À peine le cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël est-il entré en vigueur, à 4h, mercredi, que des milliers de Libanais déplacés ont pris la route pour rentrer ou tenter de rentrer chez eux. L’attente avait été trop longue et l’impatience impossible à gérer en ce mercredi. Sur le chemin du retour, les sentiments d’angoisse, d’appréhension et d’espoir s’entremêlent. Qu’allaient-ils découvrir à l’arrivée?
La route du retour, ce jour-là, paraissait interminable. Certains retrouvent leurs maisons en bon état, d’autres n’ont pas cette chance et doivent rebrousser chemin, le cœur gros.
Dans le sud du Liban, les destructions sont massives. Le silence pesant des ruines règne dans plusieurs villages autrefois vibrants de vie. De nombreuses maisons sont réduites en cendres, les routes sont en piteux état et les champs laissés à l’abandon.
Sur place, les sentiments de nostalgie, d’anxiété et de colère s’entremêlent. Les cicatrices laissées par la guerre sont visibles, tant dans l’infrastructure que dans les cœurs des rescapés, comme Zeinab, dont la demeure a été rasée il y a un an par les bombes israéliennes. Zeinab avait perdu l’espoir de retrouver un foyer, comme tant d’autres villageois du Liban-Sud. Le retour, tant attendu, est aujourd’hui entaché de défis immenses et d’émotions poignantes.
“Revenir ici après un an est un choc. J’ai retrouvé ma maison, mais elle est désormais en ruine. Chaque pièce porte une histoire et voir tout cela détruit me brise le cœur. Comment reconstruire une vie sur ce chaos?” soupire Yasmina, les larmes aux yeux.
“J’ai pu rentrer dans mon village, à Khiam, après un an et deux mois de conflit intense, en cachette, en empruntant la moto d’un ami. À mon arrivée, j’ai ressenti une vague de nostalgie. Chaque coin de rue me rappelle mon enfance, mais tout est dévasté. Mon magasin est en ruine. Je n’ai trouvé que les décombres de ma maison. C’était notre refuge, et maintenant, il n’en reste rien. Je suis revenu dans un endroit qui n’existe plus. J’ai pleuré. C’était déchirant. C’est un combat que de reconstruire et je suis prêt à le mener”, se désole Sleiman.
Le retour des déplacés dans les villages frontaliers dévastés, notamment à Kfarkila, Khiam, Taybeh, Odaisseh et Mays el-Jabal, soulève de nombreux défis. La présence continue de l’armée israélienne dans la région le complique. “Il est difficile d’expliquer ce que je ressens. Les bruits de la guerre résonnent encore dans ma tête. En voyant ces décombres, je ressens une immense colère et de la tristesse. Il n’y a plus que des souvenirs égarés et des pleurs”, avance Aïda, les lèvres tremblant de froid.
Les défis du retour
L’armée libanaise a pris des mesures strictes pour interdire le retour des habitants de Khiam et d’autres villages frontaliers comme Kfarkila, Odaisseh et Mays el-Jabal en raison des préoccupations liées à la sécurité compte tenu de la présence de l’armée israélienne dans le secteur.
Les infrastructures de base y sont en grande partie détruites. L’accès à l’eau potable, aux soins de santé et à l’électricité restera limité pendant quelque temps. De plus, la peur d’une nouvelle escalade de violence hante les esprits.
Malgré ces difficultés, les habitants montrent une détermination sans faille, même si l’angoisse de la reconstruction pèse lourd sur les esprits. “Il va falloir du temps pour panser les blessures et les cicatrices de la guerre, mais je crois en l’aide de la communauté des habitants. Ensemble, nous réussirons à rebâtir”, souligne Siham, habitante de Marjeyoun, les yeux brillant d’espoir.
La reconstruction prendra du temps, et les familles doivent compter sur des abris temporaires ou sur la solidarité de la communauté locale. Les besoins sont nombreux. Les aides humanitaires, bien qu’existantes, ne suffiront pas pour les satisfaire en raison des défis logistiques. “La guerre a tout pris, mais je garde l’espoir que nous pourrons reconstruire une nouvelle vie ici”, continue-t-elle.
L’armée gère le retour des déplacés dans le secteur de Marjeyoun-Hasbaya
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