Des plaintes judiciaires auraient été déposées contre le Hezbollah par ses propres partisans
Les destructions massives de bâtiments résidentiels provoquent la colère des habitants ©Al-Markazia

Au lendemain de l’annonce du cessez-le-feu décrété le 27 novembre dernier et au vu de l’ampleur des dégâts matériels et des pertes humaines causés par une guerre dans laquelle le Liban a été entraîné contre sa propre volonté, plusieurs chiites du Liban-Sud, partisans du Hezbollah, ont procédé au dépôt de plaintes contre la formation. C’est ce que du moins a rapporté le quotidien Nidaa al-Watan, lundi, citant des sources bien informées.

Sur les motifs des plaintes soumises devant le juge unique de la région du sud, le média en question indique que le Hezb est accusé d’avoir stocké des missiles, des armes et des munitions sous des bâtiments résidentiels et d’avoir creusé, à l’insu des citoyens, des tunnels qui s’étendent sous leurs habitations.

Comme le système judiciaire demeure, en grande partie, sous l’emprise du Hezbollah, la plupart des plaintes ont été rejetées, sous prétexte qu’un tel dossier ne relève pas de la compétence du juge unique. Toujours selon Nidaa al-Watan, les requérants entendent désormais soumettre l’affaire au parquet.

Il convient, dans ce contexte, de souligner que la guerre dévastatrice de 2024, qui a ravagé le Liban et certaines régions frontalières, a marqué un tournant dans l’histoire du Hezbollah. Longtemps perçu comme un acteur clé de la “résistance” contre Israël au sein de sa propre communauté, le mouvement chiite voit aujourd’hui sa popularité s’effriter, y compris parmi ses propres partisans. Cette désaffection est le fruit de la réunion complexe de plusieurs facteurs, allant des pertes humaines massives aux dégâts matériels colossaux engendrés au fil des derniers mois, en passant par un sentiment croissant d’épuisement au sein de la communauté chiite.

On rappelle à cet égard que les frappes israéliennes, d’une intensité sans précédent, ont touché des infrastructures stratégiques et civiles dans tout le pays,notamment dans les bastions traditionnels du Hezbollah au Liban-Sud et dans la banlieue sud de Beyrouth. Des milliers de familles ont ainsi perdu leurs biens, leurs moyens de subsistance et leurs proches.

Pour les partisans du Hezbollah, qui avaient déjà supporté le poids des guerres précédentes, notamment celle de 2006, cette nouvelle confrontation a été vécue comme un fardeau insoutenable. Les slogans habituels glorifiant la résistance ne suffisent plus à apaiser un public épuisé, qui réclame désormais des réponses sur la pertinence de cette guerre et sur ses résultats.

Plus encore, les efforts du Hezbollah pour reconstruire et offrir une aide financière aux victimes du conflit sont aujourd’hui limités, en raison d’un affaiblissement de ses réseaux de financement, affectés par des sanctions internationales accrues et une diminution de l’aide iranienne.

 

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