Le responsable de l'aide humanitaire de l'ONU, Tom Fletcher, a appelé mercredi à une augmentation "massive" de l'aide à la Syrie et a demandé à la communauté internationale de saisir "ce moment d'espoir", après l'éviction de Bachar al-Assad.
"A travers le pays, les besoins sont immenses. Sept personnes sur dix ont actuellement besoin d'aide", a déclaré M. Fletcher dans un entretien au téléphone avec l'AFP depuis la Syrie.
"Je veux augmenter massivement l'aide internationale, mais cela dépend maintenant des donateurs. Le fonds pour la Syrie a été historiquement, honteusement sous-financé, et maintenant il y a cette opportunité", a-t-il dit.
"Le peuple syrien tente de rentrer chez lui lorsque les conditions le permettent, afin de reconstruire son pays, ses communautés et sa vie." "Nous devons le soutenir et saisir ce moment d'espoir. Et si nous ne le faisons pas rapidement, je crains que cette fenêtre ne se referme", a-t-il ajouté.
La moitié de la population syrienne a été déplacée dans le pays pendant près de 14 ans de guerre civile, et six millions de personnes ont trouvé refuge à l'étranger.
Des responsables de l'ONU affirment n'avoir reçu des donateurs que moins d'un tiers des quatre milliards de dollars (3,8 milliards d'euros) réclamés pour la Syrie.
Au cours de sa visite en Syrie, M. Fletcher a rencontré en début de semaine le chef de la coalition dominée par des islamistes qui a pris le pouvoir, Abou Mohammad al-Jolani, de son vrai nom Ahmad al-Chareh, ainsi que le Premier ministre chargé de la transition jusqu'au 1er mars, Mohammad al-Bachir.
"Test énorme"
Le responsable de l'ONU a affirmé avoir reçu "les assurances les plus solides possibles" de la part de la nouvelle administration syrienne pour que les travailleurs humanitaires puissent bénéficier d'un "accès libre" sur le terrain.
Selon lui, les jours à venir montreront si ces promesses sont tenues.
"Nous avons besoin d'un accès libre et sans entrave aux populations que nous sommes venus aider. Il faut que les points de passage soient ouverts pour que nous puissions acheminer des quantités massives d'aide", a-t-il déclaré.
Le pouvoir déchu de Bachar al-Assad imposait des restrictions aux organisations humanitaires et à la distribution de l'aide dans les régions du pays qui échappaient à son contrôle, durant le conflit déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, qui a fait un demi-million de morts.
M. Fletcher, chef du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), a estimé que la période à venir serait "un test pour les Nations unies, qui n'ont pas été en mesure de fournir ce qu'elles souhaitaient au cours de la dernière décennie"
"Pouvons-nous passer à l'échelle supérieure? Pouvons-nous gagner la confiance de la population? C'est aussi un test pour la nouvelle administration", a-t-il ajouté.
"C'est un test énorme pour nous tous."
Avec AFP
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