Les hôpitaux dans l’attente du règlement des factures des blessés de guerre
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L’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hezbollah, qui est entré en vigueur à l’aube du mercredi 27 novembre dernier, a connu de nombreuses violations dès ses premières heures, mettant à l’épreuve sa pérennité.

Le Liban s’engage actuellement dans la phase d’évaluation des pertes et des coûts engendrés par cette guerre. Selon un rapport de l’Institut des finances Bassel Fleihan, l’ampleur des dégâts est sans précédent.

Concernant les infrastructures, les pertes sont estimées à au moins 8,5 milliards de dollars, selon la Banque mondiale, et pourraient atteindre la moitié du PIB, soit environ 20 milliards de dollars. Le secteur du logement a été particulièrement touché, avec plus de 100.000 habitations détruites ou endommagées, pour un coût estimé à 3,4 milliards de dollars. Les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’environnement ont également subi des pertes de l’ordre de 5,1 milliards de dollars, ébranlant par conséquent la capacité de l’État à fournir les services de base.

De plus, la destruction des routes commerciales a aggravé la situation économique, entraînant la fermeture de nombreuses PME et la perte de 166.000 emplois.

Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) prévoit un taux de chômage atteignant 32,6% d’ici la fin de l’année, tandis que l’économie devrait se contracter de 6,6%. Cette récession exacerbera davantage les difficultés de 80% de la population qui vit déjà dans la pauvreté.

D’un autre côté, les chiffres officiels du ministère de la Santé illustrent l’ampleur de la catastrophe causée par la guerre entre le Hezbollah et Israël: 4.047 morts et 16.593 blessés ont été recensés; sans compter les dommages subis par ce secteur, qui a été directement ciblé.

Avant le 15 septembre 2024, l’on recensait 645 morts et 1.983 blessés, tandis qu'après cette date, le bilan est monté à 3.402 morts et 14.655 blessés. Ces chiffres ne sont certes pas définitifs vu que de nombreux corps restent encore sous les décombres.

Dans les détails concernant les victimes, avant le 15 septembre, 26 enfants ont été tués; après cette date, le nombre a grimpé à 290, portant le total à 316 enfants morts. Quant aux blessés, on comptait 197 enfants avant le 15 septembre et 1.259 après, totalisant ainsi les enfants blessés à 1.456.

Pour ce qui est des femmes, 40 ont perdu la vie avant le 15 septembre, contre 750 après, portant le total à 790 femmes décédées. En revanche, le total de femmes blessées s’élève à 3.357.

Le secteur de la santé a été particulièrement éprouvé pendant cette guerre, tant sur le plan des coûts liés à la gestion de la crise que des dégâts infligés aux infrastructures hospitalières.

Selon les chiffres officiels du ministère de la Santé, 67 hôpitaux ont été endommagés, dont environ 40 centres de santé ciblés et 7 hôpitaux complètement hors service (Bint Jbeil, Salah Ghandour, Marjeyoun, Mays el-Jabal, Mourtada, Bahman et El-Borj). Ces attaques ont également causé la mort de 16 personnes, blessé 73 autres et détruit 25 équipements médicaux.

En outre, 256 véhicules ont été touchés, dont 60 camions de pompiers, 177 ambulances et 16 véhicules de secours.

En résumé, les attaques contre le secteur de la santé ont fait 222 morts et 330 blessés.

Dès l’annonce du cessez-le-feu, les hôpitaux touchés ont entamé des travaux de réparation. Selon Sleiman Haroun, président du syndicat des hôpitaux privés, certaines réparations devraient être achevées en quelques jours, tandis que d’autres nécessiteront une ou deux semaines.

Cependant, la trêve ne peut compenser les coûts astronomiques supportés par les hôpitaux durant la guerre.

Actuellement, ces derniers pressent le ministère de la Santé pour qu’il procède au règlement des factures des soins apportés aux blessés de guerre. Ces frais, particulièrement élevés à cause de la gravité et de l'ampleur des blessures, ont conduit les hôpitaux à lancer un appel urgent au ministre de la Santé pour accélérer le paiement des sommes dues.

Selon certaines informations, les factures n’ont pas encore été entièrement recensées. Le ministre de la Santé, Firas Abiad, a demandé aux directions concernées de collecter ces données rapidement en coordination avec le syndicat des hôpitaux privés.

D'après les premières estimations, le montant total des factures pourrait atteindre plusieurs millions de dollars. De plus, le ministère de la Santé a déjà pris en charge les frais de soins des blessés résultant des explosions des bipeurs, des traitements qui ont impliqué de nombreuses interventions chirurgicales complexes et coûté plus de 4 millions de dollars. Toutefois, les hôpitaux n'ont pas encore reçu le paiement des autres frais relatifs aux blessés et aux victimes de la guerre.

 

 

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