Breyten Breytenbach, poète et militant anti-apartheid, est décédé
L'écrivain sud-africain et militant anti-apartheid Breyten Breytenbach reçoit le Prix littéraire international Zbigniew Herbert 2017 à Varsovie. ©Euzebiusz Niemiec / AFP

Breyten Breytenbach, écrivain, poète, peintre et militant sud-africain, célèbre pour son combat contre l’apartheid et son œuvre prolifique en afrikaans, s’est éteint paisiblement à Paris, à l’âge de 85 ans.

L’écrivain, poète et peintre sud-africain Breyten Breytenbach, figure emblématique de la lutte anti-apartheid, est décédé sereinement dimanche 24 novembre à Paris, à l’âge de 85 ans, comme l’a annoncé sa fille Daphnée Breytenbach à l’AFP.

Exilé dès les années 1960, Breyten Breytenbach avait quitté son Afrique du Sud natale pour s’établir en France, où il est devenu l’une des voix majeures s’opposant au système de ségrégation raciale. Naturalisé français en 1982, il a partagé sa vie entre la France, les États-Unis, le Sénégal, où il dirigeait l’Institut Gorée pour la paix en Afrique, et de courts séjours dans son pays natal.

Un engagement littéraire et politique

Breyten Breytenbach, né le 16 septembre 1939 à Bonnievale, dans la province du Cap, dans une modeste famille afrikaner, s’est illustré par une carrière prolifique. Auteur de près de cinquante ouvrages, incluant des recueils de poésie et des œuvres en prose, il écrivait principalement en afrikaans, sa langue maternelle. Parmi ses œuvres marquantes, Confession véridique d’un terroriste albinos et Une saison au paradis témoignent de son engagement et de ses expériences, notamment ses années d’emprisonnement sous le régime d’apartheid.

L’écrivain était connu pour sa capacité d’indignation, restée intacte même après l’avènement de la démocratie en 1994. Il n’a jamais cessé de dénoncer les injustices. "Nous, les écrivains, ne devons jamais dévier de notre désobéissance envers les puissants et de notre identification avec les pauvres." C’est ce qu’il écrivait dans une lettre ouverte adressée à Nelson Mandela en 2008, à l’occasion du 90e anniversaire de ce dernier.

Un parcours marqué par l’exil et la répression

Opposé dès ses jeunes années à la ségrégation, Breytenbach quitte son pays natal à 20 ans, interrompant ses études à l’université du Cap. Après une période de petits boulots en Europe, il s’installe à Paris en 1960. En 1963, il épouse Yolande Ngo Thi Hoang Lien, une Française d’origine vietnamienne, une union qui, sous les lois racistes de l’apartheid, lui interdit tout retour légal en Afrique du Sud.

En 1975, il décide de rentrer clandestinement dans son pays avec un faux passeport pour organiser la résistance. Dénoncé, il est arrêté et condamné pour "terrorisme". Il passera sept années en prison, dont deux à l’isolement total. Cette expérience marquera profondément sa vie et sa création littéraire.

Libéré en 1982 grâce à l’intervention du président François Mitterrand, Breytenbach revient en France et obtient la citoyenneté française. Déçu par la nouvelle élite sud-africaine après la chute de l’apartheid, il dénoncera leur corruption et leur indifférence, comparant leur gouvernance à "une parade sans fin de clowns corrompus".

Une reconnaissance internationale

En plus de son œuvre littéraire, Breytenbach s’est illustré en tant que peintre. Ses toiles, souvent peuplées de figures surréalistes emprisonnées, ont été exposées à travers le monde. Il a également été fait chevalier de la Légion d’honneur et commandeur des Arts et des Lettres, les plus hautes distinctions culturelles en France.

Jusqu’à ses derniers jours, Breyten Breytenbach a incarné une éthique d’irrévérence et d’engagement, refusant toute compromission. "Ses mots, ses toiles, son imagination, sa résilience continueront à nous guider", a déclaré sa fille Daphnée Breytenbach.

Avec AFP

 

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