Angoulême: le Festival international de la BD se réinvente après la crise de gouvernance
Des visiteurs regardent des panneaux dans le cadre d’une exposition lors de la 52ᵉ édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, le 30 janvier 2025. ©Romain PERROCHEAU / AFP

Après plusieurs semaines de tensions autour de la gouvernance du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD), les financeurs publics ont annoncé lundi qu’une structure regroupant collectivités et professionnels prendrait désormais les rênes de l’événement, excluant Delphine Groux, présidente controversée de l’association historique. Ce geste vise à apaiser la profession et à préparer l’organisation d’une prochaine édition sous contrôle plus partagé, après les critiques répétées sur la transparence de 9eArt+, société organisatrice du festival depuis 2007.

Les pouvoirs publics et le milieu de la BD en France veulent reprendre la main sur le festival d'Angoulême, le plus grand rendez-vous mondial du secteur, dont l'organisation est depuis des mois sous le feu de critiques.

Cette situation a conduit, lundi, à une mise en retrait de la présidente contestée de l'association historique.

L'Association pour le développement de la bande dessinée à Angoulême (ADBDA), qui réunit les pouvoirs publics, les professionnels et le festival, devrait «piloter la prochaine mise en concurrence qui désignera un successeur à l'actuel organisateur».

L'incendie s'est déclaré juste avant l'ouverture de la 52ᵉ et dernière édition, fin janvier.

La société privée 9eArt+, organisatrice de l'événement depuis 2007, et son directeur décrié Franck Bondoux sont alors accusés d'opacité financière, de «dérives» mercantiles et d'avoir licencié une salariée, en 2024, qui venait de porter plainte pour un viol survenu en marge du festival.

Les pouvoirs publics ont proposé que l'Association ADBDA, qui réunit les pouvoirs publics, les professionnels et le festival, pilote la prochaine mise en concurrence qui désignera un successeur à l'actuel organisateur».

Une information judiciaire est ouverte sur ces faits et, en parallèle, la jeune femme conteste devant les prud'hommes son licenciement pour «faute grave». Son ex-employeur dénonce «un amalgame volontaire et critiquable entre deux procédures totalement distinctes», et invoque des «manquements graves» pour justifier son licenciement.

La profession s'enflamme et des auteurs menacent de boycotter l'édition 2026.

Également sous pression des financeurs publics, qui abondent presque la moitié du budget du festival, l'association FIBD, présidée par Delphine Groux, fille d'un des cofondateurs historiques du festival créé en 1974, met fin au contrat de 9eArt+ à partir de 2027 et ouvre à la concurrence l'organisation future de l'événement.

Mais sa décision, début novembre, de reconduire 9eArt+, dans le cadre d'un rapprochement souhaité avec la Cité de la BD à Angoulême, provoque un tollé. Et même l'annonce, jeudi dernier, d'une nouvelle procédure écartant cette fois la société de Franck Bondoux (pour l'après 2027) ne ramène pas le calme.

Pour le Syndicat national de l'édition (SNE), «la confiance est rompue» et Mme Groux, «artisan du chaos, ne peut pas piloter un nouvel appel à projets».

Dans un communiqué publié lundi, la préfecture et le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, le département de la Charente, la ville et l'agglomération d'Angoulême ont ainsi proposé «que l'Association ADBDA, qui réunit les pouvoirs publics, les professionnels et le festival, pilote la prochaine mise en concurrence qui désignera un successeur à l'actuel organisateur».

Elle avait été créée en janvier 2017, après une précédente menace de boycott des éditeurs qui réclamaient, déjà, une «refonte radicale» de l'événement.

Avec AFP

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