancer la ligue. C'est le seul moyen d'avancer. En plus des contrats des joueurs, il y a des partenariats publicitaires entre la fédération, les clubs et même les joueurs qui doivent être respectés. Il ne s'agit pas seulement de respecter les contrats des joueurs, mais aussi de préserver la stabilité financière et de tenir les engagements pris envers nos partenaires.
Si jamais la saison reprend pendant la guerre, les joueurs ne se rendront surtout pas sur des terrains situés dans des zones dangereuses. La sécurité des joueurs reste une priorité, notamment après les récents incidents tragiques survenus au sein de la fédération de football, à savoir les graves blessures subies par Céline Haidar, joueuse nationale, et Wahid Fattal, ancien gardien du Nejmeh SC.
La décision qatarie, permettant aux joueurs libanais d’être enregistrés comme quatrième joueur étranger, serait-elle un coup d'épée dans l'eau?
Je reste sceptique à ce sujet. Cette mesure ne semble pas réellement bénéfique pour les joueurs libanais, car elle ne leur offre pas une véritable opportunité de jouer. En effet, les clubs qatariens peuvent déjà aligner deux joueurs étrangers, et il est peu probable qu'ils remplacent deux Américains par un quatrième joueur libanais. J’aurais préféré que le Qatar accorde une nationalité sportive aux joueurs libanais, leur permettant ainsi de jouer comme des Qataris. Cette décision aurait été bien plus avantageuse pour eux.
Quels facteurs ont contribué à l'essor du basketball libanais et à sa position dominante en Asie?
Le basketball libanais a atteint un tel niveau qu'il est devenu une référence en Asie, surpassant largement les pays du Moyen-Orient. La ligue libanaise attire désormais des joueurs et des entraîneur, car elle offre une exposition médiatique et une visibilité bien supérieure à celles proposées dans le reste de l'Asie. De plus, les contrats au Liban sont extrêmement compétitifs. Depuis un certain temps, nous travaillons sur une vision à long terme de vingt ans en collaboration avec les académies, afin d’assurer l’avenir du sport. Dans cette optique, nous avons recruté des entraîneurs internationaux pour enseigner la philosophie et la discipline du basketball.
Je suis bien évidemment déçu par l'impact négatif de la guerre sur le développement du basketball. Le conflit a interrompu un projet crucial: la construction d'un terrain dédié à l'équipe nationale. Cependant, je reste optimiste et convaincu qu'une fois la paix rétablie, le projet pourra reprendre.
Avez-vous observé un changement dans la motivation des joueurs par rapport aux précédentes fenêtres de qualification?
La délégation est désormais complète avec l'arrivée d'Omari Spellman ce mardi. Les joueurs sont en bonne santé, sans blessures, et leur moral est excellent. C'est la première fois que je constate une telle motivation au sein de l'équipe.
Sur le chemin vers la Coupe d'Asie: l’équipe est-elle prête à tout?
À Dubaï depuis plus de deux semaines, l'équipe nationale libanaise jouera loin de ses fans lors des fenêtres de qualification pour la Coupe d'Asie. Le Liban disputera deux matchs: le premier contre les Émirats arabes unis, le 22 novembre, et le second contre la Syrie, le 25 novembre. Ces rencontres étaient initialement prévues au Liban. Si le Liban remporte ces deux matchs, il se qualifiera automatiquement pour la Coupe d'Asie 2025, qui se déroulera en Arabie saoudite.
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