Pour permettre la reconstruction et le développement de la Syrie, il faut "réévaluer" les sanctions internationales et donner plus de pouvoirs aux femmes, a affirmé vendredi la directrice générale de l'agence de l'ONU pour les migrations (OIM).
"Nous aurons besoin d'exemptions de sanctions pour soutenir les efforts de développement et de reconstruction", a déclaré l'Américaine Amy Pope, lors d'une conférence de presse à Genève, après son retour de Syrie.
Elle a souligné que la population en Syrie dépendait "beaucoup de l'argent liquide: il y a un marché où les biens sont échangés, les salaires que les gens reçoivent pour leur travail sont extrêmement bas et souvent insuffisants pour répondre à leurs besoins les plus élémentaires".
"On peut donc constater que les sanctions ont eu un impact considérable sur l'ensemble du pays, en particulier sur les populations vulnérables", a-t-elle estimé.
Pour rétablir la situation, il faudra "réévaluer ces sanctions", qui visent aussi certains membres du gouvernement intérimaire, et "il sera essentiel de veiller à ce que la communauté internationale soit en mesure de collaborer efficacement avec eux", a déclaré Mme Pope.
"Nous parlons de toutes les sanctions, celles des Nations unies, celles des États-Unis, et d'autres encore", a-t-elle précisé.
"Élément essentiel"
Mme Pope a également affirmé que les femmes étaient "absolument indispensables" pour la reconstruction de la Syrie, appelant les nouvelles autorités à leur donner "leur place dans la nouvelle société".
"Avec nos autres partenaires des Nations unies, nous demandons instamment au gouvernement intérimaire de continuer à renforcer le pouvoir d'action des femmes, car elles joueront un rôle absolument indispensable dans la reconstruction du pays", a-t-elle déclaré, en disant craindre l'influence négative de certaines factions islamistes.
La Syrie se trouve dans une situation dans laquelle "nous avons besoin que tout le monde œuvre en faveur de la stabilité, que tout le monde fasse partie de la solution, et les femmes seront un élément essentiel de cette solution: il est donc important qu'elles aient les moyens de le faire", a-t-elle insisté.
Son appel intervient au lendemain d'une manifestation de centaines de personnes à Damas en faveur de la démocratie et des droits des femmes dans la nouvelle Syrie.
Damas est tombée le 8 décembre aux mains d'une coalition de groupes armés conduite par Hayat Tahrir al-Cham (HTC), une formation islamiste radicale. Le président Bachar el-Assad s'est enfui à Moscou.
Les nouvelles autorités ont affirmé qu'elles allaient respecter les libertés et promis de "garantir les droits de tous", mais beaucoup craignent leurs orientations islamistes.
HTC affirme avoir rompu avec le jihadisme mais le groupe reste classé mouvement "terroriste" par plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis.
Un responsable politique des nouvelles autorités, Obaida Arnaout, a ainsi suscité un tollé il y a quelques jours en affirmant qu'il était "prématuré" que les "femmes soient représentées à des postes ministériels ou parlementaires".
Avec AFP
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