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Carte blanche de Théo Mercier "Post-équilibre 2024" au MUCEM dans la collection permanente à partir du 5 juin 2024. ©Compte Instagram officiel: theomercier_official

Plasticien et metteur en scène, Théo Mercier explore les liens entre matière et performance. Avec Skinless, présenté à La Villette, il crée un univers singulier où déchets, amour et écologie se mêlent, réinterprétant notre rapport au monde et à l’art.

Théo Mercier présente actuellement sa pièce Skinless à la Grande Halle de La Villette, à Paris, dans le cadre du Festival d’Automne. Après cette série, l’œuvre sera jouée en 2025 au Havre et à Lyon.

Changer notre façon de regarder une œuvre et le monde: c’est l’invitation de Théo Mercier, plasticien et metteur en scène. Son travail nous entraîne dans des univers atypiques où matière et performance fusionnent harmonieusement.

L’entrée en matière surprend: dans l’obscurité, les spectateurs se tiennent debout autour d’un ring improvisé fait de cartons et papiers destinés au recyclage, entouré de murs de canettes compressées et d’emballages alimentaires. Une odeur persistante ajoute un malaise palpable, accentuant l’immersion dans cet environnement déroutant.

Deux performeurs, enveloppés dans une seconde peau de latex, évoluent sous l’œil d’un troisième personnage, mi-fou du roi mi-farfadet, posté en hauteur. Les corps racontent une histoire d’amour complexe, mêlant fusion, attraction, répulsion et métamorphose.

"Ce sont à la fois deux animaux, des frères, des collègues, des amants ou encore le même corps", explique Théo Mercier. Pour lui, tout commence avec "l'imaginaire de la matière", l’histoire se construisant ensuite. Cette approche sculpturale nourrit son processus créatif, à mi-chemin entre arts plastiques et spectacle vivant.

Son travail hybride s’ancre dans les "interstices" entre ces disciplines et leurs publics. Il se concentre également sur un impact écologique minimal, privilégiant des techniques d’emprunt. Avec Skinless, il utilise 120 tonnes d’ordures locales, compressées et restituées après chaque représentation.

Dans Outremonde, œuvre précédemment présentée au Festival d’Avignon et ailleurs, le sable utilisé retournait intact à ses carrières d’origine, soulignant une démarche respectueuse de l’environnement.

Pour Mercier, l’objectif est de proposer de nouvelles façons de percevoir le monde et d’éveiller des perspectives positives. Avec Skinless, il crée "un compost d’amour", sans chercher à culpabiliser, mais à soigner ce "monde blessé".

Inspiré par des figures comme Matthew Barney et Romeo Castellucci, Mercier explore aussi d’autres territoires. Actuellement exposé au Mucem, il prépare une œuvre en Australie: une coulée de boue sculptée en sable sur 18 mètres, une "sculpture de catastrophe".

Théo Mercier continue de surprendre, réinventant sans cesse les interactions entre matière, art et performance.

Avec AFP

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