La livre syrienne a repris de la valeur face au dollar, plus d'une semaine après la chute du président syrien, Bachar al-Assad, ont témoigné lundi des changeurs et commerçants, constatant le retour des devises étrangères sur les marchés locaux.
La veille de la chute de Damas aux mains d'une coalition de groupes rebelles dominés par les islamistes de Hayat Tahrir al-Sham, le 7 décembre, le taux de change sur le marché noir avait explosé, atteignant 30.000 livres pour un dollar, soit le double de ce qu'il avait été au cours des derniers mois.
Lundi, la monnaie syrienne s'échangeait à 10.000 ou 12.000 livres, ont indiqué à l'AFP un changeur, un bijoutier et un réceptionniste dans un hôtel.
Un chauffeur de taxi libanais a même échangé de l'argent au taux de 9.000 livres syriennes pour un dollar avant de franchir la frontière.
Le taux sur le marché noir a ainsi égalé pour la première fois depuis des années le taux officiel, en l'absence de bureaux de change.
"Dans tous les pays du monde, la monnaie locale s'effondre avec la chute d'un régime. Ici en Syrie il semble que ce soit l'inverse", a indiqué Raghid Mansour, propriétaire d'une bijouterie dans un souk de Damas.
"Ce n'est pas encore un prix fixe, mais la livre reprend de la valeur progressivement", a ajouté le commerçant de 74 ans.
Pour Qoussai Ibrahim, un professeur à la faculté d'économie de l'Université de Damas, l'amélioration du taux de la livre est aussi bien liée à des facteurs "politiques qu'économiques".
"On a d'un côté un afflux de dollars" depuis les zones qui étaient tenues par les rebelles", "et aussi grâce à tous les journalistes étrangers et employés d'organisations internationales" qui se rendent en Syrie, détaille-t-il.
Devant le glacier de renom, Bekdach, de Damas, où des dizaines de personnes faisaient la queue, les prix ont été affichés en livres syrienne et turque et en dollars.
L'ancien gouvernement interdisait formellement toutes les transactions qui étaient faites en devises étrangères, avec des peines pouvant aller jusqu'à sept années de prison.
À tel point que les Syriens évitaient d'employer le mot "dollar" en public et de l'utiliser dans les messages téléphoniques, de peur d'être arrêtés.
La livre syrienne a perdu environ 90% de sa valeur depuis le début du conflit en 2011.
Avec AFP
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