Les quelques jours qui ont fait basculer la Syrie
Les rebelles syriens célèbrent dans la troisème ville de Syrie ©Abdulaziz KETAZ/AFP

En à peine plus de dix jours, et à la surprise générale, les rebelles emmenés par Hay’at Tahrir al-Sham (HTS) se sont emparés des principales villes de Syrie et ont fait chuter le président Bachar al-Assad.

27 novembre : l'offensive démarre

HTS, mouvement dominé par l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, et des rebelles soutenus par la Turquie attaquent des territoires contrôlés par le régime d'al-Assad dans la province d'Alep (nord) depuis Idleb, dernier grand bastion rebelle et jihadiste de Syrie. Le régime réplique par des frappes aériennes.

Les combats font au moins 141 morts en une seule journée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

28 novembre : une route vitale coupée

Les jihadistes et leurs alliés coupent l'autoroute vitale reliant Damas à Alep, près de la bourgade d'Al Zarba, et prennent trois villages tenus par le régime dans les provinces d'Alep et d'Idleb.

Le bilan des combats dépasse les 200 morts. Un général des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran qui soutient le pouvoir syrien, est tué à Alep.

29 novembre : les rebelles aux portes d'Alep

La coalition rebelle bombarde Alep et arrive aux portes de la ville, la deuxième plus grande et poumon économique de la Syrie, après s'être emparée de plus de 50 autres localités dans le nord.

L'armée syrienne et son alliée russe ripostent par des raids aériens intensifs sur Idleb et sa région. Damas affirme "repousser la grande offensive lancée par les groupes terroristes".

Moscou appelle la Syrie à "mettre de l'ordre" à Alep "au plus vite".

30 novembre : la majeure partie d'Alep aux mains des rebelles

Les rebelles prennent le contrôle de la majeure partie d'Alep, notamment de l'aéroport, des bâtiments gouvernementaux et des prisons.

L'aviation russe bombarde Alep pour la première fois depuis la reprise totale de la ville par les forces du régime en 2016.

La coalition s'empare aussi de la ville stratégique de Saraqeb.

1er décembre : chute d'Alep

Les rebelles prennent le contrôle d'Alep, qui échappe entièrement aux mains du régime pour la première fois depuis le début de la guerre civile en 2011. Selon l'OSDH, les insurgés ont avancé "sans rencontrer de résistance significative".

"Le terrorisme ne comprend que le langage de la force, et c'est avec ce langage que nous le briserons et l'éliminerons", menace Bachar al-Assad.

Des frappes aériennes russes font au moins huit morts à Idleb.

2 décembre : l'Iran et la Russie au secours d'al-Assad

Des groupes rebelles proturcs prennent la ville de Tal Rifaat (nord), qui était aux mains des forces kurdes.

L'offensive rebelle vise à "tenter de morceler la région, d'effriter ses États et de redessiner la carte régionale conformément aux intérêts et objectifs de l'Amérique et de l'Occident", dénonce Bachar al-Assad.

La Russie et l'Iran assurent leur soutien "inconditionnel" à la Syrie d'al-Assad.

Des avions syriens et russes bombardent des secteurs rebelles du nord-ouest de la Syrie, tuant au moins 11 personnes.

5 décembre : chute de Hama

Les rebelles prennent le contrôle de la quatrième ville du pays, Hama, où une statue de l'ancien président Hafez al-Assad est renversée par la population. À Homs, toute proche, des habitants paniqués fuient en masse.

Le bilan d'une semaine de combats dépasse les 700 morts, selon l'OSDH.

7 décembre : chute de Homs

Les rebelles prennent Homs, troisième ville du pays.

"Damas vous attend", lance à ses troupes le chef de HTS, Ahmed al-Chareh, alias Abou Mohammed al-Jolan.

Les rebelles disent avoir libéré plus de 3 500 détenus de la prison de Homs.

Ils prennent le contrôle de toute la province de Deraa (sud), berceau du soulèvement de 2011, et se trouvent à 20 km de Damas. Un cordon de sécurité "très solide" entoure la capitale, assure le ministre de l'Intérieur Mohammed al-Rahmoun, alors que la panique s'empare d'habitants.

Les forces gouvernementales se retirent de la province de Qouneitra, sur le plateau du Golan, et, face aux forces kurdes, des secteurs de la province de Deir Ezzor (est) qu'elles contrôlaient.

La Russie juge "inadmissible" de voir des "terroristes" contrôler la Syrie. L'Iran affirme qu'il continuera à soutenir "de toutes ses forces" le pays.

Le Hezbollah, allié du régime d'al-Assad, dit avoir envoyé 2 000 combattants en renfort dans la ville syrienne de Qousseir, qu'il contrôle près de la frontière libanaise.

Un commandant jihadiste, Hassan Abdel Ghani, tente d'apaiser les craintes des minorités. "L'ère du sectarisme et de la tyrannie est révolue à jamais", dit-il.

Selon l'ONU, au moins 370 000 personnes ont été déplacées par les combats depuis le 27 novembre.

7/8 décembre : les rebelles dans Damas, Assad s'enfuit

Dans la nuit du 7 au 8 décembre, le HTS annonce être entré dans Damas et avoir pris la prison de Sednaya, symbole des pires exactions du régime.

Le HTS et l'OSDH annoncent que Bachar al-Assad a quitté la Syrie en avion, après 24 ans au pouvoir. Peu après son départ, l'aéroport de Damas est abandonné par les forces gouvernementales.

"Le tyran Bachar al-Assad a pris la fuite" et "nous proclamons la ville de Damas libre", annoncent des groupes rebelles.

Le Premier ministre Mohamed al-Jalali se dit prêt à coopérer avec "tout leadership que choisira le peuple syrien".

Avec AFP

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