Théa, la nouvelle étoile punk qui file vers l’Olympia
La musicienne française Théa se produit sur scène lors de son concert dans le cadre du festival Rock en Seine à Saint-Cloud, près de Paris, le 20 août 2025. ©Guillaume BAPTISTE / AFP

En cinq ans, la chanteuse Théa est passée des squats de Seine-Saint-Denis aux plus grandes scènes parisiennes avec son univers punk éclaté et revendicatif. À seulement 24 ans, elle prépare déjà un Olympia et s’impose comme un visage phare d’une génération rebelle et connectée.

Depuis sa première scène dans un squat de Seine-Saint-Denis il y a cinq ans, la jeune chanteuse Théa sème son «joyeux chaos» à travers un univers punk coloré, qui va la conduire jusqu'à l'Olympia.
«Transpirez ensemble! Alors que vous vous connaissez même pas. Exisez ensemble, dansez ensemble!», encourage Théa devant le public venu l'écouter mercredi à Rock en Seine, près de Paris.
L'artiste francilienne de 24 ans était programmée le même soir que la star américaine Chappell Roan en ouverture du festival, qui se tient jusqu'à dimanche.
Ce choix témoigne de sa progression: passée par des tremplins pour artistes émergents, la voilà qui remplit à toute vitesse ses premières salles parisiennes, la Boule Noire puis la Cigale.
Elle prépare une tournée et compte retourner l'Olympia début avril 2026. «Quand on sera plus connus, ça va être tellement marrant de dire des dingueries et de foutre ce bordel-là», sourit Théa, rencontrée par l'AFP.
Sans album pour l'heure, elle défend son EP Comète, sorti en mars avec cinq titres explosifs. Son cocktail? Une base punk, une couche d'hyperpop plébiscitée par la Gen Z et un soupçon d'emo. Ce dérivé du punk, populaire dans les années 2000, s'illustre par un look – frange, yeux maquillés de noir – et des paroles cathartiques.
«J'sais plus quoi faire des contes de fées/Viens, on se défonce jusqu'à demain/J'suis une comète, j'peux pas crever», balance-t-elle dans Allô? C'est moi.
Ses paroles, souvent crues, évoquent l'amitié pour briser la solitude, la perdition dans l'alcool et la musique comme un antidote pour «faire taire cette réalité de merde».
Mais «je ne voulais pas que ce soit complètement dark (sombre, NDLR), triste et déprimant», explique la chanteuse au style gothique, passée d'une chevelure rose fluo à blond platine. Sa voix naturellement grave monte parfois dans les aigus ou part dans un scream, cri propre au chant metal ou punk.
Derrière ce carpe diem nihiliste se cache pourtant un mal-être dont l'artiste a elle-même souffert, avant de trouver dans la musique un moyen de se connecter aux autres.

Sans permission

Adepte du numérique, Théa a débuté sur internet avant d'organiser son premier concert dans un squat de Montreuil (Seine-Saint-Denis), entre deux confinements pendant la pandémie de Covid-19.
En plus de masques, les besoins étaient sommaires: «De l'électricité, une scène, des enceintes et des gens assez cool et déter» (déterminés, NDLR), se souvient-elle.
«C'était un bordel! Du coup, la police est arrivée au bout de trois morceaux mais c'était quand même assez iconique», se marre l'artiste, qui s'est aussi construite à travers les free parties.
Ces rassemblements non déclarés et gratuits peuvent rassembler jusqu'à des milliers de personnes autour de sound systems, des murs de son qui crachent de la musique à gros volume.
Ils sont dans le viseur des autorités: les préfectures de plusieurs départements ont pris des arrêtés pour les interdire et une proposition de loi a été déposée pour renforcer leur pénalisation, mettant en avant des nuisances pour les riverains et des risques de santé publique avec une consommation excessive d'alcool et de stupéfiants.
«On ne demande pas la permission pour pouvoir faire une fête. Forcément, c'est ce qui est très critiqué mais j'aimais bien ce côté punk», revendique Théa, louant des lieux de tolérance notamment pour les personnes queer comme elle.
Proche des milieux militants de la gauche libertaire, elle pense d'ailleurs ses refrains «un peu comme des slogans» et n'hésite pas, en concert, à crier qu'elle «déteste la police».

Par Fanny LATTACH / AFP 

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