Les fonctionnaires et les salaires: la quadrature du cercle
©Ici Beyrouth

Les fonctionnaires incapables de garantir une présence de seize jours par mois sur leur lieu de travail seront privés de l’“indemnité de persévérance”, une allocation d’aide sociale temporaire mise en place par le gouvernement depuis le début de la crise multidimensionnelle en octobre 2019.

Dans un contexte marqué par une guerre entre Israël et le Hezbollah et le déplacement massif de nombreux employés, les fonctionnaires se retrouvent dans une situation désespérée, tandis que l’État, affaibli par les mêmes causes, peine à mobiliser les ressources nécessaires. La question des salaires et des fonctionnaires devient ainsi une véritable quadrature du cercle.

Décision irrévocable

La décision du gouvernement d’expédition des affaires courantes de Najib Mikati semble définitive. Le ministre des Finances, Youssef Khalil, a proposé de réduire la durée de présence requise à 8 jours pour les employés déplacés et à 12 jours pour les non-déplacés pour qu’ils puissent bénéficier de l’“indemnité de persévérance”, mais le Premier ministre sortant a rejeté cette suggestion. Il a insisté sur le maintien de la durée de présence à 16 jours, conformément à la circulaire n°6/2024.

D'après des chiffres relayés par les médias et attribués au ministère des Finances, 400 fonctionnaires sur un total de 2.000, employés au sein du ministère, auraient le statut de “déplacés”. D’autres sources estiment à 25% le taux de fonctionnaires ayant quitté leur lieu de résidence principale.

Logiquement, les fonctionnaires restés dans leur lieu de résidence principal sont mieux équipés pour s'adapter à la faiblesse de leur pouvoir d'achat, contrairement à ceux qui ont dû se déplacer vers des zones non touchées par les raids, ce qui a entraîné des charges supplémentaires. Cette situation est plus complexe pour ceux qui ont dû quitter leur domicile sans pouvoir emporter leurs effets personnels.

Un Smic à 675.000 LL

Avec la destruction d'une grande partie des locaux des administrations dans le sud du Liban et la Békaa, les employés sont contraints de se rendre dans des centres de travail alternatifs à Beyrouth. Cependant, pour certains, comme ceux qui se sont réfugiés dans le Akkar, cela reste impossible, surtout lorsque l'on sait que la moyenne des salaires dans le secteur public est de 500 dollars, incluant les indemnités de transport et l'“indemnité de persévérance”.

En attendant des réformes du secteur public et un plan de redressement global du pays, qui tardent à venir, la situation reste difficile. À cela s'ajoute l'ouverture du front sud par le Hezbollah contre Israël, le 8 octobre 2023, et la guerre que cette formation a imposée au pays. Le salaire minimum d'un fonctionnaire reste officiellement fixé à 675.000 livres libanaises, tandis que celui du secteur privé a atteint 18 millions de livres.

Pire encore, les indemnités de fin de service des fonctionnaires sont toujours calculées sur la base d’un dollar à 1.507,5 livres. Le gouvernement rejette toute révision de l’échelle salariale avant une réduction de la taille du secteur public. L'État a ses raisons et le fonctionnaire en a aussi.

 

 

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