2011: Le vent du printemps arabe atteint la Syrie. Des manifestations pacifiques éclatent à Deraa; le peuple réclame réformes et justice. Très vite, le régime de Bachar el-Assad réagit avec brutalité. La répression est sanglante. La colère devient alors le moteur principal des manifestants. Comme une traînée de poudre, les manifestations s’étendent à travers le pays. C’est le début d’un soulèvement populaire et, bientôt, de la guerre civile.

2012: Les rebelles s’emparent de larges territoires au nord et à l’est du pays, tandis que les forces pro-Assad s’accrochent aux grandes villes de l’ouest et du sud. L’Armée syrienne libre émerge alors comme la principale force d’opposition armée. La violence atteint de nouveaux sommets. Quant au territoire syrien, son morcellement s’accentue.

2013: Appuyées par des combattants du Hezbollah, les forces qui soutiennent le régime en place passent à l’offensive, coûte que coûte. Assad commande l’utilisation d’armes chimiques dans la Ghouta, tuant des centaines de civils. L’indignation de la communauté internationale n’a d’égal que son impuissance. En dépit de quelques velléités, aucune intervention militaire n’est décidée. Le régime Assad, conforté par son impunité, s’en retrouve renforcé.

2014: L’État islamique envahit le nord-est de la Syrie et proclame son califat à Raqqa. L’organisation djihadiste diffuse des images de sa propre brutalité qui choquent, sinon intimident, le monde. En réponse, une coalition internationale menée par les États-Unis cherche à déloger le groupe terroriste. Mais la réalité du terrain s’impose: les forces de la coalition, en premier lieu les Kurdes, peinent à contenir l’expansion du groupe.

2015: La Russie s’implique dans le conflit. Vladimir Poutine apporte un soutien aérien décisif à Assad. Entre-temps, les forces kurdes, alliées à la coalition sous houlette américaine, parviennent à repousser le groupe État islamique jusqu’à la ville de Kobané, dans le nord du territoire syrien. Cette manœuvre est charnière, elle augure l’affaiblissement progressif de l’État islamique en Syrie.

2016: Après des tentatives infructueuses pour mettre en place un cessez-le-feu, le gouvernement syrien, aidé par la Russie, reprend Alep, symbole de la résistance rebelle. La dévastation de la seconde ville du pays ne fait qu’accentuer le caractère tragique et insoluble de cette guerre.

2017: Sous le patronage de la Russie, de l’Iran et de la Turquie, des pourparlers de paix ont lieu dans la capitale du Kazakhstan, Astana. Les accords éponymes y sont agréés. Parallèlement, les coups de la coalition et des forces locales contre l’État islamique sont efficaces. Le groupe djihadiste perd ses bastions un à un, notamment Raqqa. Néanmoins, la paix demeure un mirage et les tensions entre factions persistent.

2018: Les forces pro-Assad reprennent la Ghouta orientale et la ville de Deraa, foyer originel du soulèvement populaire. Le régime raffermit ainsi son contrôle sur la majeure partie du pays. Dans le nord, la Turquie s’empare d’Afrine, ajoutant à la complexité d’un conflit déjà illisible.

2019: La chute du “califat” proclamé par l’État islamique cinq ans plus tôt rebat les cartes. La guerre civile, loin de cesser, se perpétue selon des modalités changeantes. Au nord-est, le Kurdistan occidental est envahi par l’armée turque, secondée par les rebelles de l’Armée syrienne libre. À Idlib, les factions loyales au régime Assad poursuivent leurs offensives. Dans leurs sillons, des milliers de civils déplacés malgré eux se retrouvent sans refuge.

2020: Les combats à Idlib se multiplient. La ville devient le théâtre d’une guerre d’usure. Les populations civiles, prises au piège, subissent des bombardements incessants, et les espoirs de trêve s’amenuisent.

2021-2024: Après des années de guerre permanente, l’épuisement de toutes les parties est palpable; un calme relatif s’installe. Les défis liés à la reconstruction du pays ne sont pas relevés, les sanctions internationales étranglent l’économie. Cinq millions de Syriens, au bas mot, sont désormais des réfugiés.

Fin novembre 2024: En seulement dix jours, les rebelles menés par Hay’at Tahrir al-Sham et soutenus par la Turquie se sont emparés de grandes villes syriennes, dont Alep, Hama, Homs et finalement la capitale, Damas. Le régime Assad, malgré le soutien de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah, s'effondre sans offrir de réelle résistance. Bachar el-Assad est contraint de fuir le 8 décembre 2024, après plus de vingt ans au pouvoir. Les combats ont causé des milliers de morts et déplacé des centaines de milliers de civils. Après 13 ans de guerre, la dynastie semi-séculaire des Assad n’est plus.

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