Parastoo Ahmadi libérée sous caution après son arrestation
Une capture d'écran de la vidéo de la chanteuse iranienne Parastoo Ahmadi pendant le concert qu'elle a donné le 11 décembre, sans public, sur YouTube. ©Page YouTube officielle de Parastoo Ahmadi

Parastoo Ahmadi, la chanteuse iranienne emprisonnée pour avoir donné un concert en ligne sans voile, a été libérée sous caution le 23 décembre par un tribunal de Téhéran. Après deux semaines de détention, elle a réglé une caution d’environ 38 500 dollars, tout comme les membres de son groupe.

La chanteuse iranienne, Parastoo Ahmadi, a été libérée sous caution, le 23 décembre, par un tribunal de Téhéran, deux semaines après son arrestation pour avoir donné un concert en ligne sans porter le voile, obligatoire pour les femmes en Iran. Selon des médias locaux, la jeune artiste s’est rendue au tribunal du 38e district de Téhéran accompagnée de ses avocats. Les accusations portées contre elle ont été détaillées, et elle a été libérée après avoir payé une caution d’environ 38 500 dollars.

Les membres de son groupe, des musiciens qui l’avaient accompagnée lors de cette performance, ont également été libérés sous une caution d’environ 25 500 dollars chacun. Le concert controversé, diffusé le 11 décembre sur YouTube, avait été enregistré dans le patio d’un caravansérail iranien. Parastoo Ahmadi y apparaissait vêtue d’une longue robe noire, sans voile et avec les épaules découvertes, aux côtés de quatre musiciens masculins. Le concert avait été filmé sans public, mais il a suffi pour que les autorités ouvrent une enquête.

Acte de résistance

L'agence de presse judiciaire Mizan a annoncé que des poursuites avaient été engagées contre la chanteuse et son équipe, en raison de la violation des lois strictes régissant le code vestimentaire des femmes en Iran. Depuis la révolution islamique de 1979, les femmes doivent porter le voile en public et sont interdites de chanter seules en public. Pourtant, Parastoo Ahmadi, qui s’est fait connaître en partageant ses chansons engagées sur Instagram, a su conquérir un large public. En 2022 et 2023, elle avait soutenu les manifestations de masse qui secouaient le pays en publiant des balades dédiées à la lutte pour la liberté et les droits des femmes.

“Je suis Parastoo, la fille qui ne peut garder le silence et refuse d'arrêter de chanter pour le pays qu'elle aime”, avait écrit Ahmadi dans la description de la vidéo. Elle avait même ajouté: “Écoutez ma voix dans ce concert imaginaire et rêvez d'une nation libre et belle”. Ses paroles, porteuses d'espoir et de défi, ont retenti comme une défiance contre un régime iranien oppressif. En revanche, plusieurs militants ont salué cet “acte de courage extraordinaire”, dont la dissidente en exil Masih Alinejad, qui a vu en ce “concert historique”, une véritable arme contre la tyrannie.

Législation “honteuse“

Le mouvement de contestation en Iran, lancé en 2022 après la mort de Mahsa Amini, continue de s’intensifier. Ce concert de Parastoo Ahmadi est perçu comme un nouveau défi à un régime qui persécute les femmes osant revendiquer leurs droits. Une nouvelle loi sur la promotion de la culture de la chasteté et du voile pourrait bientôt entrer en vigueur, durcissant les sanctions contre celles qui désobéissent au code vestimentaire, avec des peines pouvant aller jusqu’à la peine de mort.

Amnesty International a vivement dénoncé cette législation, la qualifiant de “honteuse“ et soulignant qu’elle intensifiait la persécution des femmes et des filles qui osent lutter pour leurs droits. Malgré la répression, Parastoo Ahmadi, comme de nombreuses autres Iraniennes, continue de braver l’interdit pour revendiquer sa liberté et son droit à l’expression.

Avec AFP

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