Après le cessez-le-feu, l’Iran et la Syrie dans le collimateur de Netanyahou
©Ici Beyrouth

Lors du discours qu’il a prononcé mardi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a présenté sa vision stratégique d’Israël, recentrant les priorités nationales sur la “menace iranienne”.

Tout en défendant l’accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah au Liban, M. Netanyahou a averti que cet arrangement visait à permettre à Israël de se concentrer sur ses priorités stratégiques. Parmi celles-ci, l’Iran, qu’il considère comme la source des tensions dans la région, occupe une place centrale.

Changer le visage du Moyen-Orient

M. Netanyahou a désigné l’Iran comme une “menace existentielle”, soulignant que ses ambitions nucléaires et ses alliances régionales mettent en péril la sécurité d’Israël.

Il a affirmé que le cessez-le-feu au Liban permettrait de “modifier le visage du Moyen-Orient” en redirigeant les efforts israéliens pour contrer la République islamique.

Ce repositionnement stratégique, a-t-il expliqué, est essentiel dans un contexte où l’Iran non seulement poursuit ses avancées nucléaires, mais intensifie également son soutien à des groupes armés comme le Hezbollah au Liban, le Hamas à Gaza et des milices en Syrie.

La Syrie, carrefour stratégique pour l'Iran

La Syrie occupe une place particulière dans cette équation. M. Netanyahou a directement adressé un avertissement au président syrien, Bachar el-Assad, déclarant que ce dernier “doit comprendre qu’il joue avec le feu”. Cela fait écho aux opérations militaires israéliennes qui visent régulièrement les infrastructures iraniennes en Syrie.

La raison en est simple: depuis des années, la Syrie sert de corridor stratégique pour le transfert d’armes depuis l’Iran vers le Hezbollah. Des sites proches de Damas, de Masyaf et de la frontière syro-irakienne, comme Boukamal et Deir ez-Zor, sont régulièrement utilisés pour le stockage et le transit d’armes sophistiquées, dont des missiles de précision et des drones.

Israël considère ces routes comme une menace directe à sa sécurité et a intensifié ses frappes aériennes pour empêcher le renforcement du Hezbollah.

Masnaa, un poste-frontière clé entre la Syrie et le Liban, symbolise ce défi. Ce point de passage est essentiel pour le transfert des cargaisons d’armement iranien vers le Liban. Pour M. Netanyahou, détruire ces lignes d’approvisionnement est une priorité stratégique, car cela affaiblit directement le Hezbollah et, par extension, réduit la capacité de l’Iran à projeter sa puissance dans la région.

M. Netanyahou a insisté sur le fait que la lutte contre l’Iran nécessitait une gestion prudente des fronts ouverts. La séparation du conflit avec le Hezbollah au Liban de celui avec le Hamas à Gaza constitue, selon lui, une victoire stratégique.

La pieuvre iranienne

L’enjeu iranien, toutefois, reste au cœur des priorités israéliennes. Le Premier ministre israélien a justifié ses actions en Syrie et au Liban comme faisant partie d’une campagne plus large visant à contenir l’influence de Téhéran.

Il a promis de continuer d'empêcher l’Iran de se doter d’armes nucléaires, soulignant que chaque frappe en Syrie ou chaque opération contre le Hezbollah s’inscrivait dans ce cadre plus large.

Fin octobre, la frappe israélienne sur le complexe militaire de Parchin, en Iran, aurait infligé des dégâts sérieux à la capacité du pays à développer une arme nucléaire, selon deux responsables israéliens cités par Axios.

Le raid aurait spécifiquement visé le site Taleghan 2, considéré comme un lieu essentiel pour des recherches sur les explosifs nécessaires à la fabrication d’une bombe nucléaire.

Le site détruit aurait abrité du matériel sophistiqué utilisé pour tester des explosifs plastiques entourant l’uranium dans une arme nucléaire. Ce matériel, vestige du programme nucléaire militaire iranien abandonné en 2003, serait essentiel si l’Iran décidait de relancer un tel projet.

Washington, allié indéfectible

M. Netanyahou a évoqué les pressions internationales, notamment celles des États-Unis, pour expliquer en partie l’urgence de ses décisions.

Il a souligné que la coopération avec Washington, bien qu’essentielle, n’était pas toujours alignée sur les priorités israéliennes, d’autant plus que l’administration Biden semble privilégier des solutions diplomatiques avec l’Iran.

Selon le média israélien Haaretz, M. Netanyahou a laissé entendre qu’il espérait un changement de cap si Donald Trump revenait au pouvoir, ce qui pourrait offrir à Israël plus de latitude pour agir.

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