Le Liban garde la banane malgré le TR4!
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Face à une maladie redoutable qui décime les bananeraies du monde entier, les producteurs libanais résistent avec le sourire. Grâce à la chaleur du Sud, à des serres ingénieuses et un savoir-faire local, la banane du Liban continue de pousser… et de rapporter gros.

Sous le soleil du sud du Liban, les bananiers dressent fièrement leurs grandes feuilles vertes, défiant les aléas du climat, des crises et des guerres. Dans cette région bénie pour sa chaleur et son humidité, la banane est devenue une affaire sérieuse, voire une spécialité nationale.

«Nous produisons entre 80.000 et 100.000 tonnes par an, et la demande ne faiblit pas, elle augmente», explique un producteur du Sud. La saison s’étend de septembre à mai, période durant laquelle les étals du pays regorgent de fruits dorés. Les trois mois d’été, plus secs, obligent toutefois le Liban à importer ses bananes, un comble pour un pays qui en exporte près de 30% vers la Syrie, l’Irak et d’autres marchés arabes.

Le TR4, la maladie qui fait trembler les bananiers

Mais derrière cette apparente prospérité se cache une menace invisible: le TR4 (Tropical Race 4), un champignon qui attaque les racines du bananier et provoque le flétrissement des plantations. Cette maladie, apparue en Asie du Sud-Est dans les années 1990, s’est progressivement propagée sur plusieurs continents, de l’Afrique à l’Amérique latine, au point d’alerter la FAO qui parle d’une «crise mondiale silencieuse».

Au Liban, le producteur se veut rassurant: «Oui, le TR4 existe au Liban, mais nous le contrôlons et faisons tout pour le prévenir». Grâce à l’usage raisonné d’insecticides et à des mesures de prévention rigoureuses, seuls 20 à 30% des bananiers seraient touchés. «Heureusement, la majorité des plantations sont protégées sous chapelles», ajoute-t-il, en référence à ces serres qui isolent les plants du champignon et freinent sa propagation.

Entre résilience et innovation

Les agriculteurs libanais ne baissent pas les bras. Avec l’appui d’organisations internationales, ils testent de nouvelles variétés plus résistantes et multiplient les traitements du sol. Le combat contre le TR4 est collectif, parce qu’il y va de la survie d’un secteur hautement rentable, la banane figurant parmi les cultures les plus lucratives du pays, aux côtés de l’avocat.

«Quand les frontières avec la Syrie et l’Irak se fermaient, les prix chutaient», se souvient le producteur. «Mais aujourd’hui, les exportations reprennent, et le marché retrouve son équilibre», se réjouit-il.

Dans un pays où les crises poussent plus vite que les récoltes, la banane demeure une «success story» agricole. Elle incarne la résilience d’un Liban rural qui, malgré les maladies, les conflits, les frontières fermées et les coûts d’importation, continue de cultiver son «or jaune avec passion.

En somme, la banane libanaise n’a pas fini de faire parler d’elle. Et si le TR4 tente de la faire plier, elle prouve, chaque saison, que chez nous, même les fruits savent résister.

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